Noël Le Graët (81 ans) se trouve dans de sales draps. Les «dérives de comportement» du président de la Fédération française «sont incompatibles avec l'exercice des fonctions et l'exigence d'exemplarité qui lui est attachée», selon la synthèse de la mission d'audit sur la FFF.
Le document de l'Inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR), daté de mercredi, pointe des «prises de position publiques déplacées», «le comportement inapproprié (...) vis-à-vis des femmes» notamment à travers des «SMS ambigus pour certains et à caractère clairement sexuel pour d'autres». Le rapport «invite les instances fédérales à examiner cette situation en application des dispositions statutaires».
«Les auditions conduites par la mission ont mis en évidence que le caractère déplacé et injurieux des propos de M. Le Graët peut être accentué par la consommation excessive d'alcool», écrivent encore les inspecteurs. Leur enquête a duré quatre mois et demi, durant lesquels plus de cent témoignages ont été recueillis.
Légitimité envolée
Ils affirment avoir pris en compte les observations formulées par ses avocats après l'envoi d'un pré-rapport, le 30 janvier, mais assurent que «le sens général» du rapport définitif, rendu mercredi, «ne s'en est pas trouvé modifié». En conséquence, ils considèrent toujours que le dirigeant de la FFF «ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français».
Les auditeurs reconnaissent que Le Graët «jouissait d'une image très positive dans le monde du football, après avoir redressé les finances de la FFF et modernisé son organisation au service d'une dynamique sportive positive», avant que l'usage «très centralisé» du pouvoir ne débouche sur «des dysfonctionnements et des logiques claniques».
«Statu quo impossible»
«Le statu quo est impossible» concernant Noël Le Graët. Le président de la FFF n'a plus «la légitimité nécessaire pour administrer et représenter» le football tricolore, a déclaré la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra.
Le dirigeant de la FFF depuis 2011 «est un homme de décision, j'espère qu'il prendra les bonnes pour la Fédération, mais aussi pour lui-même. D'autres voies existent s'il ne le fait pas», a dit la ministre lors d'une conférence de presse suivant la conclusion de la mission d'audit sur les «dysfonctionnements» dans la plus grande fédération sportive de France.
«Compte tenu des manquements en matière de gouvernance, de son comportement gravement inapproprié envers les femmes, je ne peux que faire mienne la conclusion du rapport: il ne dispose plus de la légitimité nécessaire pour administrer et représenter le football français».