Pour les seniors Exercer son équilibre pour contrer les méfaits du vieillissement

uc, ats

22.1.2025 - 11:04

Chez les seniors, altération du contrôle moteur, troubles de la cognition ou du sommeil sont des maux fréquents. Une équipe fribourgeoise montre qu’entraîner son équilibre permet de contrer l’un des dysfonctionnements neurologiques à l’origine de ces pathologies.

L'étude a démontré, pour la première fois, que six mois d’entraînement de l’équilibre permettent de contrer un dysfonctionnement neurologique lié à l'âge (image d'illustration).
L'étude a démontré, pour la première fois, que six mois d’entraînement de l’équilibre permettent de contrer un dysfonctionnement neurologique lié à l'âge (image d'illustration).
ATS

Keystone-SDA, uc, ats

Les scientifiques emmenés par Yves-Alain Kuhn et Wolfgang Taube, de l’Université de Fribourg (UNIFR), se sont penchés sur un neurotransmetteur, l’acide gamma-aminobutyrique (GABA). Son rôle consiste à empêcher certains messages nerveux d’aller trop loin ou trop fort. Il agit comme une sorte de frein permettant au cerveau d’éviter une surcharge d’activités.

Ce rôle de frein, qui agit dans le cortex moteur, autrement dit dans la zone qui contrôle les mouvements, est connu sous le nom d’inhibition intracorticale GABAergique.

«Avec l’âge, cette inhibition fonctionne moins bien», explique Yves-Alain Kuhn, cité mercredi dans un communiqué de l'UNIFR. C’est ce dysfonctionnement qui est à l’origine, entre autres, des troubles de l’équilibre et de la perte du contrôle moteur chez les seniors.

Curieusement, chez les enfants aussi, cette inhibition est naturellement moins développée, ce qui contribue parfois à des mouvements plus désordonnés au début de l’apprentissage des mouvements. Cette capacité d’inhibition atteint son apogée à l’âge adulte, pour ensuite décliner progressivement avec le temps.

Des exercices efficaces

Pour mener à bien leur étude, les scientifiques ont scindé en deux groupes 40 personnes âgées entre 66 et 81. Dans le premier, 20 seniors ont suivi des exercices d’apprentissage de l’équilibre à raison de deux séances d’une heure par semaine, tandis que le second servait de groupe de contrôle.

Les seniors du premier groupe ont dû effectuer des exercices de plus en plus difficiles, par exemple marcher sur une surface instable comme des coussins, ou encore sur une planche oscillante ou même une slackline.

Au bout de six mois, l’équipe de scientifiques a observé une amélioration sensible de l’inhibition intracorticale (+16,5%) et des performances d’équilibre (+15%) dans le premier groupe par rapport au second.

«Nous avons ainsi pu démontrer, et cela pour la première fois, que les personnes âgées en bonne santé sont capables d’agir sur ce fameux déclin de l’inhibition intracorticale lié à l’âge, un processus qui n’a donc rien d’inéluctable», se réjouit le chercheur.

L’activité physique peut donc constituer un outil puissant pour rétablir l’équilibre entre les neurotransmetteurs excitateurs et inhibiteurs, même à un âge avancé. Des scientifiques allemands ont également contribué à ces travaux publiés dans The Journal of Physiology.