Un maillot jaune fragilisé : Tadej Pogacar est certes toujours en tête du Tour de France après la 10e étape gagnée mardi à Megève par Magnus Cort Nielsen. Il voit cependant la menace du coronavirus se préciser autour de lui, à la veille de la plus haute arrivée au sommet, au col du Granon.
Deux coureurs contraints à l'abandon à cause du Covid-19, une course neutralisée pendant près d'un quart d'heure à cause d'une manifestation, une longue échappée qui a failli ravir le maillot jaune à Pogacar: les événements se sont succédé en Haute-Savoie au lendemain de la journée de repos.
Pour la course, le Danois Magnus Cort Nielsen, au bout d'un effort total, a précédé de justesse l'Australien Nick Schultz, sur la rampe de l'altiport de Megève. Le Danois de l'équipe EF Education (29 ans) a gagné pour la deuxième fois de sa carrière dans le Tour au bout d'un effort total qui l'a laissé, comme d'autres coureurs, pantelant sur la piste.
Pour onze secondes
Le peloton s'est présenté près de neuf minutes plus tard, dans le sillage de Pogacar, qui a pris un malin plaisir à sprinter dans les derniers mètres. Le Slovène a sauvé pour onze secondes son maillot jaune guigné par l'Allemand Lennard Kämna, l'un des membres de l'échappée de 25 coureurs formée après une soixantaine de kilomètres d'une étape menée une nouvelle fois tambour battant.
Kämna, candidat à la victoire d'étape, a été surveillé par ses compagnons, qui l'ont laissé mener la poursuite derrière les attaquants (Bettiol et Sanchez notamment) dans la dernière montée, longue de plus de 19 kilomètres.
L'Allemand, qui avait été rattrapé in extremis dans les cent derniers mètres de la Planche des Belles Filles vendredi dernier, a échoué une nouvelle fois dans son objectif. Même si l'équipe UAE de Pogacar n'a pas cherché à conserver à tout pris le maillot jaune.
Pas un drame
«Même quand il veut le lâcher, il n'y arrive pas», a plaisanté Romain Bardet après cette étape de 145 kilomètres, sous la chaleur. «Je suis content de le conserver, mais si Kämna l'avait pris, cela n'aurait pas été un drame pour moi», a reconnu Pogacar dont la journée avait beaucoup moins bien commencé, en raison de l'abandon forcé d'un deuxième équipier, positif au Covid-19.
Le vainqueur en titre, qui a perdu samedi matin le Norvégien Vegard Stake Laengen, a vu partir cette fois le Néo-Zélandais George Bennett, l'un des deux coureurs positifs du jour - avec l'Australien Luke Dubridge. Heureusement pour le Slovène, son lieutenant polonais Rafal Majka a reçu le feu vert des autorités médicales pour continuer malgré un résultat positif.
«Il est asymptomatique et l'analyse de son PCR a révélé qu'il avait un très faible risque d'infectiosité, similaire au cas de Bob Jungels plus tôt dans la course», a expliqué le Dr Adrian Rotunno, médecin de l'équipe UAE.
Manifestants sur la route
La présence de Majka renforce Pogacar avant deux journées déterminantes dans les Alpes, au col du Granon mercredi escaladé après le Galibier, puis le lendemain à l'Alpe d'Huez. Mais la présence du coronavirus au sein de son équipe est de nature à inquiéter.
«C'est juste de la malchance», a estimé Pogacar. «Nous sommes nécessairement en contact avec beaucoup de gens. En tant qu'équipe, nous prenons toutes les précautions possibles.»
Le maillot jaune a été interrogé aussi sur la neutralisation de la course à 38 kilomètres de l'arrivée. Un petit groupe de militants pro-climat (neuf personnes), assises sur la route et interpellées ensuite par les gendarmes selon les précisions de la préfecture de Haute-Savoie, a provoqué l'interruption de la course pendant près d'un quart d'heure.
Un nouveau départ a ensuite été donné, en respectant les écarts entre les échappés, laissant l'Italien Alberto Bettiol seul en tête jusqu'à la montée finale. «J'ai juste entendu à la radio qu'il y avait des gens sur la route, on a vu les gendarmes embarquer toutes ces personnes, je ne sais pas de quoi il s'agissait», a seulement commenté Pogacar pour cet incident, le premier à provoquer une neutralisation depuis le Tour 2018.
ats