«A la limite de l'inconscience» La nouvelle vie du «King» Eric Cantona

AFP

4.11.2023

Après le foot, le cinéma ou la peinture, Eric Cantona, l'ancien attaquant star de Manchester United, s'est lancé dans une tournée de concerts pour partager ses «émotions» qui oscillent entre «le sombre et le lumineux».

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Pour sa première date en France après l'Angleterre et l'Irlande, la légende du foot a chanté vendredi soir à Lyon, tantôt en anglais, tantôt en français, une vingtaine de ses compositions aux accents rock et mélancolique.

Face à un public en grande partie acquis, dans le petit théâtre Comédie Odéon, Eric Cantona, portant chaussures et pantalon de sport rouge, long manteau noir et petit chapeau, a trempé la chemise, littéralement.

Après des incursions dans le monde musical avec d'autres artistes, Cantona se présente, à 57 ans, en solo, ou presque : seuls deux musiciens, un pianiste et un violoncelliste, accompagnent sa voix rocailleuse.

«Je fais ça pour la scène et pour le public. C'est ça mon plaisir», a-t-il expliqué à l'AFP avant le concert. «Sur scène, je deviens quelqu'un d'autre au contact» de la salle, s'enthousiasme l'ancien international français, «intéressé» d'abord par «ce moment de partage».

«A la limite de l'inconscience»

Sa tournée «Cantona sings Eric» (Cantona chante Eric) a débuté logiquement fin octobre à Manchester, la ville qui l'a sacré roi («King») du foot entre 1992 et 1997, et le conduira prochainement à Genève, Marseille et Paris, avant une seconde tournée prévue au printemps 2024. Quatre titres, un EP («I'll Make My Own Heaven», je ferai mon propre paradis), sont disponibles sur les plateformes et un album live d'une vingtaine de morceaux doit paraître à l'issue des deux tournées.

La musique n'est pas un terrain inconnu pour Eric Cantona qui, depuis qu'il a quitté les terrains, s'est surtout distingué sur les écrans, notamment dans «Looking for Eric» du cinéaste britannique Ken Loach. En France, sa voix a déjà été entendue chez le groupe Dionysos, dans des chansons de Bernard Lavilliers ou de Rachid Taha.

«Les premières chansons que j'ai commencé à écrire c'était pour ma femme», l'actrice Rachida Brakni, rappelle-t-il. «Là ce sont des morceaux que j'ai écrit pour moi», dans un état «à la limite de l'inconscience où les choses prennent forme» spontanément. «J'ai écrit mes sentiments (...) mes émotions, ce dont je rêve, ce à quoi j'aspire. C'est très personnel», explique l'homme aux multiples maillots qui, lorsqu'il mourra, espère être «vieux, mais entouré d'amour et de gens heureux».

«Une personnalité»

Il insiste sur les notes «d'espoir» dans son répertoire. «Il ressort toujours de mes chansons ce côté contradictoire entre le sombre et le lumineux : cette façon d'essayer de trouver de la lumière au bout du tunnel».

«Je veux des amis aimés, des animaux de nuit, des chauves-souris, des araignées, du matin au soir, des chagrins oui, mais de l'espoir», susurre-t-il encore dans «Je veux», une chanson aux échos psychédéliques dont la version disponible en ligne est inspirée du célèbre «The End» des Doors, dont le chanteur, Jim Morrisson figure «au Panthéon» d'Eric Cantona.

Le génie du ballon rond cite aussi comme références Leonard Cohen, Nick Cave ou encore Tom Waits. «Je les aime parce que ce sont des personnalités et moi, je tiens à être une personnalité».

«Son côté anticonformiste» a déjà séduit Florence Faubourg, 48 ans, qui a attendu avec une cinquantaine d'autres fans à la sortie des loges pour saluer l'artiste, dont elle apprécie «la personne et les textes». «Il tient bien sur scène», estime son mari David, 52 ans et amateur de football qui a d'abord suivi en Cantona le joueur «rebelle».