COVID-19Réactions contrastées aux décisions du Conseil fédéral
ATS
29.10.2020
Satisfaction du côté de l'économie, des syndicats et des cantons, réaction mitigée du côté des partis et chez les enseignants et consternation dans les cercles culturels et les fédérations sportives: les annonces du Conseil fédéral ont suscité mercredi des échos contrastés.
Les milieux économiques ont dit leur satisfaction que le pays ne s'achemine pas vers un second confinement. «Des mesures oui, des fermetures non», écrit economiesuisse dans une prise de position.
Les mesures décidées par le Conseil fédéral étaient «inéluctables» au vu du grand nombre de cas de contamination et de la charge croissantes des services de santé. Mais elles sont «supportables» en comparaison avec un confinement, estime economiesuisse.
Une fermeture partielle de l'économie est particulièrement à éviter dans la perspective des ventes de fin d'année et de la saison de sports d'hiver. Si les affaires dans la période précédant Noël devaient s'effondrer, une vague de faillites serait inévitable, pense economiesuisse.
GastroSuisse, la fédération de l'hôtellerie et de la restauration en Suisse, demande qu'un soutien immédiat soit apporté aux branches les plus touchées en Suisse. Elle estime que le Conseil fédéral «risque désormais de pousser l'hôtellerie-restauration droit dans le mur».
Hotelleriesuisse considère également que la mise en place de mesures d'aide étendues est «primordiale si l'on veut éviter une vague massive de faillites et de licenciements dans le secteur de l'hébergement à partir de 2021».
La faîtière demande notamment des aides pour les cas de rigueur à hauteur de 500 millions de francs. Elle exige également la réintroduction du système de crédits Covid, ainsi qu'une extension de l'indemnité de chômage partiel.
La gauche approuve les mesures
Du côté des partis, les Verts et le Parti socialiste approuvent les mesures annoncées. Les deux partis de gauche exigent cependant des mesures économiques immédiates pour soutenir les PME en difficulté. Pour le PLR, les nouvelles restrictions sont à la limite de l'acceptable. Résolument opposée à un nouveau confinement, l'UDC exige notamment une prompte mise en oeuvre des tests rapides et un raccourcissement de la quarantaine pour les personnes dont le test est négatif.
Les syndicats demandent que les emplois soient protégés et des règles rapidement applicables concernant les cas de rigueur, notamment dans les domaines de la gastronomie, de l'événementiel et de la culture. Les cantons sont également appelés à se mobiliser en ce sens.
Unification bienvenue
Pour la Conférence suisse des directrices et directeurs cantonaux de la santé (CDS) aussi, il est "important" que la Confédération adopte des mesures d’accompagnement en matière de politique économique. Elle soutient une entrée en vigueur dans les meilleurs délais de l’ordonnance sur les mesures pour les cas de rigueur.
La CDS salue par ailleurs une unification des mesures au niveau national, «dans une phase où l’ensemble du pays est confronté à la même évolution».
La stratégie TTIQ (tests, traçage, isolement, quarantaine) reste essentielle, souligne la CDS. Les cantons fournissent «de gros efforts», mais le système présente des lacunes et des retards auxquels il convient de remédier le plus rapidement possible. Pour le canton de Berne, les mesures annoncées mercredi «vont dans la bonne direction, mais sont trop tardives et ne vont pas assez loin»
Tests rapides salués
La possibilité d'effectuer des tests rapides en pharmacie, qui décharge les points de dépistage existants, a été saluée par la Société Suisse des Pharmaciens pharmaSuisse. L'objectif est qu'une pharmacie sur trois soit en mesure de proposer un tel test aux personnes symptomatiques d'ici à la fin de l'année.
De nombreux préparatifs sont déjà en cours pour permettre le renforcement de la capacité de dépistage. Il n'est pas encore possible de se prononcer sur la date effective à laquelle les premières pharmacies pourront proposer des tests, précise pharmaSuisse.
Ecole obligatoire oubliée
Du côté des enseignants, la décision du Conseil fédéral de rendre le masque obligatoire au secondaire II est considérée comme «positive», «Mais nous espérions aussi des règles unifiées au niveau de l'école obligatoire», ont souligné Samuel Rohrbach, président du Syndicat des enseignants romands (SER), et sa pendante alémanique Dagmar Rösler.
M. Rohrbach pointe ce qu'il voit comme une incohérence: "les enfants de plus de 12 ans ont l'obligation de porter le masque dans les espaces publics, mais pas dans tous les cantons dans toutes les écoles".
Milieux du spectacle sonnés
Les milieux du spectacle sont sonnés. «Un spectacle avec 50 personnes pour la plupart des productions, ce n'est pas envisageable», a dit à Keystone-ATS Matthieu Obrist, président d'Artos, l'association professionnelle des techniciens et des administratifs dans le secteur culturel.
«On était déjà inquiets quand les autorités ont arrêté les jauges à mille personnes, mais là à 50 personnes et sans date de fin, autant dire que l'on ne peut rien faire, a-t-il poursuivi. On va au-devant d'heures sombres pour notre profession.»
Pour faire face à la situation et en plus des mesures de soutien déjà envisagées, les milieux culturels demandent notamment la création d'un fonds de garantie. Les fédérations sportives ont aussi fait part de leur consternation.