Late Night USAL’effet Trump: être un menteur compulsif tout en restant susceptible
Philipp Dahm
16.3.2019
On pourrait appeler cela l’«effet Trump»: les frasques permanentes du président américain font que ses mensonges n’agacent désormais plus personne. Alors que de son côté, même les choses les plus banales l’irritent.
Si Stephen Colbert et Seth Meyers distancent clairement leurs concurrents dans les late shows aux Etats-Unis, ces chefs de file ont dernièrement été laissés sur le carreau dans la course à l’humour et à la prégnance: faisons place aujourd’hui à Trevor Noah et Jimmy Kimmel – rideau levé, roulement de tambour!
«The Daily Show with Trevor Noah»
«Nous n’avons pas fait d’émissions la semaine dernière, ce qui est toujours un risque à l’ère de Donald Trump», lance Trevor Noah en ouverture de son «Daily Show». «L’actualité va en effet si vite. Au bout de cinq jours, nous pourrions revenir et dire: "Le président [Donald] Trump et le vice-président Flavor Flav viennent d’annoncer qu’ils vont reprendre Seattle au Mexique."»
Une boutade – mais en réalité, pas vraiment. Le président en exercice est tellement imprévisible et instable que personne ne serait surpris s’il confiait un poste au rappeur du groupe Public Enemy.
Tout comme les mensonges de l’homme fort à la Maison-Blanche ne peuvent plus choquer personne. Et dans ce cas, il n’est pas question de l’idée que tous les politiciens mentent partout et tout le temps – personne n’admettra en effet que les représentants des peuples disent toujours la vérité. C’est plutôt que nous nous sommes habitués au fait que cet homme ne peut manifestement s’empêcher de pipeauter, que ce soit à propos des armes nucléaires américaines ou même dans des situations banales. Comme lors de son impair avec «Tim Apple».
«Vous savez ce que j’aime là-dedans? C’est tout simplement stupide. C’est tout simplement une erreur drôle et stupide que [Donald] Trump a commise», explique Trevor Noah. L’histoire pourrait déjà s’arrêter là, poursuit le présentateur. «Cela aurait pu être juste un lapsus marrant: on rigole et on passe à autre chose. Mais comme Donald, ce menteur compulsif, ne peut rien laisser passer, il a tweeté ça ce matin. »
At a recent round table meeting of business executives, & long after formally introducing Tim Cook of Apple, I quickly referred to Tim + Apple as Tim/Apple as an easy way to save time & words. The Fake News was disparagingly all over this, & it became yet another bad Trump story!
«Vraiment, Donald? C’est vraiment ce que tu as fait? Tu as gagné du temps en prononçant une phrase confuse et en rédigeant quelques jours plus tard une longue explication dans un tweet? Et puis surtout, depuis quand [Donald] Trump se soucie-t-il de gagner du temps? Personne ne gaspille plus de temps que lui: il passe autant de temps sur les terrains de golf que Tiger Woods. Et autant de temps avec des stars du porno que Tiger Woods.»
Mais alors que l’homme de 72 ans veut nous faire croire que l’épisode «Tim Apple» est une «fake news», il y a de véritables «fake news» qui émanent de l’entourage du président, comme la fable de la fausse Melania (à partir de 2’00’’ dans la vidéo ci-dessous ou sur «20 Minuten»). Des rumeurs vont en effet dans ce sens depuis 2017 – et l’existence d’une sosie de Melania Trump a toujours été réfutée.
«Pourquoi voit-on cela aux informations?, s’interroge Trevor Noah. Arrêtons avec la fausse Melania, c’est faux. Par contre, il y a quelque chose de louche sur [sa] photo: [Donald Trump et elle] se tiennent la main.» En revanche, la famille aimerait que l’affaire Robert Kraft soit une «fake news» (à partir de 3’45’’ dans la vidéo ci-dessous): le propriétaire de l’équipe de football américain des New England Patriots et confident de Trump a été inculpé après la découverte en Floride d’un réseau dans lequel des femmes forcées de se prostituer étaient déployées dans des salons de massage.
Le problème est que Li «Cindy» Yang, propriétaire d’un salon de massage, a posté sur Internet des photos prises avec le président en personne et parfois ses fils. Cindy Yang chez Donald Trump, à Mar-a-Lago? Ce serait périlleux, selon Trevor Noah. Pour elle aussi, si le président venait à commettre la même erreur qu’avec Tim «Apple» Cook, explique-t-il: «Trump pourrait [la présenter ainsi]: "Voici mon amie Cindy Spa-Branlette."»
Une situation pénible pour le républicain: Cindy Yang disposerait également d’un cabinet de conseil proposant à des clients chinois un accès à Donald Trump à Mar-a-Lago. La société pourrait même organiser des soupers à la Maison-Blanche.
«Nom de Dieu, comment se fait-il que chaque scandale mène d’une manière ou d’une autre à Donald Trump?, se demande Trevor Noah. […] Et au fond, c’est à cela que ressemble notre monde à l’heure actuelle: un type riche ne peut pas s’astiquer le manche sans que cela ne mène à un possible détournement de fonds de campagne. Même si le président Trump n’est jamais allé dans ce salon de massage, ils l’ont pourtant niqué quelque part.»
Jimmy Kimmel Live
Jimmy Kimmel a lui aussi observé la manière dont Donald Trump a géré «les répercussions du "Tim-Applegate"». «Il a déclaré lors d’une collecte de fonds du Parti républicain qu’il avait dit "Tim Cook Apple", mais que le mot "Cook" avait été prononcé si vite qu’il était imperceptible.» Heureusement qu’il y a des caméras: même au ralenti et avec toute la bonne volonté du monde, on n’entend pas «Cook».
«Il est clair qu’il ne dit pas la vérité, mais le problème est le suivant: il y a eu toutes ces choses sérieuses pour lesquelles Trump a menti sans que personne ne s’en soit soucié. Là, il a fait un lapsus, mais là aussi, il doit mentir. Il ment comme un enfant de quatre ans qui s’est peinturluré le visage. On lui demande: "Tu t’es dessiné dessus?" Et il répond: "Oh, non."»
A partir de 1’44’’ dans la vidéo ci-dessous, Jimmy Kimmel cite également le précédent tweet publié par Donald Trump. «Nous savons d’après ses discours de deux heures que le président déteste perdre du temps avec des mots. Comment peut-on être aussi susceptible? Est-ce peut-être à cause d’un produit chimique qu’il utilise comme autobronzant?» Donald Trump se doit aussi d’expliquer le selfie que Li «Cindy» Yang a fait avec lui, poursuit-il. Une autre photo prise à deux a même été signée par le président. Selon Jimmy Kimmel, il est clair qu’il existe un lien entre les deux.
A partir de 3’13’’ dans la vidéo ci-dessous, le présentateur dévoile tout d’abord un président pataud en train d’attendre, avant de le montrer en train de signer des autographes sur des Bibles en Alabama. «Quel genre de complexe divin faut-il avoir pour signer les Saintes Ecritures directement sur la couverture? Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il n’ajoute son nom en bas de la déclaration d’indépendance.»
Les late shows aux Etats-Unis – comprendre l’Amérique
50 Etats, 330 millions d’habitants et encore plus d’opinions: comment «comprendre l’Amérique»? Pour garder une vue d’ensemble sans s’échouer, il faut un phare. Les stars des late shows offrent probablement la meilleure aide à la navigation: ce sont de parfaits pilotes qui explorent implacablement les bas-fonds du pays et des gens, et qui servent à notre auteur Philipp Dahm de boussoles indiquant sur le ton de l’humour l’état d’esprit des Américains.
En 1978, Donald Trump, à gauche, présente des plans de construction à New York.
Photo: Keystone
Le 16 novembre 1990, lors d'une conférence de presse organisée à New York, Donald Trump s'exprime au sujet de l'opération qui permettra au Taj Mahal, son casino d'Atlantic City, New Jersey, de bénéficier de la protection du tribunal des faillites.
Photo: Keystone
Ivana Trump a été la première femme de Donald. Ils se sont mariés en 1977. Ivana, née dans l'ancienne République de Tchécoslovaquie, est une ancienne gloire du ski et du mannequinat. Elle est la mère des trois premiers enfants de Donald Trump.
Photo: Keystone
Marla Maples a été la deuxième épouse de Donald Trump. Une petite fille est d'ailleurs née de leur union. Tiffany Ariana Trump a vu le jour à West Palm Beach, en Floride, le 13 octobre 1993. Le couple s'est ensuite marié le 20 décembre 1993, à l'hôtel The Plaza de New York City. D'après ce qu'on dit, des milliers d'invités étaient présents.
Photo: Keystone
Donald Trump avec sa femme de l'époque Marla Maples et leur fille Tiffany.
Photo: Keystone
L'homme d'affaires a toujours adoré se faire photographier avec les participantes du concours de Miss Univers . Comme ici, en 1998, à Honolulu, Hawaï .
Photo: Keystone
Donald Trump, l'homme d'affaires. Il s'était déjà présenté une première fois aux élections présidentielles américaines en 2000. Il s'était alors porté candidat pour le «Reform Party», qu'il souhaitait représenter dans la course à la Maison-Blanche. Cependant, Donald Trump avait fini par retirer sa candidature quelques mois plus tard.
Photo: Keystone
Trump s'est également frotté au monde de la boxe. En 2002, il dévoile fièrement le prix du vainqueur lors d'une conférence de presse donnée à Atlantic City.
Photo: Keystone
Donald Trump aime attirer l'attention sur lui. Ici, en 2004, il effectue le premier lancer de balle lors d'un match de baseball opposant les Astros de Houston aux Yankees de New York.
Photo: Keystone
Donald Trump plaisante avec le président équatorien Lucio Guitierrez pendant l'élection de Miss Univers, organisée à Quito en 2004. Donald Trump a revendu l'ensemble de ses parts du concours de beauté en 2015.
Photo: Keystone
Melania, née Knauss, est sa troisième épouse. Les deux tourtereaux se sont mariés en 2005. Ce cliché a été pris à New York en 2004.
Photo: Keystone
Offensif et sans pitié face à l'échec – voilà comment se présente Donald Trump. Ici, lors d'une visite du légendaire «St. Andrews Golfclub» en Écosse, en avril 2006.
Photo: Keystone
«You're fired» (T'es viré!), telle était la célèbre réplique de Donald Trump dans l'émission télévisée «The Apprentice». Le programme a reçu de nombreux prix. Ici, Donald Trump participe aux Emmy Awards en compagnie de sa femme Melania
Photo: Keystone
Donald Trump a toujours voulu s'essayer à de nouveaux domaines d'activité. Ici, en tentant de damer le pion au célèbre jeu du Monopoly avec son Trump Game.
Photo: Keystone
Ou que diriez-vous d'une petite gorgée de vodka Trump? Sans oublier le steak Trump, l'eau minérale Trump et bien d'autres produits estampillés Trump.
Photo: Keystone
Trump a reçu diverses récompenses au cours de sa carrière. En 2007, il a même inauguré son étoile sur le «Walk of Fame» d'Hollywood.
Il existe vraiment: même si ça y ressemble, «Trumpy Bear» n'a rien d'un canular. Un clip vidéo des plus bizarres en fait d'ailleurs la promotion. Voyez par vous-même.
Photo: Capture Youtube
Avec «Trumpy Bear», même les types les plus détestables peuvent se transformer en adeptes des câlins.
Photo: Capture Youtube
Les filles, quant à elles, adorent la coiffure de l'ours.
Photo: Capture Youtube
Bien évidemment, «Trumpy Bear» est également très bon pour les affaires. Cet homme en sait quelque chose.
Photo: Capture Youtube
Les golfeurs sont ravis de pouvoir compter sur la présence de «Trumpy Bear». Car l'ours est capable de rendre leur jeu «great again».
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