Corée du SudLe président déchu Yoon sera arrêté d'ici lundi
lifo
1.1.2025 - 12:25
Le président sud-coréen déchu Yoon Suk Yeol sera arrêté d'ici l'expiration le 6 janvier du mandat d'arrêt émis contre lui, ont affirmé mercredi les enquêteurs, après sa tentative ratée d'imposer la loi martiale début décembre.
Keystone-SDA, lifo
01.01.2025, 12:25
ATS
Mercredi, des partisans et des détracteurs de M. Yoon se sont rassemblés, s'invectivant, près du domicile de l'ex-chef de l'Etat où il est cloitré depuis des semaines, ignorant trois convocations successives pour être interrogé sur son coup de force.
L'ordre sera appliqué «dans le délai» prévu, soit lundi au plus tard, a indiqué aux journalistes Oh Dong-woon, le chef du Bureau d'enquête sur la corruption des hautes personnalités (CIO).
L'émission d'un mandat d'arrêt contre un chef de l'Etat en exercice est une première en Corée du Sud, M. Yoon étant toujours officiellement le président titulaire en attendant que la Cour constitutionnelle confirme ou infirme sa destitution, votée le 14 décembre par les députés.
L'ex-procureur star avait sidéré le pays le 3 décembre en proclamant par surprise la loi martiale et en envoyant l'armée au Parlement pour tenter de le museler, avant d'être obligé de faire marche arrière quelques heures plus tard sous la pression de l'Assemblée nationale et de milliers de manifestants.
Il est visé par plusieurs enquêtes, dont une pour «rébellion», un crime théoriquement passible de la peine de mort, et a interdiction de quitter le territoire.
Important dispositif policier
Les enquêteurs espèrent «un processus fluide sans perturbation majeure», a expliqué M. Oh, prévenant toutefois qu'une «mobilisation de la police» était possible. Il a précisé que quiconque s'opposerait à l'arrestation du dirigeant déchu pourrait «être poursuivi» en justice.
Les avocats de M. Yoon ont demandé une injonction pour faire annuler le mandat d'arrêt, Me Yoon Kab-keun estimant dans un communiqué que c'était «un acte illégal et invalide».
A l'extérieur de sa résidence, des dizaines de personnes ont scandé, chanté et invectivé la police, certains tentant de franchir un cordon de sécurité et d'empêcher un bus de la police de se garer près de l'entrée, pensant qu'il transportait des membres des forces de l'ordre chargés de l'arrêter.
Un important dispositif policier a été déployé, les forces de l'ordre criant aux protestataires de rester à distance et la voie permettant d'accéder et de sortir de la résidence de M. Yoon est restée accessible.
Les autorités sud-coréennes ont déjà échoué à exécuter des mandats d'arrêt contre des parlementaires – en 2000 et en 2004 – en raison de la présence de membres et de partisans de leur parti politique qui ont empêché la police d'entrer pendant les sept jours de validité du mandat.
Impossible de savoir exactement quand l'ex-président déchu sera arrêté, son service de sécurité ayant déjà entravé trois fois des perquisitions, pourtant sur ordre de la justice.
Deux nominations à la Cour constitutionnelle
Mercredi, la majorité des collaborateurs restants de M. Yoon, y compris son chef de cabinet et ses conseillers spéciaux, ont tous présenté leur démission au président par intérim, qui l'a rejetée en appelant plutôt à l'unité.
«C'est le moment pour tout le monde de s'unir pour assurer la stabilité des moyens de subsistance du peuple et des affaires nationales», a déclaré le président par intérim Choi Sang-mok.
Ils ont démissionné en signe de protestation après la nomination la veille, par M. Choi, de deux nouveaux juges à la Cour, qui comptait trois sièges vacants sur neuf, pour étudier le dossier.
Il s'agissait d'une demande récurrente de l'opposition, une majorité des deux tiers (donc six voix) étant nécessaire pour confirmer une destitution.
M. Choi exerce les pouvoirs présidentiels depuis la destitution vendredi par le Parlement du Premier ministre Han Duck-soo, qui avait d'abord pris le relais mais a été rapidement éjecté, accusé d'entraver les enquêtes sur M. Yoon.
Ce dernier avait justifié sa décision-choc du 3 décembre par sa volonté de protéger la Corée du Sud des «forces communistes nord-coréennes» et d'"éliminer les éléments hostiles à l'Etat», accusant l'opposition majoritaire à l'Assemblée de bloquer le pays.
Un nombre suffisant de députés avait réussi à se réunir en urgence dans un Parlement cerné par les forces spéciales et à voter un texte exigeant la levée de la loi martiale. M. Yoon avait dû obtempérer quelques heures plus tard, obligé par la Constitution.
La Cour constitutionnelle doit se prononcer d'ici la mi-juin sur la validité de la motion de destitution adoptée contre lui, et ainsi décider de le démettre définitivement ou de lui rendre le pouvoir.