Le 86e Masters d'Augusta est déjà historique: Tiger Woods y fera un come-back inespéré jeudi, treize mois après l'accident de voiture ayant failli lui coûter sa jambe droite. Un sixième sacre de l'Américain serait inouï, face à une concurrence relevée.
Jeudi à 10h34 locales (16h34 en Suisse), le «Tigre» sortira du bois et swinguera à nouveau sur la terre géorgienne de ses plus grands exploits, là où il remporta cinq de ses quinze Majeurs, le tout premier en 1997, le dernier en date en 2019.
Et compte tenu de ce qu'il a dû endurer, après sa terrible sortie de route survenue le 23 février 2021 près de Los Angeles, évitant de peu l'amputation pour les multiples fractures ouvertes à la jambe droite qui ont nécessité de lui insérer une tige métallique dans le tibia, et des vis pour consolider les os du pied et de la cheville, c'est déjà une immense victoire.
Mais Tiger Woods (46 ans), le corps meurtri par tant d'autres blessures (notamment au dos, opéré cinq fois) ces dernières années, ne se contente pas de se relever de tout. Il vient pour gagner à nouveau. «Je peux remporter le Masters cette semaine. Je peux très bien frapper la balle. Je n'ai aucun doute sur ce que je peux faire sur le plan du golf», a-t-il dit mardi, après avoir annoncé sa participation.
«Défi physique»
Sa propre histoire lui donne raison de croire en son étoile. Il a remporté l'US Open 2008 malgré une double fracture de fatigue à une jambe et un ligament du genou déchiré. Onze ans et cinq opérations du dos plus tard, dont une délicate fusion des vertèbres, il revenait au sommet, ajoutant un cinquième Masters à son palmarès
«Le défi de cette semaine ne se situe pas sur le plan du golf. Il est uniquement physique, avec le relief. Ce sera un grand marathon. 72 trous c'est un long chemin, un défi difficile, mais je suis prêt à le relever», à assuré l'Américain, qui a toujours franchi le cut à Augusta et connaît les moindres recoins du parcours, rallongé de 32 mètres cette année pour le porter à 6867 au total.
Un sixième sacre en Georgie, pour égaler le record de Jack Nicklaus, constituerait sans nul doute le plus improbable et donc le plus grand de ses nombreux accomplissements, après presque 17 mois sans compétition. «Son retour tient du prodige. C'est à mettre une nouvelle fois au crédit de son éthique de travail irréprochable. Je pense qu'il ne serait pas venu sans avoir en tête l'idée de gagner», lui a d'ailleurs rendu hommage Nicklaus.
Matsuyama défend son titre
Si sa jambe sera son premier adversaire, les rivaux ne manqueront pas. Il y aura le tenant du titre, le Japonais Hideki Matsuyama, mais qui n'est pas en grande forme. Au contraire de l'Américain Scottie Scheffler, qui va étrenner sa place de no 1 mondial, dans le sillage de sa victoire au Championnat du monde de match-play.
Il y aura aussi l'ancien titulaire du trône, l'Espagnol Jon Rahm (no 2), un des cinq joueurs susceptibles d'en déloger Scheffler, avec Collin Morikawa (3e), vainqueur du British Open l'an passé, le Norvégien Viktor Hovland (4e), Patrick Cantlay (5e) et l'Australien Cameron Smith (6e). Sans oublier Justin Thomas (7e), Dustin Johnson (8e), vainqueur en 2020, ou encore Rory McIlroy, toujours à la recherche du seul titre Majeur manquant à son palmarès.
Cela ne durera pas, mais tous n'ont d'yeux que pour l'actuel 973e mondial, Tiger Woods. «Il y a de l'électricité dans l'air par rapport aux précédentes éditions. Ca se sent. Je n'ai jamais vu autant de monde autour des greens lors de son entraînement dimanche», a confié Jon Rahm. «Je pense qu'il va se nourrir de cette ferveur, cette adrénaline va certainement l'aider», a abondé Thomas.
Le «Tigre» ne s'en cache pas: «c'est bon de ressentir cette énergie à nouveau». Et de prévenir: «Je ne me présente pas sur un tournoi si je ne pense pas pouvoir le gagner».
ATS