Hausse continue Les 1,5°C de réchauffement ont été dépassés en 2023 et 2024

ATS

10.1.2025 - 06:46

Les deux dernières années ont dépassé en moyenne la limite de 1,5 degré Celcius de réchauffement fixée par l'accord de Paris, a annoncé vendredi l'observatoire européen Copernicus. Elles montrent une hausse continue et inédite des températures dans l'histoire moderne.

2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850 (archives).
2024 a été l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850 (archives).
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Keystone-SDA

Comme pressenti depuis des mois, et désormais confirmé par l'ensemble des températures jusqu'au 31 décembre, 2024 a bel et bien été l'année la plus chaude jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1850, a confirmé le service changement climatique (C3S) de Copernicus.

2025 ne s'annonce pas record, mais l'office météorologique britannique a prévenu que l'année devrait être l'une des trois plus chaudes enregistrées sur la planète. Les pays doivent annoncer cette année leurs nouvelles feuilles de route climatiques, remises à jour tous les cinq ans dans le cadre de l'accord de Paris sur le climat.

La réduction des gaz à effet de serre marque le pas dans certains pays riches, notamment aux Etats-Unis, où Donald Trump doit faire son retour à la présidente et où une baisse de seulement -0,2% a été enregistrée l'an dernier, selon un rapport indépendant.

Inédit depuis 120'000 ans

Selon Copernicus, la seule année 2024 mais aussi la moyenne des deux années 2023-2024 a dépassé 1,5 degré Celsius de réchauffement par rapport à l'ère pré-industrielle, avant que l'utilisation massive du charbon, du pétrole et du gaz fossile ne modifie en profondeur le climat. Cela ne signifie pas pour autant que la limite la plus ambitieuse de l'accord de Paris – observée sur au moins 20 ans – a été franchie, rappelle Copernicus.

Mais «cela souligne le fait que les températures mondiales grimpent au-delà de ce que les humains modernes ont connu». En effet, le réchauffement du climat actuel est inédit depuis au moins 120'000 ans, selon les scientifiques. C'est un «sérieux avertissement», juge Johan Rockström, directeur de l'institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact du climat (PIK).

«Nous avons eu un avant-goût d'un monde à 1,5 degré, avec des souffrances et des coûts économiques sans précédent pour les gens et l'économie mondiale, en raison d'événements extrêmes renforcés par l'activité humaine comme les sécheresses, les inondations, les incendies et tempêtes», dit-il à l'AFP.

Océans en surchauffe

Sur le plan économique, les catastrophes naturelles ont causé 320 milliards de dollars de pertes dans le monde l'an dernier, selon le réassureur Munich Re.

Contenir le réchauffement à 1,5 degré plutôt qu'à 2 degrés – la limite haute de l'accord de Paris – permettrait de limiter significativement ses conséquences les plus catastrophiques, selon le GIEC, les experts du climat mandatés par l'ONU.

«Chaque année de la dernière décennie est l'une des dix plus chaudes jamais enregistrées», alerte Samantha Burgess, directrice adjointe du C3S de Copernicus.

Les océans, qui absorbent 90% de l'excès de chaleur provoqué par l'humanité, ont aussi poursuivi leur surchauffe. La moyenne annuelle de leurs températures de surface – hors zones polaires – a atteint le niveau inédit de 20,87 degrés, battant le record de 2023.

Outre les impacts immédiats des canicules marines sur les coraux ou les poissons, cette surchauffe durable des océans, principal régulateur du climat terrestre, affecte les courants marins et atmosphériques.

«Entre nos mains»

Des mers plus chaudes libèrent davantage de vapeur d'eau dans l'atmosphère, fournissant de l'énergie supplémentaire aux typhons, ouragans ou tempêtes. Copernicus signale ainsi que le niveau de la vapeur d'eau dans l'atmosphère a atteint un niveau record en 2024, s'établissant environ 5% au-dessus de la moyenne 1991-2020.

L'année passée a pourtant vu la fin du phénomène naturel El Niño, qui induit un réchauffement planétaire et une augmentation de certains événements extrêmes, et une transition vers des conditions neutres ou le phénomène inverse, La Niña.

L'Organisation météorologique mondiale a déjà prévenu en décembre que ce dernier serait «court et de faible intensité» et insuffisant pour compenser les effets du réchauffement.

«Le futur est entre nos mains. Une action rapide et décisive peut toujours dévier la trajectoire de notre climat futur», souligne le directeur du service de Copernicus sur le changement climatique, Carlo Buontempo.