«Rien à envier au Brésil» Avant la Nati, le Cameroun se voit aller loin

ATS

23.11.2022 - 09:58

Les rodomontades de Samuel Eto'o ou de Vincent Aboubakar parlant de victoire finale du Cameroun agacent prodigieusement l'ancien gardien Joseph-Antoine Bell, avant le premier match du Mondial 2022 des Lions Indomptables contre la Suisse jeudi.

«C'est peut-être une nouvelle manière pour les petits pour qu'on parle d'eux, ils auront gagné la Coupe du monde des déclarations...», a dit à l'AFP Joseph-Antoine Bell, 68 ans, qui compte 70 sélections et a remporté deux Coupes d'Afrique des nations.

Eto'o, ex-buteur d'exception devenu président de la Fédération camerounaise (Fécafoot), a lancé: «Je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas la gagner», pronostiquant une finale contre le Maroc.

Le capitaine Vincent Aboubakar a de son côté assuré que le Cameroun n'avait «rien à envier au Brésil. Nous sommes une grande équipe, nous représentons un grand pays et nous avons les moyens d'aller loin. Laissons notre jeu parler pour nous».

«S'ils se mettent à chanter qu'on va gagner la Coupe du monde, ils sont totalement à côté de la plaque», reprend Bell Joseph-Antoine, comme on l'appelle chez lui. «Le Brésil n'a pas annoncé qu'il allait la gagner», poursuit l'ancien gardien de Marseille et Bordeaux. «Aboubakar Vincent n'a pas abordé la Coupe d'Afrique des nations en annonçant qu'il allait la gagner, et il ne s'agissait que de la CAN. Il s'est brusquement fait piquer par un virus du désert...»

«Il faut être lucide»

«Ce n'est pas sérieux, j'ai pitié pour les joueurs», poursuit Bell. «Le foot se termine sur le terrain, comme il n'y a qu'un seul vainqueur, cela se terminera par la faute des footballeurs pour 31 équipes. Quand ils ne l'auront pas gagnée, à la fin, ce sera à cause d'un gardien, d'un défenseur qui a été lent, d'un attaquant qui a manqué un but...», se désole-t-il.

C'est Eto'o «qui a lancé la mode, les joueurs se sont sentis obligés de suivre. Emboîter le pas à son président, c'est politiquement correct, mais cela montre leur manque de personnalité», juge-t-il.

«Ce qui fait mal, c'est qu'il s'agit de deux personnes d'expérience, ils ont joué deux Coupes du monde ensemble (2010 et 2014), et le meilleur joueur de toutes les planètes (Eto'o, NDLR) et Aboubakar, qui n'en était pas loin, ne l'ont pas gagnée...», persifle Bell.

«Attention! Je suis évidemment supporter du Cameroun», souligne cette voix critique du football camerounais, «mais il faut être lucide et revenir à la réalité, pas aux slogans ni aux incantations».

Un succès en 32 ans

Les Lions peuvent au moins faire valoir leur expérience. Premier pays africain à atteindre les quarts de finale de la Coupe du monde, en 1990, le Cameroun compte aussi le plus grand nombre de participations au Mondial du continent et le dispute au Qatar pour la huitième fois.

Mais depuis 1990, les Lions ont été trop facilement domptés, systématiquement éliminés au premier tour. «On a gagné un match de Coupe du monde en 32 ans», souligne Bell, contre l'Arabie Saoudite (1-0) en 2002.

ATS