Migrants Un nourrisson meurt lors d'un naufrage dans la Manche

fazw

18.10.2024 - 20:16

Un nourrisson est décédé jeudi soir au large de Wissant (Pas-de-Calais) dans le naufrage d'une embarcation surchargée de personnes tentant de rejoindre clandestinement l'Angleterre, a indiqué la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord à l'AFP vendredi.

Des migrants sur un bateau pneumatique lors de la traversée de la Manche entre la France et l'Angleterre (Archives).
Des migrants sur un bateau pneumatique lors de la traversée de la Manche entre la France et l'Angleterre (Archives).
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Keystone-SDA, fazw

Lors d'une opération pour récupérer des migrants tombés à l'eau, «65 personnes ont été récupérées saines et sauves. Après recherche, un nourrisson a toutefois été retrouvé inconscient dans l'eau. Il est malheureusement décédé», précise la préfecture maritime.

L'embarcation «se déchirait en son centre, les passagers tombant à l'eau pour certains, alors que d'autres se maintenaient aux éléments pneumatiques», a expliqué à l'AFP le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.

Le nourrisson, âgé de quatre mois et probablement originaire du Kurdistan irakien, était à bord «avec ses parents et deux autres enfants», a dit le procureur. «Les naufragés étaient essentiellement de nationalité iranienne, irakienne, albanaise, érythréenne», a-t-il ajouté.

Les secours ont pris en charge 68 personnes, soit «52 hommes, 12 femmes et quatre enfants (...), essentiellement de nationalité iranienne, irakienne, albanaise, érythréenne», selon le procureur.

Dans le cadre d'une enquête ouverte notamment pour «homicide involontaire par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence», les services de l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) «procèdent aux auditions de 50 naufragés en qualité de témoins», a indiqué M. Le Bras.

Noyades et bousculades mortelles, sur des canots surchargés à bord desquels peu de passagers ont un gilet de sauvetage, ont fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début en 2018 du phénomène des small boats, ces embarcations de fortune utilisées pour tenter de rejoindre l'Angleterre.

Au moins 52 personnes sont mortes depuis le début de l'année, selon un comptage effectué par l'AFP sur la base de chiffres officiels.

Canots surchargés

Les associations ont appelé jeudi soir «sept fois le Cross pour signaler des embarcations en détresse (soit environ 400 personnes) pour lesquelles les secours sont intervenus», a assuré dans un communiqué l'association Utopia 56.

Les traversées clandestines à bord de canots se sont développées à mesure que les accès par le tunnel sous la Manche et au port de Calais ont été verrouillés.

Les tentatives de monter à bord de camions pour emprunter clandestinement le tunnel ou un ferry continuent mais les «small boats» constituent le principal moyen utilisé par les migrants, «quasiment (...) à 90%», selon M. Le Bras.

Les embarcations arrivées sur les côtes britanniques depuis le 1er janvier comptent en moyenne 53 passagers chacune, contre seulement 13 en 2020, selon des chiffres officiels britanniques.

Plus de 26'000 migrants sont arrivés en Angleterre après avoir traversé la Manche depuis le début de l'année, selon les autorités britanniques.

Le gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer a promis de s'attaquer à l'immigration illégale en augmentant le nombre des expulsions de migrants et en luttant contre les passeurs.

La question migratoire est régulièrement remise au coeur du débat en Europe sur fond de progression des idées et des scores électoraux de l'extrême droite. Au cours d'un sommet jeudi à Bruxelles, les 27 pays de l'UE ont décidé de durcir les règles contre l'immigration irrégulière, prévoyant d'"urgence» une loi pour accélérer les expulsions après des discussions qui ont aussi mis en lumière de vifs désaccords entre Etats membres.

Ce nouveau décès est intervenu peu avant que le premier ministre français Michel Barnier, ne se rende à la frontière franco-italienne pour parler immigration. Il a souligné que le transfert de migrants vers des pays tiers, comme l'Italie a commencé à le faire avec l'Albanie, n'est pas «transposable» en France.