L'heure des rêves de grandeur avec l’ambition d’un dix sur dix dans ce tour préliminaire de l’Euro 2024 est bien révolue pour l'équipe de Suisse. Il convient désormais de revêtir le bleu de chauffe lors de la venue du Kosovo dans une rencontre qui est devenue celle de tous les dangers.
Trois jours après le partage des points contre Israël dans la campagne hongroise, Murat Yakin et ses joueurs bénéficient d’une seconde balle de match pour assurer – enfin – la qualification directe. Un point suffira si, dans le même temps, Israël ne gagne pas contre la Roumanie. Mais dans un Parc St-Jacques à guichets fermés qui sera acquis à l’adversaire et avec une confiance qui s’est bien effritée ces dernières semaines, la tâche ne s’annonce pas simple.
Le point de rupture atteint
Dans la ligne de mire de tous les médias du pays qui s’interroge sur la pertinence de son éventuel limogeage, Murat Yakin peut-il rallumer la flamme ? La démission de ses cadres lors de la seconde période contre Israël laisse penser qu’un point de rupture a été atteint. Manuel Akanji et Granit Xhaka se sont en effet fait manger par des Israéliens qui n’avaient pas vraiment «existé» dimanche dernier à Pristina contre le Kosovo. S’il n’arrive pas à réaliser l’union sacrée avec le vainqueur de la Ligue des champions et son capitaine, Murat Yakin ne pourra pas rester à son poste.
Lors des deux premières rencontres contre le Kosovo, en mars 2020 à Zurich et en septembre à Pristina, Granit Xhaka n’avait pas vraiment tenu son rang. Samedi face il est vrai à des adversaires qui ne le sont peut-être pas vraiment à ses yeux en raison des liens très forts qui le lient avec le pays de ses parents, le Bâlois se doit de sortir le grand jeu. L’idée de fermer la bouche à la plume qui a osé, dans les plus grands quotidiens alémaniques, suggérer que Murat Yakin devrait peut-être le laisser sur la touche doit le transcender. «Muet» depuis le début de ce rassemblement, lui qui adore s'exprimer, le capitaine qui honorera sa 120e sélection samedi se doit de sortir du bois.
«Ni le Brésil et ni l'Allemagne»
Vendredi, ce fut à Xherdan Shaqiri de prêcher la bonne parole. Froissé de n’avoir pas joué mercredi, celui qui est le doyen de l'équipe de Suisse avec une première sélection honorée le...3 mars 2010, demande à tout le monde de «garder les pieds sur terre». «Nous ne sommes ni le Brésil et ni l’Allemagne, mais la petite Suisse, rappelle-t-il. Nous devons à chaque match livrer la marchandise. Il faut rester calme aussi. La première place du groupe est toujours à notre portée. Il convient toutefois de ne jamais sous-estimer l’adversaire.»
Xherdan Shaqiri mesure pleinement le danger de cette rencontre face à un Kosovo qui aurait, en cas de succès samedi, une chance de devancer l’équipe de Suisse au final. «Le football a changé depuis dix ans. Toutes les équipes sont désormais mieux armées, lâche-t-il. Pour notre part, nous devons veiller à ne plus baisser de ton en seconde période. Le plus vite possible serait le mieux...» Xherdan Shaqiri n’oublie pas que les quatre nuls concédés contre la Roumanie, le Kosovo, le Bélarus et Israël le furent après avoir ouvert le score. Ce simple rappel a quelque chose d’édifiant.
Un mystère de plus
Plus discret que Xherdan Shaqiri derrière les micros, Murat Yakin n’a donné aucune véritable indication sur les choix qu’il entend arrêter pour la rencontre de samedi, peut-être celle de la dernière chance pour lui. Il a simplement précisé que Yann Sommer gardera sa place dans la cage après le nouveau forfait de Gregor Kobel qui devait en principe disputer cette rencontre. Le portier du Borussia Dortmund semble saisi d’un mal mystérieux à chaque fois qu’il doit jouer en sélection. Un mystère de plus autour de cette équipe de Suisse qui traverse un automne bien singulier.
ATS, par Laurent Ducret