Des délégations russe et ukrainienne ont repris mardi leurs pourparlers, alors que les frappes russes se multiplient sur Kiev et que l'offensive russe gagne l'ensemble du pays, jetant sur les routes de l'exil plus de trois millions d'Ukrainiens.
Les frappes russes ont visé un quartier résidentiel de Kiev.
La ville de Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants depuis le début du conflit le 24 février.
Plus de 3 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Ici, une fillette réfugiée à son arrivée à Cizur Menor, dans le nord de l'Espagne.
Une cérémonie funéraire pour quatre militaires ukrainiens morts sous les bombes russes à Lviv.
Les frappes sur Kiev et d'autres villes d'Ukraine s'intensifient - Gallery
Les frappes russes ont visé un quartier résidentiel de Kiev.
La ville de Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de ses 3,5 millions d'habitants depuis le début du conflit le 24 février.
Plus de 3 millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Ici, une fillette réfugiée à son arrivée à Cizur Menor, dans le nord de l'Espagne.
Une cérémonie funéraire pour quatre militaires ukrainiens morts sous les bombes russes à Lviv.
De son côté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé qu'il fallait «reconnaître» que l'Ukraine ne pourra pas adhérer à l'Otan, alors que cette question était un des motifs avancés par la Russie pour justifier son invasion.
Mardi matin, quatre personnes ont été retirées mortes et une quarantaine d'autres dégagées vivantes d'un immeuble d'un quartier ouest de Kiev, Sviatochine, selon un bilan des autorités locales.
Le bâtiment de 15 étages s'est embrasé mardi après avoir été touché par une frappe, selon les services de secours ukrainiens.
Un autre immeuble a été touché dans le quartier nord-ouest de Podil, plus proche du centre-ville, faisant un blessé.
Plus au sud, le quartier d'Ossokorky a également subi des dégâts, selon un photographe de l'AFP.
La capitale vit «un moment dangereux et difficile», a déclaré le maire de Kiev, Vitali Klitschko, décrétant un couvre-feu de mardi 20h00 (19h00 suisses) à jeudi 07h00 (06h00 suisses).
Kiev, que les forces russes tentent d'encercler, s'est vidée d'au moins la moitié de ses quelque trois millions d'habitants depuis le début du conflit le 24 février.
«Négociations en cours»
La ville désertée attendait néanmoins la visite des Premiers ministres polonais Mateusz Morawiecki, tchèque Petr Fiala et slovène Janez Jansa, partis de Pologne mardi, en train, pour rencontrer le président Zelensky et le Premier ministre Denys Chmygal, selon un communiqué de la présidence polonaise.
L'objectif de cette visite est de «réaffirmer le soutien sans équivoque de l'ensemble de l'Union européenne» à l'Ukraine, et de lui «présenter un vaste ensemble de mesures de soutien».
On ignorait à quelle heure ils pourraient arriver. Peu après 11h00 GMT (12h00 suisses), ils venaient de passer Lviv, à 550 km à l'ouest de Kiev, selon le cabinet du Premier ministre polonais.
Cette visite, la première annoncée de dirigeants étrangers depuis le début de la guerre, intervient alors qu'ont repris mardi après-midi des pourparlers russo-ukrainiens, après environ 24 heures de pause.
«Les négociations sont en cours», a déclaré sur Twitter Mykhaïlo Podoliak, négociateur-en-chef côté ukrainien. Au menu des discussions figurent notamment «un cessez-le-feu et le retrait des troupes» russes du territoire ukrainien.
Ces discussions se déroulent par visioconférence, après trois rounds en présentiel au Bélarus voisin puis une rencontre jeudi en Turquie des chefs des diplomaties russe et ukrainienne.
Le Kremlin a estimé mardi prématuré tout «pronostic», tandis qu'un conseiller de la présidence ukrainienne jugeait possible un accord de paix d'ici «fin mai».
Ce week-end, les deux parties s'étaient montrées plus optimistes.
Le président Zelensky a semblé faire une concession importante, disant qu'il fallait admettre que l'Ukraine ne rejoindra jamais l'Otan, quelques jours après avoir dit avoir «tempéré sa position» sur la question de l'adhésion.
«Nous avons entendu pendant des années que les portes étaient ouvertes, mais nous avons aussi entendu que nous ne pourrions pas adhérer. C'est la vérité et il faut le reconnaître», a déclaré le président ukrainien lors d'une réunion avec des responsables occidentaux.
Vladimir Poutine avait justifié en partie l'invasion de l'Ukraine par la crainte de voir cette ex-république soviétique rejoindre l'alliance militaire occidentale qu'il considère comme une menace existentielle pour la Russie.
Trois millions de réfugiés
En attendant une éventuelle percée dans les discussions, la Russie élargit néanmoins son offensive à l'ensemble du pays, après avoir évoqué lundi «la possibilité de prendre sous contrôle total (les) grandes villes qui sont déjà encerclées».
L'offensive vise désormais aussi l'ouest du pays. Après des frappes sur une base militaire proche de la Pologne dimanche, une frappe lundi contre une tour de télévision près de Rivne a fait 19 morts, selon le dernier bilan mardi des autorités locales.
Les combats se rapprochent aussi de la grande ville de Dnipro, stratégique pour sa situation centrale sur le fleuve Dniepr. Son aéroport a été bombardé et largement détruit dans la nuit de lundi à mardi, selon son maire.
Dans le sud du pays, les Russes tentent toujours de prendre Marioupol, ville portuaire stratégique sur la mer d'Azov, assiégée depuis des jours, selon l'état-major ukrainien.
Quelque 2000 véhicules ont pu quitter mardi la ville en direction de Zaporojie via un couloir humanitaire, en plus de 160 voitures lundi, selon la municipalité. Mais jusqu'à 300'000 personnes sont coincées, terrées dans des caves et privées de tout.
Plus à l'ouest, Mykolaïv, dernier verrou sur la route d'Odessa, sur la mer Noire, est aussi régulièrement bombardée.
Deux convois d'au moins 80 bus ont pu quitter la ville de Soumy, à 350 km de Kiev, pour évacuer de nombreux civils vers Loubny, au centre du pays. Le dispositif, approuvé par les parties, a été facilité mardi après-midi par la Croix-Rouge.
En près de trois semaines de conflit, plus de trois millions de personnes ont fui l'Ukraine, majoritairement vers la Pologne, a indiqué mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Dont 1,4 million d'enfants, soit «pratiquement un enfant par seconde», selon l'Unicef.
Irruption télévisée
En Russie, dans un rare moment de protestation publique, une femme, identifiée par l'ONG OVD-Info comme Marina Ovsiannikova, a fait irruption lundi soir sur le plateau d'une grande chaîne de télévision russe pour laquelle elle travaillait avec une pancarte critiquant l'offensive en Ukraine.
La protestataire a été arrêtée, le Kremlin dénonçant un acte de «hooliganisme». Le président français Emmanuel Macron a indiqué que la France allait «lancer des démarches» pour lui accorder «une protection consulaire» soit l'asile.
Dans l'immédiat, elle est jugée mardi pour avoir manifesté illégalement et risque 10 jours de détention. Marina Ovsiannikova risque toujours aussi des poursuites pénales passibles de lourdes peines de prison, aux termes d'une récente loi réprimant toute «fausse information» sur l'armée russe
Nouvelles sanctions
Après trois semaines de guerre, un quatrième train de sanctions de l'Union européenne devait entrer mardi en vigueur, incluant des mesures contre l'accès aux marchés, les exportations de biens de luxe ou l'appartenance à des institutions financières internationales.
Un yacht d'un oligarque russe d'une valeur de près de 128 millions d'euros a notamment été immobilisé lundi à Barcelone (Espagne) dans le cadre de ces sanctions, selon le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. «Et d'autres sont à venir», a-t-il prévenu.
Le gouvernement britannique a aussi annoncé de nouvelles sanctions, avec notamment des droits de douane punitifs sur la vodka et une interdiction d'exporter des produits de luxe vers la Russie.
Les trains de sanctions occidentales précédents ont déjà gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes à l'étranger, qui pourraient empêcher la Russie d'honorer plusieurs échéances de paiement de dettes en devises étrangères en mars-avril.
ATS