«Wellness washing» Quand les mauvaises conditions de travail se cachent derrière le baby-foot

Relax

25.8.2021 - 12:12

La façade de certaines entreprises aux ambiances «cool» et à l'environnement de travail sain s'écaille. Cette pratique porte un nom, le «well washing» et elle passe de moins en moins inaperçue. Même en télétravail.

25.8.2021 - 12:12

L'image du monde entrepreneurial détendu, où l'on veut le bien être des employés se brise.
L'image du monde entrepreneurial détendu, où l'on veut le bien être des employés se brise.
Tempura / Getty Images

«Au début, l'ambiance avait l'air géniale : baby-foot et équipe jeune«, raconte une ancienne employée de Tiller System France sur le compte Instagram Balance ta start-up. Puis très vite, elle déchante : «En fait, [c'était] un cauchemar.« Des semaines de travail intensives pour atteindre les objectifs, une amplitude horaire et des heures supplémentaires sans la moindre compensation, la consommation de drogues, voir l'humiliation de certains managers...

Sur le compte Balance ta start-up, ce genre de témoignages se multiplie depuis neuf mois. Créé en décembre 2020, le compte cumule 185 000 abonnés aujourd'hui et permet «la libération de la parole dans l'écosystème star-up«, selon ses créatrices. «Parce que le baby-foot c'est cool, mais le droit du travail c'est encore mieux«.

Parmi les témoigagnes, des ex-employés de «Le Bonbon», un magazine gratuit de bons plans et sorties, se souviennent de la pression subie lors des afterworks, à ne pas manquer sous peine de se faire convoquer et se voir reprocher de ne pas faire d'efforts d'intégration dans l'entreprise. Il fallait «être Bonbon» résument-ils chacun leur tour. «Ça signifiait que t'étais suffisament cool, mignon, que t'aimais faire la fête, que tu prenais de la drogue aussi. Fallait 'être Bonbon' pour être accepté et passer au travers des agressions«, détaille un ancien collaborateur sur le compte Instagram. Derrière la façade «cool» du magazine, on découvre la partie sombre. Et l'image d'un monde entrepreneurial détendu, où l'on veut le bien-être des employés, se brise.

Plus question de souffrir au travail

Pourtant, depuis des années, la question du bien-être au travail gagne en légitimité avec les nouvelles générations cherchant l'équilibre entre vie professionnelle et vie perso. Plus question de souffrir au travail. Les entreprises en font même un atout d'attractivité et certaines ont créé des postes dédiés à ces missions: le Chief Happiness Officer, un responsable du bien-être au travail. Sur Linkedin, ils sont près de 18 000 à occuper ce poste et à fédérer un esprit positif, tenter d'installer un environnement propice au développement des salariés et créer du lien social entre collaborateurs. 

Mais d'après le Baromètre des salariés – santé et bien-être au travail réalisé par le BVA-BPI group en 2019, 41% des salariés du tertiaires disaient ressentir souvent du stress au travail. Sous les apparences «cool» et «bonne ambiance», l'anxiété et au surmenage ne sont jamais bien loin. Ce décalage entre la communication de l'entreprise et les conditions réelles de travail porte le nom de «wellness washing». 

Un bien-être de façade

Le baby-foot, les smoothies frais, les cours de yoga… Toutes ces activités en entreprises renvoient l'image d'entreprises ouvertes, accueillantes et modernes. Et même si elles participent au plaisir quotidien des employés, elles sont aussi les premiers signes du «wellness washing» d'après Nora Rosendahl, présidente et directrice générale de Hintsa Performance, qui a répertorié les «sept péchés» les plus récurrents en entreprise. Parmi eux, l'uniformisation de la culture du bien-être, le transfert de responsabilités ou les mesures trompeuses.

«Aborder le bien-être avec, par exemple, des smoothies frais, des bureaux debout ou des cours de yoga, tout en négligeant la nature holistique du bien-être, c'est aborder le bien-être de manière superficielle. Un bureau debout ne fera pas grand-chose pour votre santé si vous l'utilisez 70 heures par semaine«, écrit-elle dans un article de blog. Et une partie de baby-foot ne réduira pas le niveau de stress.

Quelle place pour le bien-être en télétravail ?

Avec la pandémie, les besoins des salariés en télétravail se sont réduits aux fondamentaux. «Avec le distanciel, les salariés ont souvent exprimé des besoins très simples mais très concrets en termes de travail : bien souvent, un portable en état de marche avec les logiciels nécessaires !«, explique Lisa Wyler dans Capital. Finis les parties de baby-foot entre midi et deux, les journées team-building et cours de sport entre collaborateurs. La pandémie a signé la fin des distractions, mettant en exergue tout de même, le besoin de lien social entre salariés. 

Dorénavant, le bien-être au travail s'appliquera par un savant équilibre entre rythme de travail, partage entre les salariés et nouveaux espaces de travail.

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