Suisse-UE Ruth Dreifuss critique le «silence gênant» du Conseil fédéral

ats

3.1.2025 - 06:47

L'ancienne conseillère fédérale socialiste Ruth Dreifuss est critique vis-à-vis du Conseil fédéral sur le dossier européen. Le gouvernement n'affiche pas «le leadership que l'on attend de lui» sur ce dossier et son «silence» est «gênant», déclare-t-elle dans une interview publiée vendredi dans Le Temps.

Le gouvernement «ne joue pas son rôle pédagogique» dans le dossier européen, estime Ruth Dreifuss.
Le gouvernement «ne joue pas son rôle pédagogique» dans le dossier européen, estime Ruth Dreifuss.
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Keystone-SDA, ats

«A l’époque des bilatérales I et II, il y avait un fort leadership du Conseil fédéral pour les faire accepter», selon Mme Dreifuss. «Je ne dirais pas que j'ai la même impression aujourd'hui», ajoute celle qui a été conseillère fédérale de 1993 à 2002 et cheffe du Département fédéral de l'intérieur (DFI).

Elle affirme «regretter profondément» cette situation. Le gouvernement «ne joue pas son rôle pédagogique» dans le dossier européen, estime-t-elle encore.

«Hésitations sur les priorités»

Déclassifiés le 1er janvier 2025, les procès-verbaux des séances du Conseil fédéral de l'année 1994 montrent un exécutif en proie à des hésitations sur l'Europe après le «non» en votation populaire à l'Espace économique européen fin 1992, relate le journal. Alors membre du collège, Ruth Dreifuss se souvient d'une «période de tensions particulièrement forte» au Conseil fédéral.

Le collège avait «beaucoup d'hésitations sur les priorités» à fixer dans les relations avec Bruxelles et «à propos de ce qui devait être réglé immédiatement ou plutôt gardé en mains pour des négociations ultérieures», relate la socialiste. Contrairement à d'autres, elle jugeait par exemple que la question de la participation de la Suisse au programme européen de recherche était une «priorité majeure».

«Silence assourdissant»

Aujourd'hui, Ruth Dreifuss estime que «nous avons les mêmes raisons qu’en 1994 de nous rapprocher de l’Europe, peut-être encore plus maintenant». Selon elles, «les oppositions restent pour ainsi dire les mêmes».

Elle regrette l'«assourdissant silence du Conseil fédéral» quand, en mai 2021, l’ambassadeur Roberto Balzaretti, chargé de la négociation d'un accord avec Bruxelles, «essayait de vendre [le résultat de la négociation] à l’opinion publique». Pour ensuite expliquer les causes de la rupture des négociations, le silence du gouvernement était «tout aussi fort», estime aussi Mme Dreifuss. «Depuis, je n’ai pas beaucoup plus entendu le Conseil fédéral», conclut-elle en déplorant un «silence gênant».