«M. Brunier est blessé» Soupçonné de népotisme, le directeur général des SIG démissionne avec effet immédiat

mf, ats

30.4.2024 - 15:50

Christian Brunier quitte les Services industriels de Genève (SIG) avec effet immédiat. Soupçonné de népotisme, le directeur général de la régie publique a fait valoir ses droits à la retraite anticipée avec onze mois d'avance sur la date prévue de son départ. Un audit externe est lancé.

Christian Brunier prend avec effet immédiat une retraite anticipée (archives).
Christian Brunier prend avec effet immédiat une retraite anticipée (archives).
sda

30.4.2024 - 15:50

«Christian Brunier est extrêmement affecté par les attaques dont il fait l'objet. Il a jugé préférable de partir le plus rapidement possible», a indiqué mardi devant les médias Robert Cramer, président du Conseil d'administration des SIG.

Selon plusieurs médias, un neveu et deux beaux-fils du directeur ainsi que l'épouse de l'un d'eux travaillent aux SIG.

«Une polémique profondément injuste»

Christian Brunier a passé 45 ans aux SIG, dont dix ans en tant que directeur. «Je suis très affligé de voir qu'un parcours exemplaire se termine de cette manière. M. Brunier est blessé, il a le sentiment de faire l'objet d'une polémique profondément injuste», a poursuivi l'écologiste qui juge central, pour l'entreprise, d'établir la meilleure relation de confiance avec ses clients, les entreprises, les médias et le monde politique.

Le directeur a initialement annoncé son départ le 25 mars dernier pour le 31 mars 2025. Une information restée confidentielle en raison des turbulences médiatiques liées à la publication de l'examen des pertes du réseau électrique par la Cour des comptes, a fait savoir M. Cramer. L'intérim sera assuré par le directeur adjoint, Alain Zbinden.

«Ligne rouge»

Prenant au sérieux les accusations de favoritisme, le Conseil d'administration a décidé mardi de mandater, d'ici à la fin de la semaine, un auditeur externe sur les procédures de recrutement. Celui-ci aura pour mission de chercher à savoir si ces procédures sont adéquates, si le règlement est perfectible et si, dans les cas en question, elles ont été appliquées ou s'il y a eu des dérives.

M. Cramer refuse de se prononcer sur ces cas avant d'avoir reçu l'audit «dans deux mois ou à la fin de l'été». A ses yeux, toute intervention active dans le processus de recrutement est «la ligne rouge absolue» à ne pas franchir. Dans une entreprise qui compte 1700 collaborateurs, «la proximité ne se limite pas aux liens familiaux», a-t-il relevé.

«Je n'emploie pas le terme de népotisme. Si c'est avéré, c'est très problématique comme comportement et pour l'entreprise», a souligné M. Cramer. De son côté, Robert Monin, directeur des ressources humaines des SIG, a expliqué qu'une candidature sans réelles compétences est balayée lors des différentes étapes de recrutement.

«Les recommandations de l'audit externe seront mises en oeuvre par les SIG», a assuré le président, qui souhaite que tous les établissements publics autonomes s'alignent sur les mêmes pratiques. La question du recrutement est importante aux SIG, où près de la moitié des collaborateurs partira à la retraite ces dix prochaines années.

«Sanctions possibles»

Revenant sur l'examen de la Cour des comptes, Robert Cramer a confirmé le remboursement des 22 millions de francs surfacturés aux clients des SIG. Le Conseil d'administration a confié à Swiss Economics un audit pour s'assurer de la conformité des tarifs de gaz et d'électricité. Attendu pour fin juin, le rapport lui permettra de soumettre une proposition de tarifs au Conseil d'Etat.

Enfin, une enquête administrative a été lancée à tous les niveaux de la régie publique sur la façon dont la Cour des comptes a été reçue et sur les conditions d'adoption de la méthode de calcul des pertes du réseau électrique. «Des sanctions sont possibles», a indiqué M. Cramer. Saisie par un citoyen bien informé, la Cour des comptes avait dénoncé un climat tendu, estimant que la direction avait ignoré les alertes.

mf, ats