L'Iran fait face dimanche à une série d'appels de célébrités et groupes de défense des droits humains pour que soit libérée l'actrice et militante Taraneh Alidoosti, personnalité la plus renommée arrêtée en lien avec le mouvement de contestation agitant le pays depuis trois mois.
Figure du cinéma iranien, Taraneh Alidoosti, 38 ans, a été arrêtée samedi pour des publications en soutien aux protestations, dénonçant notamment l'exécution de manifestants ou dans lesquelles on la voit enlever son voile.
Plusieurs personnalités iraniennes ont également été interpellées, dont des acteurs, mais Taraneh Alidoosti jouit d'une renommée internationale pour avoir joué dans des films primés du réalisateur Asghar Farhadi, dont «Le client», Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017.
Actrice depuis son adolescence, elle a aussi joué dans le film de Saeed Roustayi «Leïla et ses frères», présenté cette année au Festival de Cannes.
«La courageuse actrice d'Iran a été arrêtée», a écrit sur Instagram sa consoeur Golshifteh Farahani, qui a débuté sa carrière en Iran avant de fuir.
«Taraneh Alidoosti est l'une des actrices les plus talentueuses et reconnues d'Iran», a écrit Cameron Bailey, directeur du festival du film de Toronto, au Canada. «J'espère qu'elle sera libérée bientôt pour continuer à représenter la force du cinéma iranien».
«Le pouvoir des voix des femmes terrifie»
La justice iranienne a indiqué samedi que des «célébrités» avaient été arrêtées «à la suite de commentaires sans fondement sur les événements récents et la publication de matériel provocateur soutenant des émeutes de rue».
«Taraneh Alidoosti qui n'a pas fourni de documents à l'appui de certaines de ses allégations» fait partie des personnes arrêtées, a déclaré l'agence de l'autorité judiciaire, Mizan Online.
Le mois dernier, deux autres actrices ayant exprimé leur solidarité avec le mouvement de contestation et retiré leurs voiles en public avait été arrêtées, Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi. Elles ont été libérées sous caution depuis.
«Des femmes sont arrêtées et emprisonnées en Iran pour avoir refusé de porter le hijab obligatoire, dont des actrices célèbres comme Taraneh Alidoosti. Le pouvoir des voix des femmes terrifie les dirigeants de la République islamique», a estimé le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), basé à New York.
L'actrice avait notamment dénoncé le 8 décembre la pendaison de Mohsen Shekari.
«Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l'humanité», avait-elle écrit sur sa page Instagram, suivie par plus de huit millions de personnes et qui n'était plus accessible dimanche.
En novembre, elle avait promis de rester dans son pays, de «payer le prix» qu'il faudrait pour défendre ses droits et d'arrêter de travailler pour soutenir les familles des personnes tuées ou arrêtées lors des manifestations.
Depuis le 16 septembre
Plusieurs personnalités du cinéma iranien ont été inquiétées ou arrêtées par les autorités avant même l'actuelle vague de contestation, comme les réalisateurs Mohammad Rasoulof et Jafar Panahi, toujours en détention.
La contestation en Iran a été déclenchée par la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, strict pour les femmes.
Depuis, des centaines de personnes ont été tuées, des milliers arrêtées et deux hommes de 23 ont été pendus en lien avec les troubles.
ATS