«Aidez-nous!» Volodymyr Zelensky implore d'aider à «arrêter cette guerre»

ATS

17.3.2022 - 19:32

Le président ukrainien a imploré les Occidentaux d'aider à «arrêter cette guerre», au moment où une attaque russe faisait au moins 27 morts dans l'est du pays. Après 3 semaines, l'agression de Moscou ne donne aucun signe de répit malgré la poursuite de pourparlers.

«Un peuple est en train d'être détruit en Europe», a lancé Volodymyr Zelensky, s'adressant par visioconférence au Bundestag depuis la capitale ukrainienne bombardée. (archives)
«Un peuple est en train d'être détruit en Europe», a lancé Volodymyr Zelensky, s'adressant par visioconférence au Bundestag depuis la capitale ukrainienne bombardée. (archives)
KEYSTONE/AP

Les auteurs de crimes de guerre en Ukraine devront «rendre des comptes» devant la justice internationale, ont de leur côté averti les ministres des Affaires étrangères du G7 dans une déclaration commune, soulignant que la «collecte de preuves» était en cours.

«Un peuple est en train d'être détruit en Europe», a lancé Volodymyr Zelensky, s'adressant par visioconférence au Bundestag depuis la capitale ukrainienne bombardée. «Aidez-nous à arrêter cette guerre!», et à détruire le nouveau «mur» que veut imposer Moscou, a-t-il ajouté, ovationné par les députés allemands.

L'Ukraine vit depuis trois semaines au rythme des annonces de frappes russes meurtrières sur ses villes. Dernière en date, une frappe d'artillerie a fait au moins 21 morts jeudi matin à Merefa, près de la ville assiégée de Kharkiv (est).

«Une école et un centre culturel ont été détruits. 21 personnes ont été tuées et 25 blessées dont 10 sont dans un état grave», a annoncé le parquet régional.

Bombes à sous-munitions

Au moins six personnes sont aussi mortes dans des tirs de bombes à sous-munitions dans un village à une cinquantaine de kilomètres au nord de Kharkiv, Kozacha Lopan, a par ailleurs affirmé le maire du village voisin de Derguatchi, Vyatcheslav Zadorenko, sur Facebook.

«Les occupants ont bombardé la gare, des magasins, des pharmacies et d'autres bâtiments civils dans le centre du village», a-t-il détaillé, précisant que les infrastructures militaires n'avaient en revanche pas été endommagées.

Théâtre visé à Marioupol

Les regards étaient également tournés jeudi vers Marioupol, ville portuaire du sud-est assiégée et où Volodymyr Zelensky a accusé mercredi l'aviation russe d'avoir «sciemment» bombardé un théâtre où étaient réfugiés des centaines d'habitants.

«Le monde doit finalement admettre que la Russie est devenue un Etat terroriste», avait-il ajouté. La mairie de ce port stratégique sur la mer d'Azov, selon laquelle «plus d'un millier» de personnes se trouvaient dans un abri antiaérien sous le théâtre, a indiqué jeudi après-midi ne pas connaître encore le bilan de cette frappe qui a détruit en grande partie le bâtiment.

La Russie a quant à elle affirmé ne pas avoir bombardé la ville, et que l'immeuble avait été détruit par le bataillon nationaliste ukrainien Azov.

La ville écrasée sous les bombes

Selon la mairie de Marioupol cependant, la situation est «critique» avec des bombardements russes «ininterrompus» et des destructions «colossales». «Selon les premières estimations, environ 80% du parc de logement de la ville a été détruit» par les bombardements, a ajouté la municipalité.

«Plus de 350'000 habitants de Marioupol continuent de se cacher dans des abris et des sous-sols à cause des bombardements continus», a encore indiqué la mairie, selon laquelle 30'000 habitants ont pu quitter la ville en une semaine.

Plus de 2100 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre à Marioupol, selon les Ukrainiens. Des personnes ayant réussi à fuir ont raconté avoir fait fondre de la neige pour boire et cuire le peu de nourriture disponible sur des braseros.

Aide militaire massive

A Washington, répondant à une journaliste, le président américain Joe Biden a accusé son homologue russe Vladimir Poutine d'être «un criminel de guerre». Des propos «inacceptables et impardonnables», a répliqué le Kremlin.

Auparavant, M. Biden avait confirmé mercredi que son pays fournirait à Kiev 800 millions de dollars de plus d'aide militaire, soit une enveloppe d'un milliard de dollars en une semaine. Il a aussi indiqué que Washington allait aider l'Ukraine à se doter de systèmes de défense antiaérienne supplémentaires et de plus longue portée.

Cette assistance militaire doit aider Kiev à continuer à résister aux forces russes.

Bombes à sous-munitions

Depuis le début de l'invasion russe le 24 février, ces dernières n'ont encore revendiqué la prise d'aucune grande ville ukrainienne, même si elles ont nettement progressé dans le sud et semblent avancer dans l'est du pays.

Selon HRW, les forces russes ont notamment utilisé des bombes à sous-munitions les 7, 11 et 13 mars, sur la ville de Mykolaïv, proche d'Odessa. Neuf personnes sont mortes le 13 mars, qui faisaient la queue à un distributeur, selon l'organisation.

Au nord de Kiev, à Tcherniguiv, dix personnes qui attendaient pour acheter du pain sont mortes lorsque des forces russes ont ouvert le feu, a affirmé mercredi le Parquet général ukrainien. Moscou a nié, accusant là aussi des «nationalistes ukrainiens». Selon le gouverneur militaire régional, 53 corps au total ont été amenés à la morgue mercredi.

A Novi Petrivtsi, dans la région de Kiev, une frappe à l'artillerie lourde a causé la mort d'un enfant de deux ans et blessé quatre personnes, selon la police régionale. .

Kharkiv aussi sous les bombes

Les bombardements se poursuivent aussi sur Kharkiv, deuxième ville du pays, où au moins 500 personnes ont été tuées depuis le début de la guerre.

A Kiev, une frappe sur un immeuble a tué une personne jeudi à l'aube. La capitale s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants.

Plus de cent enfants tués

Aucun bilan global n'a jamais été fourni, même si le président Zelensky a mentionné le 12 mars la mort d'"environ 1300» militaires ukrainiens, tandis que Moscou a rapporté près de 500 morts dans ses rangs le 2 mars.

Cent-huit enfants ont été tués et 120 blessés dans le pays depuis l'invasion russe, a indiqué jeudi le Parquet général ukrainien. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) dénonce en particulier les nombreuses attaques contre des infrastructures de santé.

Plus de trois millions d'Ukrainiens ont déjà pris les routes de l'exil, en grande majorité vers la Pologne. Des milliers d'entre eux poursuivent leur voyage vers d'autres pays. Près de 8000 personnes se sont notamment enregistrées en Suisse depuis le début de l'invasion.

Moscou balaie l'ordre de la CIJ

Dans ce contexte, la Cour internationale de justice (CIJ), plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à Moscou d'immédiatement interrompre ses opérations militaires.

Décision balayée jeudi par le Kremlin. Vladimir Poutine a martelé mercredi dans un discours que l'offensive était «un succès», et comparé les sanctions occidentales à «un blitzkrieg» contre la Russie.

Son porte-parole Dmitri Peskov a affirmé jeudi que la «majorité écrasante» des Russes soutenaient la ligne décidée par Vladimir Poutine.

Les autres sont des «traîtres». Le conflit les révèle, permettant une «purification» de la société, a-t-il ajouté, alors que nombre de Russes opposés au Kremlin ont quitté le pays depuis le début de l'offensive.

«Accord de sécurité collective»

Malgré la détermination qu'affichent les deux camps, des pourparlers se poursuivent en parallèle par visioconférence au niveau de délégations.

Le minisre turc des Afaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, en visite à Lviv dans l'ouest de l'Ukraine, a indiqué que Kiev avait «fait une offre sur l'accord de sécurité collective: P5 (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, ndlr), plus Turquie et Allemagne».

«Lors de mes contacts à Moscou hier, j'ai vu que la Fédération de Russie n'y voyait aucune objection et qu'elle pouvait accepter une telle offre», a précisé le ministre.

Kiev veut des garanties

La veille, l'Ukraine avait rejeté la proposition russe d'un simple statut de pays neutre, exigeant des «garanties de sécurité absolues».

Frappée par de très lourdes sanctions, la Russie a cependant apparemment échappé pour l'instant au défaut de paiement sur sa dette: selon une source proche du dossier, la banque JPMorgan a bien reçu le paiement d'une tranche d'intérêts de 117,2 millions de dollars qui arrivait à échéance.

La guerre en Ukraine pourrait coûter un point à la croissance mondiale en un an si ses effets se prolongent sur les marchés énergétiques et financiers, et pousser l'inflation d'environ 2,5 points supplémentaires, a estimé l'OCDE.

ATS