Question jurassienne Tension accrue entre Berne et Moutier

ATS

28.6.2019 - 17:15

L'absence de la délégation bernoise, dimanche dernier à Saignelégier, n'en finit pas de créer des remous (archives).
L'absence de la délégation bernoise, dimanche dernier à Saignelégier, n'en finit pas de créer des remous (archives).
Source: KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT

Le ton monte entre le canton de Berne et le Conseil municipal de Moutier. Les deux camps s'accusent mutuellement de jeter de l'huile sur le feu suite à l'absence de la délégation bernoise au 40e anniversaire du canton du Jura, dimanche dernier à Saignelégier.

Dernier épisode en date, le Conseil-exécutif bernois a envoyé vendredi un communiqué dans lequel il dénonce «les affirmations mensongères» de la commune de Moutier (BE). Celle-ci a affirmé jeudi que le conseiller d'Etat bernois Pierre Alain Schnegg avait tenu un discours le 16 mars dernier dans la cité prévôtoise, où il aurait déclaré que «Moutier restera bernoise.»

C'est faux, assure vendredi le canton de Berne dans son communiqué. Il y explique que M. Schnegg était bien présent à Moutier le 16 mars, mais qu'il ne s'était pas exprimé publiquement «pour ne pas jeter de l'huile sur le feu.»

Le Conseil-exécutif bernois demande que les autorités prévôtoises «reviennent à la réalité» et adoptent un comportement «responsable.» Il ajoute qu'il trouve «préoccupant qu'une commune prenne autant de liberté avec la vérité.»

Ces accusations ont forcé la commune de Moutier à revoir sa copie. Ne souhaitant d'abord pas commenter cette affaire, le Conseil municipal a fini par renvoyer un communiqué vendredi en fin d'après-midi, dans lequel le passage relatif à Pierre Alain Schnegg a été supprimé.

Accusations mutuelles

Déjà tendues, les relations entre les autorités bernoises et prévôtoises se sont encore envenimées après les festivités marquant les 40 ans de la création du canton du Jura à Saignelégier. La délégation bernoise, où figurait Pierre Alain Schnegg, avait dû annuler son déplacement dimanche matin, le gouvernement jurassien et la police ne pouvant pas lui garantir sa sécurité.

Mercredi, le canton de Berne a condamné cette annulation de dernière minute, affirmant dans un communiqué que «les menaces et provocations» devaient appartenir au passé. Il a aussi exigé que les autorités de Moutier contribuent à «apaiser la situation en s'engageant à réconcilier les deux camps plutôt qu'en jetant de l'huile sur le feu.»

Dans son propre communiqué diffusé le lendemain, le Conseil municipal de Moutier a souligné qu'il n'avait pas «de leçon de morale à recevoir du Conseil-exécutif, ni d'aucune autre institution d'ailleurs.» Il a ajouté qu'il «respectait l'Etat de droit», tout en lançant «un appel au calme dans le cadre du processus lié au transfert de Moutier dans le canton du Jura.»

Pour mémoire, la préfète du Jura bernois, Stéphanie Niederhauser, a invalidé le 5 novembre dernier le vote du 18 juin 2017 qui avait vu une majorité des votants prévôtois choisir de rejoindre le canton du Jura. Des recours ont été déposés, notamment de la municipalité de Moutier, auprès du Tribunal administratif du canton de Berne.

Faire appel à la conférence tripartite

Le Conseil du Jura bernois (CJB) a aussi pris position vendredi sur les festivités de Saignelégier, «déplorant fortement» que la sécurité n'ait pu être assurée. «Lors du vote du 24 novembre 2013, la population du Jura bernois a choisi de rester dans le canton de Berne par plus de 70% des voix, cette volonté populaire doit être respectée et ne doit pas amener à des actes de discrimination», écrit le CJB dans un communiqué.

Il ajoute qu'il serait «judicieux» que la collaboration entre les autorités bernoises et jurassiennes soit à nouveau abordée dans le cadre d’une conférence tripartite entre la Confédération et les cantons de Berne et du Jura.

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