Des conditions attendues, mais néanmoins dantesques: la Kényane Ruth Chepngetich a triomphé dans la chaleur étouffante de Doha (environ 32 degrés et 73% d'humidité) lors du marathon des Mondiaux.
Plusieurs dizaines d'athlètes ont dû jeter l'éponge. Mais la hiérarchie mondiale a été respectée avec les meilleures devant: Ruth Chepngetich a remporté le premier titre de ces joutes, en 2h32'43'', elle qui était la plus rapide cette année et avait établi le troisième meilleur chrono de tous les temps à Dubaï en janvier (2h17'08'').
«J'ai couru avec ma tête, ce n'était pas simple. Je me suis préparée dans une région chaude du Kenya pour cela, et Dieu merci ma tactique a fonctionné», a déclaré la Kényane. Une minute et trois secondes après elle, la tenante du titre Bahreïnie Rose Chelimo a pris la médaille d'argent, puis la Namibienne Helalia Johannes le bronze (à 1'32'').
«Les conditions étaient très particulières mais les meilleures sont devant. Il était possible de courir ce marathon avec une préparation très particulière, une hydratation parfaite», estime pour sa part le directeur de l'équipe italienne Antonio La Torre.
Panique
«Deux de plus arrivent! Non, trois!» Il est un peu plus d'une heure du matin sur le front de mer, et c'est la panique devant la tente médicale. Abandons et prises en charge se succèdent à la mi-course: les marathoniennes sont allongées sur des brancards, assises dans des fauteuils roulants, le corps meurtri, le regard hagard...
Les images risquent d'alimenter la polémique née de l'attribution des Mondiaux au Qatar et à son climat extrêmement chaud. Même fin septembre, même à minuit passé. Plusieurs dispositifs avaient bien été mis en place en conséquence: des volontaires de la Croix-Rouge postés tous les 200 m de cette boucle de 7 km, une dizaine d'athlètes ayant accepté d'ingérer des gélules qui permettaient aux médecins de surveiller en temps réel leur température corporelle, des points de ravitaillement en eau multipliés.
Un triste record
Malgré les éponges gorgées d'eau avec lesquelles les athlètes s'aspergeaient, malgré les serviettes fraîches qu'elles s'enroulaient autour du cou, beaucoup de ces marathoniennes de haut niveau ont fortement souffert. «C'est le marathon le plus dur de ma vie, ils n'auraient jamais dû donner le départ», s'est insurgée la Croate Bojana Bjeljac, qui a abandonné au 17e kilomètre.
Sur les 68 partantes, 28 ont abandonné, la dernière finissant à plus de trois quarts d'heure de la médaillée d'or.
Si les abandons sont courants sur les 42,195 km du marathon, l'édition de Doha établit un nouveau «record» en la matière pour les Mondiaux (23 abandons à Moscou en 2013, seulement 13 à Londres en 2017 sur 92 partantes).
«On voyait des filles abandonner au bord de la route. C'était effrayant, ça pouvait très bien être moi au prochain kilomètre», a indiqué la Canadienne Lyndsay Tessier, 9e au final.