Tour de France Modèle de résilience, Mark Cavendish écrit l'histoire

ATS

4.7.2024 - 07:00

Le record du grand Eddy Merckx est tombé! Mark Cavendish a écrit l'histoire mercredi à Saint-Vulbas en remportant une 35e victoire d'étape dans le Tour de France, récompense ultime pour un coureur résilient entre tous.

Mark Cavendish a écrit l'histoire mercredi à Saint-Vulbas.
Mark Cavendish a écrit l'histoire mercredi à Saint-Vulbas.
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A voir la tête de ses rivaux, presque plus contents que lui alors que la plupart sont tout sauf des poètes, on pouvait mesurer l'étendue de l'oeuvre réalisée par le Britannique, à plus de 39 ans. A peine la ligne franchie, il a été félicité par la moitié du peloton, maillot jaune Tadej Pogacar en tête, venu s'incliner devant la statue du meilleur sprinter de tous les temps.

«J'ai du mal à y croire», a été la première réaction du «Cav», sonné par la portée d'une victoire qu'il attendait sur le Tour depuis sa razzia de quatre succès en 2021.

Sur le podium aussi, l'émotion a été maximale lorsqu'il est allé chercher le bouquet de vainqueur en compagnie de ses quatre enfants, dont la plus petite, en pleurs dans ses bras, dans le vacarme de Saint-Vulbas. C'est bien un record d'un autre temps que l'homme de l'île de Man a battu mercredi.

Bien sûr, Eddy Merckx, quintuple vainqueur du Tour entre autres exploits, reste le plus grand coureur de tous les temps. Mais le Belge est désormais plus léger d'un des records les plus convoités du cyclisme qui devient la propriété d'un coureur singulier, caractériel, terriblement attachant et adoubé par ses pairs mercredi.

«Le voir gagner ici est vraiment génial. Il fait tout à la perfection, il a quasi 40 ans et il a même la petite étape (collée) sur le guidon comme si c'était son premier Tour de France», a applaudi le Belge Arnaud de Lie, jeune rival.

«Tu ne peux pas finir comme ça»

«Tout le monde a été si sympa avec moi ces derniers jours», a répondu Cavendish, interrogé sur le déluge de compliments lui tombant dessus. «Ma famille est arrivée hier seulement. C'est un timing incroyable. C'est une victoire non seulement pour moi mais pour toutes les personnes qui me suivent», a-t-il ajouté.

L'euphorie dans le camp Cavendish tranchait avec la désolation vécue l'an dernier sur la route de Limoges lorsque le «Cav» s'était brisé la clavicule pour ce qui devait être son dernier Tour. Alexandre Vinokourov, manager de son équipe Astana et ancien coéquipier, lui avait aussitôt tendu la main. «Je lui ai dit: si tu veux repartir pour une année, le contrat est sur la table demain. Tu ne peux pas finir comme ça», a raconté «Vino» mercredi.

Entouré des siens, Cavendish a finalement annoncé en octobre qu'il rempilait pour un an. «Un sacré pari», a-t-il admis. Car le Britannique n'a plus ses jambes de vingt ans et sait qu'il peine aujourd'hui à rivaliser avec les autres pur-sangs comme le Belge Jasper Philipsen, deuxième mercredi.

«Dévouement total»

Mais au niveau résilience, il n'a pas de maître. «Le mental, ça sert, surtout quand physiquement tu es moins bon que tous les autres», a-t-il dit.

Son début de Tour, où il a souffert au point de vomir sur son vélo, a donné une idée de sa ténacité. «On a eu peur pour lui. Mais Mark est un survivant, il n'abandonne jamais. Aujourd'hui c'est comme si quelqu'un de l'équipe avait gagné», a souligné Patrick Lefevere, patron de Soudal-Quick Step, ravi pour son ancien coureur.

La trajectoire du Britannique dans ce Tour de France est à l'image de sa carrière. Car si Cavendish a beaucoup gagné – 165 victoires au total – il est aussi souvent tombé, parfois très bas, lorsqu'il a connu les affres de la dépression ou du virus d'Epstein-Barr. Mais il s'est toujours relevé en impressionnant par son obstination.

«Je l'ai vu faire preuve d'un dévouement total. Je ne sais pas combien de jours il a passé avec sa famille cette année, mais je sais que ce n'est pas beaucoup», a commenté, très ému, son poisson-pilote historique Mark Renshaw, reconverti dans l'encadrement d'Astana.

ATS