Si tout s'est bien passé vendredi soir à Porrentruy, Julien Sprunger disputera son 1000e match samedi soir à domicile contre Berne. Une longévité rare pour un joueur qui n'a connu qu'un seul maillot, celui de Gottéron.
Dans le mille. Connaissant ses qualités de buteur, il était écrit que Julien Sprunger devait un jour atteindre cette barre mythique. Face à Berne, le Grolleysan sera le 15e joueur de National League à quatre chiffres.
Huitième athlète sur cette liste avec 1038 parties et ancien coéquipier de Sprunger à Fribourg, Michael Ngoy a vécu ce moment particulier. «Personne ne joue pour atteindre 1000 matches, lance-t-il. Les choses se font naturellement en fait. Si tu as toujours du plaisir à jouer et que tu peux le faire à ce niveau, tu y vas comme si tu avais 30 ans. Ce sont finalement les autres qui te le font remarquer.»
Hormis la longueur de sa carrière, le capitaine des Dragons entre dans un cercle encore plus restreint, celui de n'avoir connu qu'un seul maillot, celui de Gottéron. Hormis dix matches à Guin alors qu'il avait 16 ou 17 ans et un match à La Chaux-de-Fonds le 2 novembre 2004, le Grolleysan de 37 ans n'a connu que Fribourg. Une fidélité rarissime. Parmi les autres membres du club des mille, seul Reto von Arx a fait toutes ses classes dans l'élite avec une seule organisation (Davos). Mais le Bernois a commencé avec Langnau en LNB et a disputé des rencontres en NHL avec Chicago et Norfolk en AHL lors de la saison 2000-01.
Un sens du but inné
Buteur d'exception, Sprunger affiche des statistiques étonnantes de 375 goals pour 373 assists. Et ces qualités ont été détectées très tôt, comme le rappelle son ancien coéquipier Geoffrey Vauclair: «Je me souviens bien. Un grand, mince et boutonneux (il rit). J'avais un copain qui était agent à l'époque. Il m'avait demandé s'il y avait un bon jeune à Fribourg pour s'occuper de ses affaires. Comme Julien s'entraînait avec la première équipe, j'avais eu l'occasion de le voir à l'oeuvre. On est allé rencontrer ses parents avec mon ami agent. Des gens qui ressemblaient à mes parents, proches du terroir et humbles. Il est resté trois ou quatre ans avec lui.»
Mais Geoffrey Vauclair se souvient aussi que le grand ailier avait besoin de s'améliorer, comme un diamant qu'il s'agit de polir. «Il ne patinait pas vite et son tir n'était pas encore dévastateur, explique le consultant des Puckalistes. Par contre, il a ce sens du but qui ne s'apprend pas. Et il a travaillé pour gommer ce que l'on appelait la «longueur inutile» (il rit). Il a aussi bénéficié du changement de matériel et de la démocratisation des cannes en carbone. Mais il a vite compris qu'il devrait bosser. Il était très respectueux dans le vestiaire et n'a jamais oublié d'où il venait.»
L'homme avant le joueur
Cet aspect humain du numéro 86, Michael Ngoy le défend aussi: «Pourquoi est-il autant apprécié? Parce que c'est un super type en dehors de la glace. Dans le vestiaire, il s'intéresse à toutes les discussions, il est curieux et a envie d'apprendre. Quand j'ai commencé à proposer la formation pour les anciens joueurs, il a été le premier à s'inscrire. Pendant la saison 2007-08, on parlait déjà de ce qu'on allait faire après le hockey.»
L'une des qualités de Julien Sprunger, c'est aussi d'avoir su s'adapter. De ne pas s'enfermer dans un style de jeu alors que le monde du hockey évolue. «Entre 2010 et maintenant, ce n'est plus le même jeu, analyse Michael Ngoy. On ne peut plus prendre le puck derrière le goal et aller marquer tout seul. Les systèmes défensifs ont évolué. Il a connu les gros défenseurs «bourrins» et les arrières plus mobiles et rapides, mais il arrive toujours à marquer et à faire sa feinte habituelle.»
Auteur d'un but et d'un assist en dix matches cette saison, Julien Sprunger connaît un démarrage plutôt tranquille. Et si la machine s'emballait contre Berne pour le derby des Zähringen? Ce serait assurément une belle histoire à ajouter à sa légende.