Corée du Sud Le président Yoon a autorisé l'armée à ouvrir le feu au Parlement

ATS

28.12.2024 - 09:06

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol avait autorisé l'armée à ouvrir le feu pour entrer au Parlement début décembre lors de sa tentative d'imposer la loi martiale, indique un rapport du parquet consulté samedi par l'AFP. L'homme a entre-temps été destitué.

Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été destitué le 14 décembre suite à sa tentative avortée de proclamer la loi martiale au début du mois (Archives).
Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été destitué le 14 décembre suite à sa tentative avortée de proclamer la loi martiale au début du mois (Archives).
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Keystone-SDA

«N'êtes vous pas encore entrés? Que faites-vous? Cassez la porte et sortez-les, même si ça veut dire qu'il faut tirer», a-t-il déclaré le 3 décembre lors d'un appel téléphonique avec le commandant militaire de Séoul, Lee Jin-woo, qui se trouvait près du Parlement, selon le parquet.

Celui-ci a diffusé aux médias le rapport d'inculpation de l'ancien ministre de la Défense, Kim Yong-hyun, considéré comme la personne ayant poussé le président Yoon à imposer la loi martiale. Cette dernière a été proclamée le 3 décembre à la surprise générale, tandis que le président envoyait l'armée au Parlement afin de le museler, plongeant le pays dans le chaos.

«Avec une hache»

Après la proclamation de la loi martiale, des soldats lourdement armés ont pris d'assaut le Parlement, escaladant des barrières et brisant des fenêtres. Certains ont atterri en hélicoptère.Selon le rapport de 10 pages, le président a également ordonné au chef du contre-espionnage militaire, le général Kwak Jong-keun, d'«entrer rapidement à l'intérieur» du Parlement.

«Faites sortir les gens à l'intérieur de l'assemblée, détruisez les portes avec une hache si nécessaire», a-t-il déclaré, d'après le parquet. Toujours selon ce dernier, le président aurait discuté de la loi martiale dès mars avec de hauts responsables militaires.

Alors que les députés s'étaient dépêchés de rejeter la loi martiale à l'aube du 4 décembre, le président Yoon avait affirmé au commandant militaire de Séoul qu'il la déclarerait «une deuxième et une troisième fois».

L'avocat du président, Yoon Kab-keun, a estimé auprès de l'AFP que ces informations du parquet étaient biaisées et ne correspondaient «ni à des faits objectifs ni à du bon sens».

Sous enquête pour «rébellion»

Lors d'un discours en décembre, M. Yoon avait affirmé ne pas envisager une deuxième tentative de proclamation de loi martiale et s'était excusé pour «l'angoisse et le désagrément».

Démis de ses fonctions, il fait l'objet d'une enquête pour «rébellion», un crime passible de la peine de mort et reste officiellement président en attendant un arrêt de la Cour constitutionnelle, confirmant ou infirmant la décision des députés.

Le Bureau d'enquête sur la corruption, qui centralise les investigations, a déjà convoqué deux fois le président déchu pour l'interroger sur les événements de la nuit du 3 au 4 décembre, qui avaient sidéré le pays. Mais M. Yoon ne s'est présenté à aucune de ces convocations.

Les enquêteurs lui ont adressé jeudi une troisième convocation pour une audition dimanche matin.

Vendredi, le président par intérim, le Premier ministre, Han Duck-soo a également été destitué, les députés lui reprochant d'avoir tenté d'entraver l'enquête sur le coup de force de son prédécesseur.

Le nouveau chef de l'Etat par intérim, le ministre des Finances, Choi Sang-mok, a promis de «mettre un terme à la crise gouvernementale», en faisant sa «priorité absolue».