France Hommage national au professeur décapité

ATS

21.10.2020 - 21:08

«Nous continuerons ce combat pour la liberté»: Emmanuel Macron a rendu mercredi un hommage national vibrant à l'enseignant décapité vendredi près de Paris, un crime «barbare» pour lequel sept personnes ont été présentées dans la journée à un juge antiterroriste.

«Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent», a insisté le président français, en saluant «l'un de ces professeurs que l'on oublie pas», lors d'un discours dans la cour de la Sorbonne.

Après avoir remis la Légion d'honneur à titre posthume à Samuel Paty, dans un cercle intime, M. Macron a dénoncé la «conspiration funeste» et «la haine de l'autre», dont a été victime le professeur d'histoire-géographie, tué à 47 ans «parce qu'il incarnait la République».

400 invités

L'enseignant a été décapité par un assaillant islamiste le 16 octobre, dix jours après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression.

«Nous continuerons, professeur. Nous défendrons la liberté que vous enseigniez si bien et nous porterons la laïcité», a ajouté Emmanuel Macron, en présence de 400 invités, dont une centaine d'élèves d'établissements d'Ile-de-France.

A l'extérieur de la Sorbonne, au pied d'un écran géant, quelques centaines d'anonymes étaient venues suivre la cérémonie et rendre un dernier hommage à l'enseignant assassiné. «On ne lâchera rien», a déclaré Emmanuel Macron à une enseignante qui l'interpellait, alors qu'il repartait à pied de la Sorbonne.

Des hommages et des rassemblements en mémoire de l'enseignant ont eu lieu ailleurs en France, notamment en Occitanie, où des caricatures de Charlie Hebdo vilipendant les religions ont été projetées sur les façades des bâtiments officiels à Toulouse et Montpellier.

«Complicités»

L'enquête continue à progresser. Lors d'une conférence de presse, le procureur national antiterroriste Jean-François Ricard a dévoilé comment les investigations ont mis au jour les «complicités» dont a bénéficié l'assaillant pour perpétrer cet attentat.

«Il est aujourd'hui clair que le professeur a été nommément désigné comme une cible sur les réseaux sociaux» par le parent d'élève à l'origine de la polémique et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, «au moyen de manoeuvres et d'une réinterprétation des faits», a résumé le procureur. Les deux hommes étaient en cours de mise en examen mercredi après-midi.

Les enquêteurs antiterroristes s'intéressent notamment à des échanges téléphoniques entre ce père de famille et l'assaillant, un réfugié russe tchétchène de 18 ans tué par la police peu après l'attentat.

«Les lâches» qui ont livré Samuel Paty

Mais l'assaillant ne disposait que du nom du professeur. «Son identification n'a été rendue possible que grâce à l'intervention de collégiens» de l'établissement, a souligné le procureur. Deux d'entre eux, âgés de 14 et 15 ans, également en cours de mise en examen, sont accusés d'avoir désigné l'enseignant en échange d'une «somme de 300 ou 350 euros».

A la Sorbonne, Emmanuel Macron a dénoncé «les lâches» qui ont livré Samuel Paty «aux barbares» et qui ne «méritent pas» qu'on parle d'eux.

L'assaillant avait affirmé à ces jeunes «avoir l'intention de filmer le professeur, de l'obliger à demander pardon pour la caricature du prophète, de l'humilier, de le frapper», selon le magistrat antiterroriste.

Après avoir posté la photo de l'enseignant décapité, ce réfugié d'origine russe tchétchène avait aussi publié un message audio sur les réseaux sociaux. Dans un russe hésitant, l'assassin, né à Moscou, affirmait avoir «vengé le prophète», «montré de manière insultante» par le professeur.

Offensives contre l'islamisme

Parallèlement, le gouvernement français continue son offensive contre les personnes et structures soupçonnées d'accointances avec l'islamisme radical. Le conseil des ministres a prononcé la dissolution du collectif pro-palestinien Cheikh Yassine, «depuis bien longtemps, le faux nez d'une idéologie antirépublicaine qui diffuse la haine», a affirmé son porte-parole Gabriel Attal.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a officiellement engagé une procédure de dissolution visant l'ONG humanitaire BarakaCity. Et la fermeture de la mosquée de Pantin (Seine-Saint-Denis), épinglée pour avoir relayé une des vidéos dénonçant le cours de Samuel Paty, devait être effective mercredi soir malgré les protestations des fidèles.

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