Aide au suicideLa FMH refuse d'élargir les critères
ATS
25.10.2018 - 17:56
La Fédération des médecins (FMH) ne reprend pas les nouvelles directives de l'Académie des sciences sur l'assistance au suicide dans son code déontologique. Elle estime que l'élargissement de l'aide au critère de "souffrance insupportable" apporte trop d'incertitudes.
Si aujourd’hui l’aide au suicide est uniquement autorisée en fin de vie, elle devra selon les nouvelles directives répondre à la notion de "souffrance insupportable", rappelle la Fédération des médecins suisses (FMH) jeudi. Or cette formulation renvoie à une notion juridiquement indéterminée, qui apporte beaucoup d’incertitude pour le corps médical.
Au terme d’un débat animé, la Chambre médicale a donc décidé, à une nette majorité, de ne pas adopter les directives révisées de l'Académie suisse des sciences médicales (ASSM) "Attitude face à la fin de vie et à la mort".
En Suisse, l’aide au suicide est uniquement réglementée dans le Code pénal et non par une législation spécifique comme c’est le cas par exemple dans les pays du Benelux, explique la FMH. Pour cette raison, le code de déontologie de la FMH revêt une importance particulière dans ce domaine.
Suite à la décision de jeudi, les directives de 2012 de l'ASSM concernant l'aide au suicide conservent donc leur validité pour la FMH, même si l'académie les a supprimées en juin dernier.
Cadre éthique
Le but des nouvelles directives de l'ASSM, publiées au printemps, est de donner un cadre éthique aux professionnels de la santé confrontés à la souffrance des patients en fin de vie. Dans ces directives, l'aide au suicide est élargie aux patients dont la maladie ou les limitations fonctionnelles causent des "souffrances intolérables".
Il reste toujours nécessaire que toutes les alternatives aient échoué ou soient refusées car jugées inacceptables. Le désir de mourir doit être mûrement réfléchi, persistant et ne doit pas résulter d'une pression extérieure.
Samia Hurst, médecin et directrice de l'Institut Ethique Histoire Humanités de l’Université de Genève (UNIGE), a participé dans le cadre de l'ASSM à l'élaboration des directives. Dans La Liberté, elle donnait cette semaine un exemple concret: "Une personne ayant eu plusieurs chimiothérapies peut refuser d'en subir une de plus, si ses chances de guérison sont très réduites et si cette perspective lui semble insupportable".
Chaque médecin est libre
Le médecin doit être en mesure de comprendre le désir du patient de ne plus vouloir vivre cette situation insupportable en prenant en compte ses antécédents et en menant des entretiens répétés. Mais les directives soulignent également que les patients ne peuvent prétendre à une assistance au suicide. Chaque médecin a dans tous les cas la possibilité de refuser cet acte, sans avoir à se justifier et même si le patient répond aux critères.
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