Jérémy Desplanches a mis fin à sa carrière de nageur samedi aux JO de Paris avec l'élimination du relais suisse en séries du 4x100 m 4 nages. Il se lance un nouveau défi: courir un marathon!
Et pas n'importe lequel: le célèbre marathon de New York, prévu le 3 novembre, et pour lequel il a déjà son numéro de dossard. «Je n'ai jamais couru plus de 200 mètres, et n'ai pas de chaussures de course», a expliqué le médaillé de bronze du 200 m 4 nages des JO 2021 dans La Défense Arena.
«Le coach de Tadesse (réd: Abraham, marathonien genevois) pense que je peux le faire en trois heures, et il m'a d'ailleurs déjà proposé une petite sortie de trois heures. Je vise plutôt les cinq heures pour terminer ce marathon» s'est amusé Desplanches, conscient de tenter un pari un peu fou. «J'ai deux mois pour apprendre à courir.»
Mais pourquoi un tel défi? «En début d'année, je me suis dit que ça allait être dur de ne pas me morfondre après les Jeux. On s'est alors lancé ce défi avec mon père. Il a 60 ans cette année et moi 30», un anniversaire qu'il fêtera mardi.
«Le marathon de New York est super cool (rires). Mais je suis un homme de défis. Ca va me faire vibrer. J'espère juste que je le terminerai en marchant plutôt que dans une chaise roulante», a-t-il poursuivi, hilare. «J'étais super chaud il y a deux mois, mais les triathlètes de l'équipe de Suisse m'ont fait peur», se marre-t-il.
«Je suis apaisé»
Son sourire tranchait d'ailleurs avec les larmes ayant accompagné son dernier 200 m 4 nages, jeudi en demi-finales. «Les émotions sont très différentes. Là, je suis heureux, apaisé. Le moment douloureux du dernier 200 est passé. C'était cool de disputer ce relais, j'avais besoin de ça pour finir sur une bonne note», a-t-il glissé.
«Je n'ai pas autant réfléchi qu'à l'occasion du 200 m 4 nages. En relais, je voulais juste m'arracher, profiter de l'ambiance et faire le meilleur relais possible. Avant d'enlever cette combinaison que je ne porterai plus jamais. Je suis d'humeur vachement plus joyeuse», a-t-il lâché.
«Ca reflète mieux ma carrière que les larmes de jeudi. Je suis très content. Jeudi, c'était l'adieu au 200. J'étais en larmes pendant une heure, j'étais incontrôlable. Je ne suis pourtant pas quelqu'un qui pleure facilement, sauf si je me coince un orteil dans la porte», a-t-il encore ajouté.
«Mais c'était des larmes de joie, pas de tristesse. Maintenant je suis juste apaisé», a encore déclaré le champion d'Europe 2018 et vice-champion du monde 2019 du 200 m 4 nages, qui va essayer de profiter de la vie dans les prochains mois. Et qui espère même s'ennuyer un peu, pour changer...
«Je suis juste un nageur»
«Mais j'ai un objectif très important ces prochains mois: retrouver qui je suis, car mine de rien je suis juste un nageur. J'ai fait ça toute ma vie. Je dois trouver la suite de ma vie, la suite de mes envies. Ca va être un très gros défi», a-t-il enchaîné.
Un défi qui lui fait peur? «Je suis à la fois super excité, mais aussi terrorisé. Je ne connais que la natation, même si j'ai plusieurs cordes à mon arc. On verra quelles portes s'ouvrent, quelles options se présentent», a-t-il répondu en toute honnêteté, fidèle à lui-même.
«J'aime trop de choses. Je suis un vrai épicurien, c'est mon problème. Mais une chose est sûre, j'y mettrai autant de ferveur que durant ma carrière de nageur. Je compte bien exceller dans ce que je ferai, et m'éclater à 100%», a-t-il encore affirmé.
Mais avant de trouver sa nouvelle vocation, il va s'accorder un break, au cours duquel il préparera ce marathon. «Avec Charlotte (Bonnet, son épouse, elle aussi future retraitée des bassins), on va partir six mois pour déconnecter, pour retrouver qui on est avant de se poser, de peut-être fonder une famille. Peu de gens démarrent une nouvelle vie à 30 ans, j'espère kiffer», a-t-il conclu.