Inka Grings, la coach de l'équipe de Suisse, disputera la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande à la tête de la sélection helvétique. L'Allemande est en poste depuis janvier dernier.
Dans une interview, Grings, âgée de 44 ans, évoque les attentes que provoque le Mondial aux antipodes, la manière de composer avec la pression, et les six premiers matches de la Suisse sous sa responsabilité.
Inka Grings, la canicule règne en Suisse. En Nouvelle-Zélande, votre terre d'accueil pour les prochaines semaines, il fait clairement plus froid. Comment apprivoisez-vous ce changement ?
- Veste, pull, pantalon long. C'est l'automne avec des températures entre 10 et 15 degrés. Mais nous n'allons pas en Alaska tout de même où le mercure descend à moins 20. Pour jouer, le temps sera idéal. J'espère juste que ça ne sera pas toujours humide. Mais nous savons ce qui nous attend et que nous ne pouvons pas l'influencer.
Quels sont vos objectifs pour cette Coupe du monde ?
Aller aussi loin que possible. C'est notre mot d'ordre. Nous possédons un intéressant mélange et toutes sont au top.
Avec un groupe qui comprend les Philippines, la Norvège et le pays hôte la Nouvelle-Zélande, la qualification pour les huitièmes de finale est le but, non ?
Oui naturellement. Il n'y a pas à discuter. La Norvège est et reste pour moi le favori de notre groupe. Elle possède des joueuses fantastiques dans leurs rangs, avec une grande expérience du tout haut niveau. La Nouvelle-Zélande, qui nous reçoit, a accompli d'énormes progrès ces dernières années. Elle joue un vraiment bon football. Et les Philippines peuvent être un obstacle. Les Asiatiques n'ont rien à perdre pour leur première Coupe du monde.
En tant que joueuse, vous avez disputé à deux reprises la Coupe du monde. Quelles expériences pouvez-vous amener en tant qu'entraîneur ?
Pour moi en tant que joueuse, le Championnat du monde a toujours été fascinant. Parce que c'est exactement ce qu'on désire: des stades pleins, les yeux du monde entier rivés sur l'événement, les fans, qui viennent exprès au stade pour voir un match. Je trouve impressionnant aussi les différentes cultures, qui se rencontrent durant le tournoi,
Comment appréhendez-vous la pression qui est nettement plus fort dans un tournoi mondial que dans un football de club ?
J'ai toujours apprécié ce stress. Lorsqu'on me conspuait comme joueuse, cela m'a toujours plus poussée et motivée. Mais je sais aussi que cette pression et cette attention peuvent inhiber. Lors de la Coupe du monde 2011 en Allemagne, beaucoup de joueuses ont eu un blackout complet parce qu'elles n'avaient pu passer outre la pression médiatique parce que tout le monde attendait le titre mondial de notre part. Cette expérience peut m'aider parce que je peux parler avec les joueuses sur cette éventualité. Comment je vais réagir si nous encaissons un but après cinq minutes? Comment je vais réagir si nous gâchons une chance de but à la 80e minute? Je peux être plus sensible grâce à mes expériences et préparer ainsi l'équipe à de telles situations.
Lors du dernier Euro en Angleterre l'an dernier, les Suissesses ont bien tenu, mais ont perdu l'avantage d'un bon résultat dans la phase finale des matches. Avez-vous trouvé la solution pour que cela n'arrive pas cette fois ?
- Oui. Nous nous entraînons plus parce que je trouve que le côté physique déterminant. Nous avons d'incroyables bonnes joueuses. Mais cela ne sert à rien si tu t'effondres après 60, 70 minutes. C'était visible lors du dernier Euro. C'est pourquoi les joueuses ont reçu dès février un programme pour la maison. Et je pense que la majorité d'entre elles a bien travaillé à domicile. Avec notre entraîneur de condition physique, nous avons comparé les statistiques des valeurs avant l'Euro et celles actuelles. Je peux déjà dire que les joueuses ont couru plus de kilomètres. Je pense que nous sommes sur le bon chemin et que nous serons prêtes quand la compétition commencera.
- Au cours des six matches de la sélection helvétique que vous avez dirigée, elle n'a jamais gagné. Trois parties se sont terminées sur un 0-0. En tant que joueuse, vous étiez l'une des meilleures attaquantes du monde. Comment peut être résolu le problème des tirs au but ?
Fondamentalement, en forçant à l'entraînement, en allant toujours sur le but. Je dois convaincre les joueuses qu'elles sont grandes, qu'elles doivent essayer, qu'elles doivent être courageuses. Mais à la fin, cela ne passe que par l'entraînement. Encore et encore tirer au but avec une bonne sensation.