Athlétisme Audrey Werro, un diamant brut qui ne demande qu'à briller

gma, ats

1.8.2023 - 10:12

La double championne de Suisse élite du 800 m Audrey Werro est un diamant brut. Pas question toutefois de brûler les étapes pour la Fribourgeoise de 19 ans et son entourage.

Audrey Werro est un diamant brut
Audrey Werro est un diamant brut
KEYSTONE

Son grand objectif du mois d'août, ce sont bien les Championnats d'Europe M20 prévus du 7 au 10 août à Jérusalem, et non les Mondiaux élite de Budapest.

«Jérusalem, c'est un objectif qu'elle a elle-même fixé, tient à souligner sa coach Christiane Berset-Nuoffer. Elle voulait faire un dernier grand rendez-vous M20 avant de passer définitivement dans l'élite, tout en ayant déjà un certain nombre de courses à son actif chez les dames. Mais le but est évidemment qu'elle s'intègre rapidement au peloton élite.»

Audrey Werro abordera ces Européens M20 avec le plein de confiance, après avoir survolé les débats dimanche en finale des Championnats de Suisse (2'01''70). «Je n'ai jamais songé à faire l'impasse sur les Championnats de Suisse. Je voulais disputer une dernière course avant les Européens M20, le timing était idéal», glisse la tenante du titre continental M20, qui est également vice-championne du monde 2022 dans la catégorie.

No 1 de la hiérarchie européenne M20 en 2023 grâce à ses 1'59''67 réalisés à Rehlingen en mai, l'athlète du CA Belfaux visera forcément l'or en Israël. «Mais une autre athlète inscrite, la Britannique Abigail Ives, a couru en moins de deux minutes cette année. Rien n'est gagné d'avance», tempère Christiane Berset-Nuoffer, consciente que tout est possible au plus haut niveau.

Il y a néanmoins de quoi s'enflammer. Deuxième performeuse européenne M20 sur la distance lors des trente dernières années, auteure cette année du meilleur chrono de l'histoire sur 1000 m dans cette catégorie d'âge, Audrey Werro a tout pour bien faire. «Elle a réussi d'excellents temps, passant trois fois sous les deux minutes (réd: quatre en fait). Cette régularité autour des deux minutes est déjà très satisfaisante», concède Christiane Berset-Nuoffer.

Ne pas trop en faire

Mais pas question de la lâcher trop vite dans l'arène. «Elle doit encore gérer ses études. Elle a déjà fait les trois premières années de sa maturité, elle veut aller au bout. Elle ne peut donc pas encore enchaîner les événements. On doit faire en sorte qu'elle n'en fasse pas trop, qu'elle ne s'épuise pas à force de trop courir», poursuit la coach fribourgeoise.

Un allègement plus important de son programme scolaire est néanmoins prévu afin de faciliter sa transition au sein de l'élite. «Elle bénéficiait déjà d'un allègement grâce au Canton de Fribourg, et va effectuer son année de maturité sur deux ans», précise Christiane Berset-Nuoffer. «Cela va alléger son planning scolaire, lui permettre de mieux récupérer mais aussi d'effectuer un-deux entraînements supplémentaires par semaine», précise-t-elle.

Audrey Werro est elle-même satisfaite de ne pas précipiter les choses. «La charge d'entraînement augmente peu à peu au fil des années, de manière progressive jusqu'ici. Tout se passe très bien jusqu'ici, sourit-elle. Bien sûr, il y a des jours difficiles à l'entraînement. Mais pour le moment j'étais toujours satisfaite de ce que j'avais pu accomplir à la fin d'une saison.»

La jeune femme a la tête sur les épaules, et veut se donner le temps de bien faire les choses. Son sens tactique s'aiguise ainsi également de manière progressive. «Ca ne s'apprend pas à l'entraînement. Ca vient au fil des courses, à l'expérience», comprend celle qui a réalisé une démonstration dimanche en finale des championnats de Suisse à Bellinzone où elle a mené la course de bout en bout en accélérant quand il le fallait. Mais qui peine encore à s'exprimer lorsqu'elle se retrouve coincée dans un peloton.

Budapest, une étape

De l'expérience, c'est forcément ce qui lui fait le plus défaut lorsqu'elle se frotte aux meilleures athlètes du monde. Les Mondiaux de Budapest (19-27 août), ses premiers dans l'élite en plein air, constituent une étape importante, comme les JO de Paris 2024 le seront. «Je veux avant tout y emmagasiner de l'expérience, voir à quoi ça ressemble de faire partie de l'élite. Je serais satisfaite de pouvoir passer le cap des séries», prévues le mercredi 23 août.

«Il s'agira de voir comment elle assimile ses premiers Mondiaux, comment elle gère la pression, glisse Christiane Berset-Nuoffer. Elle doit prendre conscience qu'elle fait partie de l'élite mondiale. La pression sera donc là, car elle ne connaît pas cet environnement.»

Audrey Werro a néanmoins déjà pu se faire une idée de ce qui l'attend à Budapest. Sa première expérience internationale dans l'élite, lors des Européens 2022 de Munich, s'était soldée par une élimination en séries. Mais lors des deux dernières éditions d'Athletissima, elle a à chaque fois tenu le rythme des cadors pour passer sous les deux minutes.

«Un processus»

La prometteuse fribourgeoise a aussi pu apprendre à gérer à Munich et à Lausanne un intérêt médiatique croissant, lequel évoluera forcément à mesure que les chronos s'amélioreront et que les événements se feront plus importants. «On essaie de mettre des freins concernant les demandes de plus en plus fréquentes des médias pour qu'elle ne soit pas envahie. Elle est encore jeune et ne saurait pas forcément dire non aux sollicitations», craint Christiane Berset-Nuoffer.

«Mais après une compétition, quand la pression retombe, elle peut se permettre de répondre plus tranquillement aux journalistes», poursuit la Fribourgeoise, consciente que les médias font partie du décor. «On ne peut pas être au plus haut niveau sans avoir cette visibilité. Mais je sais qu'elle en apprécie certains aspects, on en parle», glisse-t-elle.

«J'apprends sur le tas à m'exprimer face aux médias, je suis de plus en plus à l'aise. Mais je me concentre sur ma course, pas sur les médias», lâche pour sa part Audrey Werro, qui ne cesse de gagner en maturité tant sur les tartans qu'en dehors à l'heure de passer du statut de junior à celui de membre de l'élite. «C'est un processus. Il faudra retrouver ses marques, reprendre confiance. Mais il faut y aller petit à petit, et tout se passe bien jusqu'ici», conclut-elle.

gma, ats