Pierre Maudet Sa culpabilité fera-t-elle pencher la balance électorale?

tb, ats

28.2.2021 - 10:41

Le verdict a fait sensation lundi: le conseiller d'Etat genevois Pierre Maudet est reconnu coupable d'acceptation d'un avantage. Ce jugement, qui intervient en pleine campagne électorale, ne devrait toutefois pas changer fondamentalement la donne pour l'élection complémentaire de l'exécutif du 7 mars à laquelle l'ex-PLR est candidat.

Pierre Maudet devant ses avocats s'adressait aux journalistes devant le palais de justice après avoir été condamné pour acceptation d'avantage par le tribunal de police, le lundi 22 fevrier 2021 a Genève. 
Pierre Maudet devant ses avocats s'adressait aux journalistes devant le palais de justice après avoir été condamné pour acceptation d'avantage par le tribunal de police, le lundi 22 fevrier 2021 a Genève. 
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«Ce verdict peut avoir un effet résiduel, mais pas substantiel», indique à Keystone-ATS Pascal Sciarini, professeur de sciences politiques à l'Université de Genève. Selon le politologue, ce jugement de culpabilité «assez prononcé» écorne effectivement davantage l'image de Pierre Maudet.

Mais la plupart des gens avaient déjà une opinion sur le conseiller d'Etat avant le procès, relève-t-il. «Soit Pierre Maudet est considéré comme un homme d'Etat énergique qui s'est excusé pour ses fautes, soit il est perçu comme un politicien qui a menti, ce qui est inacceptable», ajoute le professeur Sciarini.



Les indécis

Au final, ce verdict de culpabilité pourrait faire pencher la balance uniquement pour quelques indécis, affirme M. Sciarini. Mais ces derniers pourraient tout aussi bien renoncer à voter en se rangeant dans le camp des abstentionnistes.

Pierre Maudet a été condamné lundi par le Tribunal de police à 300 jours-amende avec sursis pour acceptation d'un avantage en lien avec son voyage en famille à Abu Dhabi. Il a été acquitté de cette même charge par rapport à un sondage pré-électoral financé par deux amis hommes d'affaires

Pierre Maudet, qui a fait recours contre sa condamnation, poursuit énergiquement sa campagne. Très présent sur les réseaux sociaux, il continue à prendre fait et cause pour les indépendants touchés par la crise sanitaire en tirant à boulets rouges sur ses collègues du Conseil d'Etat qui lui ont retiré toutes ses prérogatives.

Incident protocolaire

Interrogé mardi dans Forum, Antonio Hodgers, qui a été président du Conseil d'Etat en pleine affaire Maudet, ne mâche pas ses mots: «Il faut que chacun comprenne l'impact pour l'image de Genève en Suisse, en Europe et dans le monde, si le peuple vient à élire un magistrat qui a été jugé coupable pour corruption dans l'exercice de ses fonctions et pour soustraction fiscale à l'égard de l'administration cantonale».

Et de révéler une anecdote cocasse: «Le président Emmanuel Macron arrivait de manière anticipée (ndlr: à Genève pour une conférence internationale). Le protocole français nous a fait comprendre qu'il était hors de question que ce soit Pierre Maudet qui serre la main d'Emmanuel Macron sur le tarmac de l'aéroport. J'ai dû dépêcher le vice-président du Conseil d'Etat de l'époque pour éviter un incident protocolaire avec l'Etat français.»

Gauche en tête

Le dernier mot revient au peuple dimanche 7 mars à l'occasion du premier tour de cette élection complémentaire provoquée par la démission de Pierre Maudet. Pascal Sciarini voit le conseiller d'Etat indépendant terminer au 3e ou 4e rang alors que Fabienne Fischer, candidate verte soutenue par les socialistes, devrait mathématiquement virer en tête.

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