120 procédures en cours «Record historique» de procédures terroristes traitées par le MPC

ats

5.1.2025 - 04:17

Les procédures liées au terrorisme traitées par la justice helvétique ont atteint un record historique, souligne dimanche le procureur général de la Confédération Stefan Blättler. La Suisse doit se préparer à une augmentation des activités terroristes, avertit-il.

Stefan Blättler est à la tête du Ministère public de la Confédération depuis le 1er janvier 2022 (Archives).
Stefan Blättler est à la tête du Ministère public de la Confédération depuis le 1er janvier 2022 (Archives).
ATS

Keystone-SDA, ats

Actuellement, environ 120 procédures liées au terrorisme sont en cours auprès du Ministère public de la Confédération (MPC). Cela correspond à un doublement des cas par rapport à 2022, précise M. Blättler dans un entretien dans le Matin Dimanche et la Sonntagszeitung.

Les cas concernent notamment la propagande terroriste sur Internet, de l'argent versé depuis la Suisse à des organisations terroristes et des personnes partant faire le djihad. «Il y a un risque que ces personnes planifient elles-mêmes un jour des attentats si elles ne sont pas arrêtées par des enquêtes», met-il en garde.

Les interventions récentes du MPC ont permis d'empêcher des attentats planifiés, estime toutefois le chef du MPC.

Individus radicalisés isolés

Bien que la Suisse n'a pas connu de cas de l'ampleur de celles perpétrées en Allemagne – comme récemment à Magdebourg – ou en France, M. Blättler rappelle les trois «attaques terroristes» de Morges, Lugano et Zurich. Elles résultent d'individus isolés qui se sont radicalisés via internet ou à travers un prédicateur dans une mosquée.

Mais «c'est justement parce qu'il s'agit d'auteurs isolés qu'il est difficile de les identifier», explique M. Blättler. «L'attentat de Magdebourg souligne que nous devons être vigilants», poursuit-il.

Eviter les exemples belge et suédois

Concernant les menaces qui pèsent concrètement sur la Suisse, M. Blättler cite les gangs issus du crime organisé. «Nous devons veiller à ce que nous n’ayons pas un jour des conditions comme celles des banlieues en Belgique ou en Suède, où les traces de la criminalité des gangs sont désormais clairement visibles – avec des fusillades, des dizaines de morts et du racket», explique-t-il. «Il ne faut pas que des bandes rivales issues du crime organisé se battent en pleine rue».

Sur le front de lutte contre la criminalité économique, il juge que la Suisse en fait assez pour agir contre les entreprises fautives et leurs dirigeants en cas d'abus. «Il est tout simplement faux d'affirmer que la Suisse ne fait pas assez d'efforts pour lutter contre la criminalité économique», déclare le procureur général.

Manque de personnel au MPC

Au vu de l'augmentation des procédures, «le MPC a atteint ses limites en termes de personnel», avertit le chef de l'entité. Le manque est particulièrement criant en ce qui concerne les agents de la police judiciaire fédérale. Face cette situation «tendue» sur le front des ressources humaines, le MPC a dû mettre temporairement de côté certains dossiers concernant des «cas isolés de suspicion de crime organisé et de cybercriminalité».