Regards croisés Cézanne et Renoir côte à côte à la Fondation Gianadda

zd, ats

19.7.2024 - 09:08

Une soixantaine d'oeuvres des deux maîtres de la peinture française Paul Cézanne (1839-1906) et Auguste Renoir (1841-1919) se répondent et se confrontent à la Fondation Gianadda. Un dialogue au sommet à voir jusqu'au 19 novembre.

Une personne regarde les tableaux "Femme nue dans un paysage" de l'artiste Pierre-Auguste Renoir et "Baigneuse aux cheveux longs" lors de la nouvelle exposition de la Fondation Gianadda à Martigny.
Une personne regarde les tableaux "Femme nue dans un paysage" de l'artiste Pierre-Auguste Renoir et "Baigneuse aux cheveux longs" lors de la nouvelle exposition de la Fondation Gianadda à Martigny.
KEYSTONE

Les deux peintres ont participé aux débuts de l’aventure impressionniste avant «de s'en libérer et de suivre leur propre voie. Avec rigueur et géométrie pour Cézanne. Avec souplesse et volupté pour Renoir», explique à Keystone-ATS Martha Degiacomi, historienne de l'art à la Fondation Gianadda.

Si leurs oeuvres sont très différentes, il n'y a rien d’artificiel au dialogue que propose cette exposition, précise l'experte. D'une part, il prolonge celui qui s’était noué entre les deux hommes dès le début de leur carrière; d'autre part, ce rapprochement, qui remonte au Salon d'automne de 1904 à Paris, rappelle l'influence qu'ils ont eue sur les maîtres de l'art moderne comme Picasso. Et les deux artistes avaient «les mêmes collectionneurs», glisse aussi Martha Degiacomi.

Un thème, deux styles

La première partie de l’exposition, intitulée «Cézanne – Renoir. Regards croisés», offre une comparaison détaillée des oeuvres en mettant côte à côte des tableaux traitant de thèmes similaires, comme les natures mortes, les paysages, les portraits et les baigneuses. Une manière de montrer «leurs approches singulières».

«Renoir a une manière de peindre sensuelle et exubérante. Lorsqu'il peint des tulipes, par exemple, on a l'impression qu'on pourrait les toucher», illustre Martha Degiacomi. De son côté, Cézanne peint «avec énormément de sobriété. Il se concentre sur l'aménagement des formes et des couleurs». La deuxième partie de l'accrochage explore l’évolution stylistique singulière des deux artistes, selon une démarche chronologique.

Héritage et influence

L'exposition se termine par «une ouverture sur l'héritage» des deux peintres et leur influence sur les artistes qui suivront. L'application de Cézanne dans la géométrisation des formes et la construction de l’espace – il écrit «il faut traiter la nature par le cylindre, la sphère et le cône» – annoncent le cubisme, détaille la fondation.

Renoir contribue lui «à façonner le cours de l’art moderne avec son exploration de la lumière, sa maîtrise du portrait et sa célébration des nus». Des éléments que l'on retrouve dans «Grand nu à la draperie» de Picasso qui accompagne la fin de l'exposition, souligne Martha Degiacomi.

Exposition «hors les murs»

La plupart des œuvres présentées sont conservées au musée de l’Orangerie et ont été rassemblées par le marchand d’art Paul Guillaume (1891-1934), puis par son épouse Domenica (1898-1977) après son décès. «Le corpus permet un panorama couvrant une grande partie de la carrière des deux peintres, des années 1870 jusqu’à leur mort», explique le musée français sur son site internet.

L'ensemble est complété par quelques apports provenant de la collection du musée d’Orsay. A Martigny, la fondation a aussi rajouté des oeuvres qui lui appartiennent. L'exposition, pensée par les musées de l’Orangerie et d’Orsay à Paris, a été présentée à Milan, puis ira, après son escale à en Valais, à Hong-Kong, Tokyo et Séoul.

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