Sur les buildings de Doha comme sur les pelouses, on ne voit que lui : Kylian Mbappé illumine le Mondial-2022 de ses buts avec l'équipe de France et ses statistiques impressionnantes le propulsent sur le devant de la scène.
Avant d'affronter l'Angleterre, samedi (20h00) en quarts de finale au stade al-Bayt d'al-Khor, la star des Bleus est à la hauteur des objectifs élevés qu'elle s'est fixés pour cette Coupe du monde, son «obsession», «la compétition de (s)es rêves», comme l'a rappelé l'attaquant après France-Pologne.
Avec cinq buts en quatre matches (et trois titularisations) au Qatar, le buteur du Paris SG porte les champions du monde français et fait office de menace N.1 chez les adversaires, au point que l'Angleterre tout entière s'inquiète des manières de stopper le phénomène de 23 ans.
La folle agitation s'est emparée des tabloïds anglais: «Kylian Mbappé vit à Leicester», titre jeudi The Sun, qui a trouvé en Angleterre un homonyme de l'attaquant français, âgé de 16 ans et supporter des Three Lions.
A Doha, la moitié des questions en conférence de presse portent sur le N.10 des Bleus, qu'elles soient adressées aux Anglais ou aux Français, comme Olivier Giroud ou le sélectionneur adjoint Guy Stéphan, venus mardi devant la presse pour dresser l'éloge du Bondynois.
«Il l'a exprimé lui-même: il a fait de la Coupe du monde un pic de sa saison», a expliqué le technicien. «C'est sûr qu'avec Kylian, on a un joueur hors normes».
Comparé à Pelé
Et lorsque «Kyky» privilégie un travail en salle à l'entraînement mardi, alors que ses coéquipiers apparaissent sur le terrain, l'information se répand comme une trainée de poudre au sein de la presse anglaise qui évoque immédiatement l'hypothèse d'une blessure, rapidement démentie par l'encadrement des Bleus.
«Kylian, c'est une personne qui ne regarde pas la presse, désolé pour vous tous», a plaisanté son partenaire Youssouf Fofana jeudi auprès des journalistes. «Il se concentre sur son match. Je le sens très calme et très déterminé».
Pour le Qatar, propriétaire du PSG, l'attraction Mbappé est une occasion en or de mettre en avant l'homme fort du club champion de France, quelques mois après sa prolongation de contrat fracassante.
Depuis quelques jours, le nom et le portrait de Mbappé fleurissent dans la ville, comme sur les hautes «tours jumelles» d'al-Jaber, dans le quartier de Lusail, au nord de la ville.
Gratte-ciels
De multiples LED, installées sur ces gratte-ciels, tracent le parallèle entre le prodige français et le «Roi» Pelé, hospitalisé au Brésil, en comparant leurs statistiques.
Comme son aîné brésilien, Mbappé affole les compteurs avec neuf buts en onze matches de Coupe du monde, répartis sur deux éditions. Il reste sur une série de 16 buts sur ses 14 derniers matches en sélection et il vient de dépasser Zinédine Zidane avec 33 buts sous le maillot bleu, un chiffre inédit à son âge.
Avant leurs 24 ans - Mbappé les fêtera le 20 décembre -, ni Cristiano Ronaldo, ni Lionel Messi, ni Diego Maradona ne comptaient autant de sélections ni de buts internationaux. Seule la légende brésilienne fait mieux, avec 43 buts en 42 sélections.
Le «meilleur» à venir?
«C'est évidemment le meilleur attaquant avec lequel j'ai joué. Je pense qu'on n'a pas encore vu le meilleur de Kylian», l'a complimenté Giroud, conscient que son record de buts en équipe de France (52) ne tiendra pas longtemps face au jeune phénomène.
Resté discret médiatiquement jusqu'à sa venue en conférence de presse après France-Pologne, Kylian Mbappé impressionne au Qatar par l'étendue de sa palette technique.
Contre l'Australie (4-1), il a marqué de la tête, son point faible. Contre le Danemark (2-1), il a fait parler la poudre en contre-attaque, sa spécialité. Et face aux Polonais (3-1), il fait la différence sur deux frappes pleines de sang-froid.
En tête du classement des buteurs au Mondial (5), en championnat de France (12) et en Ligue des champions (7), Mbappé postule forcément déjà pour le titre de Soulier d'Or européen (le meilleur buteur de la saison), mais aussi pour le Ballon d'Or, après cinq éditions dans le top 10.
«Je suis venu pour gagner la Coupe du monde, pas pour gagner le +Golden Ball+ ou le +Golden Boot+», rétorque le Français. Il lui reste trois matches à gagner pour rejoindre dans l'histoire son illustre aîné: le Brésil de Pelé est la dernière nation à avoir remporté deux Mondiaux de suite, en 1958 et 1962.