JusticeNouveau mandat pour arrêter le président déchu Yoon
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7.1.2025 - 15:25
La justice sud-coréenne a émis mardi un nouveau mandat d'arrêt contre le président déchu Yoon Suk Yeol. Il était très attendu par les enquêteurs sud-coréens pour tenter une deuxième fois d'appréhender le chef d'Etat suspendu de ses fonctions et retranché à Séoul.
Keystone-SDA, st
07.01.2025, 15:25
07.01.2025, 15:40
ATS
«Le mandat d'arrêt renouvelé contre le suspect Yoon a été émis aujourd'hui dans l'après-midi», ont annoncé les enquêteurs dans un communiqué. Il est motivé par la brève tentative de Yoon Suk Yeol, d'imposer la loi martiale dans le pays.
Le premier mandat d'arrêt, émis le 31 décembre, avait expiré lundi après-midi sans que le Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO) ne parvienne à s'emparer de M. Yoon pour l'interroger.
Vendredi, les enquêteurs du CIO appuyés par des policiers étaient entrés dans sa résidence. Mais ils s'étaient heurtés à environ 200 militaires et agents du Service de sécurité présidentiel (PSS) et avaient battu en retraite, bredouilles, après six heures d'un face-à-face tendu. Les enquêteurs avaient redéposé lundi soir une requête auprès du tribunal du district ouest de Séoul afin de prolonger le mandat d'arrêt.
Inexpérience
Pour Yun Bok-nam, président de l'association Avocats pour une société démocratique, l'échec de la première tentative d'arrestation du président déchu s'explique surtout par l'inexpérience du CIO, qui n'a que quatre ans d'existence, compte moins de 100 employés et n'a encore jamais inculpé personne.
«Naturellement, ils n'ont aucune expérience des arrestations, à plus forte raison de l'arrestation d'un président», souligne Me Yun. «La coopération de la police est essentielle», estime le juriste. Le dirigeant du CIO, Oh Dong-woon, a présenté mardi ses excuses pour avoir échoué à arrêter le président, tout en admettant ne pas être certain qu'il se trouve encore dans sa résidence.
«J'examine diverses possibilités», a-t-il commenté, répondant à un député qui lui demandait si le président suspendu avait pris la fuite. Le CIO, la police nationale sud-coréenne et le service d'investigations du ministère de la Défense enquêtent conjointement sur la tentative de Yoon Suk Yeol d'imposer la loi martiale le 3 décembre et de museler le Parlement en y envoyant l'armée.
«Forteresse»
Après l'annonce du nouveau mandat d'arrêt, des partisans de M. Yoon ont immédiatement annoncé leur intention d'aller le soutenir devant sa résidence. «Nous nous dirigeons maintenant vers la résidence de Yoon. Ceux vivant à la campagne se joindront à nous tôt le matin», a déclaré Rhee Kang-san, 35 ans, à l'AFP.
Selon le député de l'opposition Youn Kun-young, la résidence présidentielle «est en train de se transformer en forteresse», avec selon lui des gardes qui y installent des fils barbelés. Le président conservateur déchu, dont l'action politique était constamment entravée par un Parlement dominé par l'opposition, avait affirmé vouloir protéger le pays des «forces communistes nord-coréennes» et «éliminer les éléments hostiles à l'Etat».
Mais il avait dû faire marche arrière quelques heures plus tard, les députés ayant réussi à se réunir dans un hémicycle cerné par les forces spéciales pour voter contre la loi martiale, pendant que des milliers de manifestants se massaient à l'extérieur. «Nous allons nous serrer les coudes dans ce combat. J'espère vraiment que M. Yoon va être arrêté», a commenté mardi plein d'espoir Bae Hoon, 46 ans, qui a passé deux nuits devant la résidence présidentielle malgré des températures glaciales.
Bataille légale
M. Yoon a été destitué le 14 décembre par l'Assemblée nationale. Il est par ailleurs visé par une plainte pour «rébellion», un crime passible de la peine de mort, et «abus d'autorité», passible de cinq ans de prison. M. Yoon a juré la semaine dernière de se «battre jusqu'au bout».
Ses avocats contestent la légalité du mandat d'arrêt et la compétence du CIO. Ils font valoir que la loi attribue à cet organisme l'autorité pour enquêter sur une série précise d'infractions commises par des hauts responsables, mais que la liste ne comprend pas le crime de «rébellion».
Yoon Suk Yeol reste officiellement le chef de l'Etat, et n'est que suspendu jusqu'à ce la Cour constitutionnelle confirme ou infirme sa destitution votée par les députés. La Cour a d'ici à la mi-juin pour statuer et a fixé au 14 janvier le début du procès en destitution, qui en cas d'absence de M. Yoon se poursuivra sans lui. Si elle valide la destitution, une élection présidentielle anticipée aura lieu dans les deux mois.