Spécialités suisses Une fondue à l’autre bout du monde: des restaurateurs témoignent!

De Gil Bieler

19.11.2019

Lorsque les jours refroidissent, l’envie de fondue et de raclette s’éveille chez de nombreux Suisses. Des expatriés apportent ces plats traditionnels dans les coins les plus reculés du monde – et doivent parfois faire preuve d’inventivité.

New Glarus dans l’Etat américain du Wisconsin, Locarno Springs en Australie: on retrouve des traces de Suisses partis à l’étranger dans le monde entier. Pas seulement sous la forme de villes au nom suisse, mais aussi avec des restaurants qui misent sur la cuisine suisse.

Envie d’un cordon bleu à Kuala Lumpur? Ou de raclette? Ne perdez pas espoir: ces plats traditionnels sont servis depuis 1996 au Chalet Suisse, dans la capitale malaisienne. Et l’offre répond évidemment aux goûts des clients originaires du pays: «A son ouverture, le restaurant était quelque chose de vraiment spécial, les gens faisaient la queue», explique le responsable de l’établissement, Manfred J. Faehndrich, interrogé à ce sujet.

Sur la carte, on retrouve des saucisses de veau, de l’emincé de veau à la zurichoise et même des vermicelles. Il existe toutefois des adaptations propres au pays: comme beaucoup de restaurants de ce pays d’Asie du Sud-Est, le Chalet Suisse ne travaille pas le porc. L’islam est la religion d’Etat en Malaisie. Bien qu’on y serve de l’alcool, la fondue n’est pas mélangée à du vin blanc ou du kirsch pour les clients musulmans. L’alcool est remplacé par du cidre de pomme, explique le restaurateur.

Originaire de Risch (canton de Zoug) et de Meierskappel (canton de Lucerne), Manfred J. Faehndrich importe par ailleurs son fromage auprès d’Emmi à Ebikon (canton de Lucerne). A raison de 150 kg par an. En cas de pénurie, il peut aussi se rabattre sur du fromage de Singapour, mais la majoration de près de 30% est considérable, concède-t-il.

Mais au juste, comment se fait-il qu’un restaurant suisse ouvre en Malaisie? Le fondateur du Chalet Suisse, Heinz Bauert, avait auparavant dirigé deux restaurants Mövenpick à Singapour, explique Manfred J. Faehndrich. De ce fait, le grand saut vers Kuala Lumpur n’était plus si considérable. Après la mort de Heinz Bauert en 2015, Manfred J. Faehndrich a repris les rênes.

Une boulangerie traditionnelle à Luang Prabang

Les Suisses en voyage en Asie n’ont pas non plus à se passer des croissants et sandwiches auxquels ils sont habitués: Zurich Bread Factory est une petite chaîne de boulangeries «Swiss Style». Les produits proposés par la chaîne dans les destinations thaïlandaises de Phuket, Bangkok, Krabi et Udon Thani ainsi qu’à Luang Prabang, au Laos, sont également visibles sur Instagram – on se croirait à la boulangerie du coin.

Cédric Racine a pour sa part posé ses valises au Cambodge. Après avoir constitué son bagage gastronomique au restaurant Le Cardinal à Bienne puis dans un hôtel à Sihanoukville, une ville située à l’extrême sud du Cambodge, il s’est installé à Kampot en 2014. Il a ouvert l’Auberge du Soleil dans un bâtiment de style colonial.

«J’ai d’abord dû adapter le menu à mes goûts et aux possibilités que j’avais, comme les ingrédients que je pouvais me procurer», explique Cédric Racine, interrogé à ce sujet. Il s’est également avéré facile de préparer des rösti et des spätzli dans le royaume asiatique. Entretemps, il a aussi rencontré un autre expatrié suisse qui importe du gruyère, du vacherin et du fromage à raclette.

La patience est de mise

Mais au juste, du fromage fondu sous un climat tropical et à des températures d’environ 30 °C, est-ce que ça plaît? «Je suis toujours surpris de la quantité de raclette et de fondue que nous vendons», confie Cédric Racine. Cependant, lui-même n’a jamais considéré ces plats comme étant typiquement hivernaux. Parmi les amateurs de fromage qui forment sa clientèle, on compte de nombreux expatriés et des Suisses en voyage de longue durée qui ont besoin de reprendre une portion de fromage.

L’équipe de sept personnes de Cédric Racine est entièrement composée de Khmers. «Ce n’est pas toujours facile, il y a déjà des différences culturelles», reconnaît-il. Selon lui, l’une des premières choses qu’un Suisse doit apprendre au Cambodge, c’est la patience. «Beaucoup de choses peuvent se dérouler différemment de ce qui était prévu. Il faut être capable de s’adapter à la situation au lieu de s’entêter à suivre un cap.»

En général, cependant, les Cambodgiens sont d’un naturel aimable, affirme-t-il: «Ils sont enjoués et aiment rire, ils blaguent souvent.» Le restaurateur est également satisfait sur le plan culinaire: sa chef réussit à préparer des rösti parfaitement croustillants.

Après presque six ans, Cédric Racine, en quête de nouvelles aventures, souhaite désormais vendre l’Auberge du Soleil. Tous ceux qui ont déjà rêvé de tenir un restaurant de fondue en Asie du Sud-Est peuvent donc se manifester.

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