Malgré le tollé contre Couchepin et Cie L'ancienne conseillère fédérale Dreifuss s'immisce dans la campagne sur les primes

Alex Rudolf

30.4.2024

Pour cinq anciens conseillers fédéraux, la recommandation de vote contre une 13e rente AVS s'était retournée contre eux. Aujourd'hui, Ruth Dreifuss dit oui à l'initiative pour l'allègement des primes.

Ruth Dreifuss se prononce en faveur de l'initiative sur l'allègement des primes.
Ruth Dreifuss se prononce en faveur de l'initiative sur l'allègement des primes.
Printscreen Youtube

Alex Rudolf

30.4.2024

Pas le temps ? blue News résume pour toi

  • Le 9 juin, le peuple suisse se prononcera sur quatre projets. L'un d'entre eux est l'initiative d'allègement des primes du PS, qui demande que pas plus de dix pour cent du revenu des ménages ne soit dépensé pour les primes.
  • L'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss devient maintenant "l'avocate" de cette cause. Dans une newsletter et une vidéo, elle incite les gens à voter «oui».

Dans une newsletter du PS envoyée lundi aux personnes abonnées, l'ancienne conseillère fédérale socialiste Ruth Dreifuss s'est adressée aux personnes intéressées. Elle les incite à voter oui à l'initiative pour l'allègement des primes, sur laquelle les électeurs se prononceront le 9 juin.

Le PS demande que personne ne dépense plus de dix pour cent du revenu disponible du ménage pour les primes d'assurance maladie.

Avant même que la campagne de votation n'entre dans sa phase la plus chaude, elle souhaite revenir sur ce qu'était le système quand Dreifuss était encore conseillère fédérale, peut-on lire dans la newsletter.

Par ailleurs, Dreifuss est l'invitée du président du PS, Cédric Wermuth, dans un entretien sur YouTube (ci-dessous en allemand).

«Certaines personnes attendaient qu'il soit trop tard»

«Ce qui est difficilement imaginable pour les jeunes générations était encore une réalité au début des années 90 : plusieurs personnes pauvres et malades n'avaient pas d'assurance maladie du tout ou seulement une assurance avec des prestations limitées» expliquent Dreifuss. «Certains n'avaient pas les moyens de payer les primes, et certains se voyaient refuser l'accès aux caisses. Certaines personnes attendaient qu'il soit trop tard pour aller chez le médecin».

Les primes ont doublé au cours des 20 dernières années

Remédier à cette situation était son objectif principal. Mme Dreifuss a dirigé le Département fédéral de l'intérieur de 1993 à 2002. En guise de compromis, il a été décidé d'instaurer des primes par tête, qui devaient être complétées par des réductions de primes individuelles.

L'objectif était de ne pas dépenser plus de 8% du revenu disponible du ménage pour les caisses maladie. Un tiers des assurés bénéficieraient ainsi d'une réduction.

«Mais aujourd'hui, 30 ans plus tard, nous sommes loin de cet objectif. Rien qu'au cours des 20 dernières années, les primes ont plus que doublé. Dans le même temps, de nombreux cantons économisent sur la réduction des primes», poursuit Mme Dreifuss.

«Il en résulte que de nombreuses personnes n'ont pas d'autre choix que de choisir la franchise la plus élevée, ce qui conduit à son tour à ce que de plus en plus de personnes renoncent à consulter un médecin en cas de maladie ou d'accident pour des raisons financières. Comme à l'époque, avant l'introduction de la loi sur l'assurance maladie.»

Le 9 juin, les électeurs auront la possibilité de corriger cette évolution. «Ce serait un jalon sur la voie d'une Suisse solidaire».

Ils avaient qualifié la 13e rente AVS d'incendiaire

Pour cinq des anciens collègues de Dreifuss, le coup s'était retourné contre eux en mars dernier. Adolf Ogi (UDC), Doris Leuthard (centre), Pascal Couchepin (PLR), Johann Schneider-Ammann (PLR) et Joseph Deiss (Centre) s'étaient prononcés contre une 13e rente AVS.

Ils avait même qualifié le projet «incendiaire» qui menacerait l'assurance-vieillesse. Il a ensuite été accepté dans les urnes.

Cela n'est pas resté sans conséquences. Les anciens conseillers fédéraux ont été sévèrement critiqués, non seulement par les médias, mais aussi par de nombreux citoyens qui se sont adressés directement aux ex-politiciens. Adolf Ogi s'est même excusé publiquement par la suite.