«Fuck abstraction»Un tableau de Miriam Cahn exposé à Paris fait polémique
ATS
22.3.2023 - 11:23
L'oeuvre «Fuck abstraction» de l'artiste suisse Miriam Cahn, à caractère pédopornographique pour les uns, symbole de la liberté d'expression pour les autres, fait polémique. Elle est exposée au musée du Palais de Tokyo à Paris.
22.03.2023, 11:23
ATS
Cette oeuvre de l'artiste suisse représente une personne aux mains liées, contrainte à une fellation. Pour certains, comme l'association Juristes pour l'enfance, il s'agit d'un enfant. En Suisse, le comité international pour la dignité de l'enfant (CIDE) s'est dit «profondément choqué» par cette oeuvre.
Au Palais de Tokyo je dénonce ce tableau de Miriam Cahn qui présente aux yeux de tous une scène de pédocriminalité. Au nom de la protection de l’enfance, en tant que membre de la Délégation aux droits des enfants, je demande à la ministre de la Culture qu’il soit décroché. pic.twitter.com/atbLLNkOQ7
La peinture fait l'objet d'une pétition en ligne demandant son retrait, qui a récolté à ce jour quelque 8500 signatures.
«Ce ne sont pas des enfants. Ce tableau traite de la façon dont la sexualité est utilisée comme arme de guerre, comme crime contre l'humanité», selon l'artiste citée dans un communiqué du musée parisien.
Interrogée par la députée du Rassemblement national (RN, extrême droite) Caroline Parmentier, la ministre française de la Culture Abdul Malak a d'abord appelé à ne pas tout «mélanger», réaffirmant le «combat pour la protection de l'enfance et contre toutes les formes de violence» menée, a-t-elle dit par son gouvernement.
«Vous êtes allée faire votre coup de com' et filmer ce tableau, mais avez-vous vu l'ensemble de l'exposition? Avez-vous échangé avec les médiateurs? Avez-vous lu les explications? Parce qu'on ne peut pas sortir une oeuvre de son contexte», a-t-elle poursuivi, citant les propos de l'artiste elle-même.
Exposition de Miriam Cahn : le tableau « fuck abstraction ! » qui représente des adultes est une dénonciation des crimes de guerre.
Dans la foulée, l'Observatoire de la liberté de création publiait un communiqué soutenant l'artiste:
«Les artistes doivent pouvoir dénoncer ces crimes en pleine liberté. Comme le disait George Sand à propos de la littérature, 'L'écrivain n'est qu'un miroir qui reflète, une machine qui décalque, et qui n'a rien à se faire pardonner si ses empreintes sont exactes, si son reflet est fidèle'. Il en va de même pour la peinture, et ce débat qui a traversé déjà deux siècles a toujours conclu à la déconsidération des censeurs».
Le 7 mars, le Palais de Tokyo s'était dit «conscient» que la démarche artistique de l'artiste peut «générer des malentendus» et annonçait renforcer son dispositif de médiation.