Grosse bouletteBerset a-t-il fauté en ignorant l'alerte des experts?
La Rédaction de blue News
15.2.2021
En août dernier, le ministre de la Santé n'aurait pas tenu compte d'une note alarmante des spécialistes de l'Office de la santé publique (OFSP), apprend-on aujourd'hui dans le 24 Heures et La Tribune de Genève. Le document recommandait de prendre des mesures plus strictes pour éviter une deuxième vague de Covid-19. Il ne serait jamais parvenu aux six autres sages.
Si Alain Berset admet avoir été «trop optimiste» l'été dernier en autorisant à nouveau les grandes manifestations, les journaux du TX Group ainsi que le 24 Heures et la Tribune de Genève pointent des faits plus sérieux en ce lundi. L'OFSP aurait remis au conseiller fédéral, le 6 août, un rapport de douze pages, recommandant un durcissement des mesures afin d'éviter la recrudescence de la pandémie de coronavirus.
Les médias précités ont pu obtenir la note interne de l'OFSP et en mentionnent des extraits. Dont celui-ci: «La priorité absolue est de réduire le plus rapidement possible le nombre d'infections quotidiennes et de les stabiliser à un niveau bas afin d'éviter l'apparition d'une deuxième vague épidémique». Les experts de l'OFSP proposaient ensuite plusieurs actions à envisager, comme la fermeture des restaurants, des restrictions dans les déplacements, ou encore l'obligation de porter le masque.
Pas de transmission
Alain Berset devait transmettre le document des stratèges de l'OFSP à ses collègues du Conseil fédéral sous forme de «note de discussion» en vue des prochaines décisions du collège. Mais celui-ci ne serait jamais parvenu à ses pairs. Il aurait été retenu par le secrétariat général d'Alain Berset.
Questionnée sur ce point, la porte-parole du conseiller fédéral n’a pas indiqué s'il était lui-même à l’origine de cette décision, rapportent les journaux cités plus haut. La note aurait été bloquée car «le paquet de mesures proposé par l'OFSP devait être discuté au préalable avec les Cantons». L'histoire ne dit pas si Alain Berset a évoqué l'alerte des spécialistes avec les autres conseillers fédéraux.
Lien de cause à effet?
Lors de sa séance du 12 août 2020, le gouvernement a finalement décidé d’autoriser à nouveau les manifestations de plus de 1000 personnes à compter du 1er octobre, «à condition de respecter des mesures de protection sévères et d’obtenir l’autorisation des autorités cantonales».
Cité dans les colonnes du 24 Heures et consorts, l’épidémiologiste Christian Althaus, de l’Université de Berne, voit une relation claire entre le fait que Berne ait opté à ce moment-là pour un relâchement des mesures et l'apparition de la deuxième vague: «Nous avons manqué une occasion en été, déplore-t-il. L’assouplissement rapide des restrictions a permis au virus de se propager dans tout le pays. Puis, lorsque le temps s’est refroidi en automne, nous sommes partis d’un niveau beaucoup plus élevé que l’Allemagne, par exemple. En conséquence, le traçage des contacts a vite atteint ses limites, ce qui a probablement favorisé la montée rapide de l’épidémie».