Nez à nez en randoFaut-il craindre le «grand méchant» patou?
Valérie Passello
3.8.2022
Imposants et impressionnants, les patous sont des chiens destinés à assurer la protection des troupeaux dans les alpages. Face au retour du lynx, du loup et de l'ours en Suisse, de plus en plus de bergers optent pour cette solution. Mais pour certains randonneurs, la rencontre avec ces gardiens peut s'avérer délicate. Infos et conseils utiles.
Valérie Passello
03.08.2022, 09:05
04.08.2022, 09:07
Valérie Passello
Ils ont plutôt une bonne bouille, mais ils ne sont pas là pour les câlins. De mi-mai à mi-octobre généralement, les patous, ou chiens de protection des troupeaux, se trouvent dans certains alpages tout simplement pour faire leur travail. C'est-à-dire repousser les prédateurs potentiels.
Ainsi, si l'on est randonneur et que l'on s'approche de trop près, il ne faut pas s'attendre à un accueil chaleureux. Le patou va se mettre à aboyer très fort, ce qui peut s'avérer très impressionnant, surtout si l'on a peur des chiens. Il arrive également, dans de rares cas, qu'un passant se fasse mordre.
De 2011 à 2019, indique le rapport annuel 2019 «Protection des troupeaux Suisse» (Rapport PTS), 121 incidents ont été recensés. Dans 80% des cas, des personnes ont été mordues ou pincées par des patous, les 20% restants concernant des chiens de compagnie ayant été attaqués. La plupart du temps, les incidents résultent d'un comportement inapproprié par manque d'information, même s'il y a aussi des exceptions.
«Une fesse pincée»!
Amateur de trail vivant dans le Chablais vaudois, Raphaël se souvient d'une rencontre, il y a quelques années, avec deux de ces animaux sur un alpage dans les hauts de sa commune. «J’ai bien vu des chèvres en liberté mais pas les deux patous qui me sont venus contre», raconte-t-il. Le sportif a eu les bons réflexes en telle situation: «Je suis resté calme. D’abord j’ai rebroussé chemin sur 10-15m», relate-t-il.
Mais comme son intention était de cheminer jusqu’à un autre alpage plus en altitude, Raphaël était forcé de traverser celui gardé par les deux chiens. «J’ai avancé de nouveau tranquillement, poursuit-il, un patou devant, un derrière moi et c’est là que celui de derrière m’a pincé la fesse, mais rien de méchant, j’ai pu passer comme ça…»
Le bon comportement
Garder son calme
Le cas échéant, descendre de vélo
Attendre que le chien se calme
S'éloigner le plus possible du troupeau/le contourner lentement
Eviter une confrontation avec votre chien de compagnie
Rebrousser chemin si le chien de protection ne se calme pas
Une mésaventure heureusement sans gravité qui confirme les dires du rapport PTS 2019. Celui-ci indique que les blessures constatées sur des humains «n’ont soit pas nécessité d’intervention médicale, soit ont pu être traitées de façon ambulatoire. En revanche, les blessures des chiens de compagnie étaient en moyenne plus graves que les blessures sur des personnes». Dans tous les cas, les morsures doivent être signalées à la Coordination nationale pour la protection des troupeaux.
Pas de chien de compagnie
Valérie, qui réside en Valais, a croisé un chien de protection des troupeaux le week-end dernier: «Cela s'est très bien passé, malgré la présence de notre propre toutou. Mais il y avait une barrière», précise-t-elle. Pour éviter tout incident malheureux avec son chien de compagnie, il est tout de même recommandé de s'abstenir de l'emmener avec soi si l'itinéraire passe par un alpage sous le contrôle d'un patou.
Et dans le cas où la situation se présente tout de même, la plus grande précaution est de mise. Il faut tenir son chien en laisse et contourner le troupeau en passant le plus loin possible des bêtes. Mieux vaut rebrousser chemin s'il s'avère impossible de procéder ainsi (voir vidéo ci-dessous).
Valérie, elle, s'est renseignée avant de partir: «Sur le tour des Dents du Midi, il faut bien trouver des moyens de s'entendre, c'est trop emprunté... Nous avons appelé la cabane d'Anthème pour savoir si nous pouvions monter avec un chien et nous avons eu leur aval. Je crois qu'avec les patous, si l'on respecte l'animal sans le provoquer et que l'on tient son chien, ça passe», relève-t-elle.
Anticiper ou simplement éviter!
À l'heure actuelle, selon le site protectiondestroupeaux.ch, quelque 300 individus officiellement reconnus veillent à la sécurité du bétail en Suisse. Un chiffre en augmentation ces dernières années.
Sur le terrain, les alpages surveillés par les patous sont signalés par un panneau. En outre, une carte interactive permet de s'informer avant de partir en randonnée sur la présence ou non de chiens de protection des troupeaux sur l'itinéraire prévu.
En Suisse, l’Office fédéral de l’environnement encourage la protection des troupeaux au moyen patous, «à condition que les chiens soient élevés, éduqués, détenus et employés correctement».
Mais souvent, le sujet revêt un côté émotionnel, certains randonneurs ayant ressenti une grosse frayeur face à l'un de ces chiens. Un dernier conseil pour ceux qui préfèrent ne pas se retrouver nez à nez avec eux: connaître leur localisation et... passer par un autre chemin!