«Je l'appelle à se retirer»Joe Biden confronté à la flambée de l'angoisse dans son propre camp
ATS
2.7.2024 - 22:27
Les poids lourds et parlementaires démocrates ont commencé mardi à s'interroger publiquement sur l'état de forme de Joe Biden, avec même un premier appel public à ce que le président américain retire sa candidature à un second mandat.
02.07.2024, 22:27
02.07.2024, 22:29
ATS
«J'ai espoir qu'il prendra la décision difficile et douloureuse de se retirer. Je l'appelle respectueusement à le faire», a écrit le Texan Lloyd Doggett en milieu de journée.
«Il ne doit pas nous livrer à Trump en 2024», a ajouté ce parlementaire démocrate, le premier à demander publiquement que le président jette l'éponge.
«Je pense qu'il est légitime de se demander s'il s'agit d'un simple épisode ou d'un état» durable, a lancé pour sa part la très influente Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, sur la chaîne préférée de Joe Biden, MSNBC.
Elle fait évidemment référence au calamiteux débat de jeudi dernier, lors duquel le démocrate de 81 ans a perdu pied face à son rival républicain Donald Trump.
Depuis, les cadres du parti semblaient hésitants, laissant peut-être une chance à Joe Biden de calmer réellement les inquiétudes avec une conférence de presse sans prompteur ou une longue interview sans filet.
Le président accordera vendredi un entretien à ABC News, diffusé dans sa totalité dimanche, pour tenter de faire taire cette musique.
Joe Biden «sait comment rebondir», a défendu sa porte-parole Karine Jean-Pierre, tout en écartant la possibilité que le dirigeant démocrate passe un test cognitif.
Sondage
Mais la patience des démocrates est visiblement déjà épuisée.
«Nous devons être honnêtes avec nous-mêmes sur le fait que ce n'était pas seulement une nuit horrible», a déclaré mardi l'élu à la Chambre des représentants Mike Quigley, un démocrate de l'Illinois.
Un sondage publié mardi par CNN a de quoi alimenter encore les angoisses du camp démocrate: 75% des électeurs interrogés jugent que le parti aurait de meilleures chances en novembre avec un autre candidat que Joe Biden.
Donald Trump est crédité de 49% des intentions de vote au niveau national, contre 43% à son rival, un écart inchangé par rapport au dernier sondage de ce type, mené en avril.
La vice-présidente Kamala Harris, sans l'emporter, serait mieux placée, à 45% contre 47% pour l'ancien président républicain de 78 ans, dans la marge d'erreur statistique.
D'autres candidats démocrates potentiels, pour certains peu connus du grand public, feraient face à Donald Trump avec des scores similaires à celui de l'actuel président, malgré leur déficit de notoriété, par exemple le gouverneur de Californie Gavin Newsom, le ministre des transports Pete Buttigieg, ou la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer.
De récents articles, en particulier des sites Axios et Politico, évoquent un président qui ne serait pleinement fonctionnel qu'entre 10h00 du matin et 16h00, et qui ne lirait que des notes rédigées de manière à lui éviter toute contrariété.
Depuis son élection, le président le plus âgé de l'histoire des Etats-Unis a indéniablement perdu en aisance orale et physique.
Jusqu'ici, la Maison Blanche a toujours rejeté toutes les interrogations sur l'acuité intellectuelle de Joe Biden, parfois avec une irritation marquée.
«Déclin»
Une récente enquête du Wall Street Journal faisant état d'un «déclin» de l'octogénaire a valu au journal une vague de critiques particulièrement acerbes de la part de son équipe de communication.
Cela fait plusieurs mois que le président américain, qui a chuté en public à quelques reprises, n'emprunte plus la grande passerelle de son avion, préférant un escalier plus court et plus stable.
Depuis quelques semaines, il s'entoure aussi de conseillers pour aller de la Maison Blanche à son hélicoptère posé sur la pelouse, ce qui évite de longs plans des caméras sur sa démarche très raide.
Le président américain, qui a toujours été enclin aux gaffes, n'a pas donné de longue conférence de presse depuis janvier 2022 et a réduit le nombre d'échanges impromptus avec les journalistes.
Le démocrate passe presque tous ses week-ends dans l'une de ses maisons du Delaware, sans programme officiel.
Lorsque Joe Biden s'est rendu récemment en France, à l'occasion des commémorations du Débarquement allié de 1944, il est allé directement de l'aéroport à son hôtel, où il est resté enfermé toute une journée, sans aucune apparition publique.