L'Organisation mondiale de la santé (OMS) déplore le manque d'engagement financier des Etats pour limiter les effets du changement climatique sur la santé. Une étude dévoilée mardi à Genève révèle que très peu se sont dotés des moyens d'appliquer leurs objectifs.
La COP25 en Espagne constitue «un moment très crucial pour la santé aussi», a relevé devant la presse la directrice de la santé publique à l'OMS, Maria Neira. Le changement climatique est «une crise de santé» qui peut provoquer jusqu'à 250'000 décès supplémentaires par an.
Selon des études précédentes, les bénéfices pour la santé d'une réduction des émissions de CO2 atteindraient le double du coût de la mise en oeuvre du dispositif pour l'atteindre. Et environ un million de personnes pourraient être sauvées d'ici 2050.
Pour la première fois, l'OMS a dévoilé mardi un rapport sur les engagements nationaux des pays sur le climat et la santé. Plus de 100 d'entre eux ont répondu mais pas la Suisse, ni un certain nombre de grands acteurs comme les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France ou des Etats très affectés par la pollution.
La moitié des pays qui ont participé ont établi une politique ou un plan national sur les effets du changement climatique pour la santé. Mais à peine un peu plus d'un tiers d'entre eux ont engagé des financements pour commencer à les appliquer. Pire encore, moins de 10% ont lancé un dispositif qui permettra de les mettre en oeuvre entièrement.
Acteurs internationaux ciblés
Le changement climatique va alourdir la «facture» à l'avenir, déplore le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus. Il appelle à oeuvrer immédiatement pour préserver la santé. Santé mentale, décès dus aux désastres météorologiques, maladies alimentaires ou hydriques comme le choléra constituent autant de menaces identifiées par les Etats.
Mais 60% des pays qui ont répondu relèvent que, malgré ces composantes, la santé n'est pas suffisamment connectées aux initiatives nationales et internationales sur le climat. Les ministres de la santé devraient participer aux discussions, insiste Mme Neira. Et les fonds devraient venir d'acteurs internationaux comme le Fonds vert pour le climat et ne pas ajouter une «charge» supplémentaire sur le système de santé, selon elles.
La seule exposition à la pollution de l'air coûte au total 5000 milliards de dollars dans le monde. Et la directrice relève que des centaines de milliards de dollars de subventions sont attribués aux énergies non renouvelables. Celles-ci constituent le principal problème qui alimente les effets du changement climatique sur la santé, affirme un responsable de cette question à l'OMS, Diarmid Campbell-Lendrum.
Certains pays insulaires affectés par le réchauffement ont lancé des initiatives positives comme le réaménagement d'hôpitaux ou le recours aux énergies renouvelables dans les centres de santé. Mais les acteurs de la santé, des transports ou de l'énergie collaborent dans moins de 25% des Etats qui ont répondu. Seules 20% des contributions nationales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre mentionnent la santé. Les avantages sur cette question ne font de leur côté partie que de 10% des actions des pays.
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