Législatives en France Dernier jour de campagne avant le saut dans l'inconnu

ATS

5.7.2024 - 18:34

Qui gouvernera la France à l'issue, très incertaine, des élections législatives dimanche? La question hante les esprits, tandis que l'idée d'un gouvernement provisoire gérant les affaires courantes fait son chemin, quel que soit le résultat du second tour.

Signe du climat tendu, le gouvernement a annoncé que «30'000 policiers et gendarmes dont 5000 à Paris et sa banlieue» seraient mobilisés dimanche pour la soirée du second tour (archives).
Signe du climat tendu, le gouvernement a annoncé que «30'000 policiers et gendarmes dont 5000 à Paris et sa banlieue» seraient mobilisés dimanche pour la soirée du second tour (archives).
KEYSTONE

A deux jours du dénouement de ce scrutin historique, lors duquel l'extrême droite espère encore la majorité absolue, la continuité de l'Etat sera assurée, a garanti vendredi le Premier ministre Gabriel Attal, tout en restant évasif sur son sort personnel.

La campagne aura révélé la grande fragmentation d'un des pays piliers de l'Union européenne, après sept années de présidence d'Emmanuel Macron.

La France pourrait de facto s'endormir dimanche sans la moindre idée de qui la gouvernerait, à un mois des Jeux olympiques de Paris (26 juillet – 11 août).

Depuis la décision surprise du président français de dissoudre l'Assemblée après sa débâcle aux européennes du 9 juin, la recomposition politique express du pays a confirmé la montée en puissance du Rassemblement national (RN, extrême droite), qui espère accéder au pouvoir la semaine prochaine.

La crainte d'un gouvernement dirigé par l'extrême droite, qui serait une première en France depuis la Seconde Guerre mondiale, a toutefois conduit à la formation, dans la douleur, d'un nouveau «front républicain» avec les partis de droite, centre-droit et gauche pour contrer les candidats RN au second tour.

La cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen a fustigé la mise en place d'un «parti unique» réunissant «ceux qui veulent conserver le pouvoir contre la volonté du peuple».

L'inconnue des abstentions

Parmi les inconnues figure le nombre d'abstentionnistes. «Avec les désistements, celui ou celle pour qui les électeurs avaient l'intention de voter est passé à la trappe», explique à l'AFP Janine Mossuz-Lavau, directrice de recherche émérite au Centre de recherche politique de Sciences Po (Cevipof).

Certains «vont se dire: 'non, dans ces conditions, c'est pas possible'».

Trois sondages donnaient vendredi au parti d'extrême droite et à ses alliés une majorité relative, mais en érosion (175 à 230 sièges), devant l'alliance de gauche du Nouveau front populaire (145-190) et le camp présidentiel (118-162).

Des écarts qui témoignent d'une incertitude immense, d'autant que la participation s'annonce la plus forte depuis 1997, avec des procurations 3,6 fois plus nombreuses qu'en 2022, selon le ministère de l'Intérieur.

«Soit le Rassemblement national obtient une majorité absolue et je peux, dès dimanche engager le projet de redressement que je porte (...). Ou alors le pays est bloqué», a asséné jeudi soir le président du RN Jordan Bardella, 28 ans, qui aspire à devenir Premier ministre.

En attendant, Emmanuel Macron a chargé un ancien ministre de «regarder les hypothèses» de l'après 7 juillet, «et ce qu'elles impliquent techniquement, institutionnellement», selon deux sources proches de l'Elysée.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a, lui, rappelé que «la coutume républicaine» après des législatives voulait que «le gouvernement démissionne». Mais si le président «me demande de rester quelques heures, quelques jours de plus, le temps de former un gouvernement, je le ferai».

51 agressions physiques

L'hypothèse d'une coalition de la gauche à la droite républicaine, mais sans la gauche radicale de La France insoumise (LFI), revient sans cesse.

Il faudra que les responsables se conduisent en adultes (et) que chacun (...) accepte de faire un pas vers l'autre», a estimé le patron du MoDem (centre) François Bayrou, évoquant un «gouvernement d'entente républicaine».

La fracture fondamentale du paysage politique national a donné lieu à une campagne violente, avec agressions physiques de militants, menaces verbales, règlements de comptes politiques et libération de la parole raciste. «51 candidats, suppléants ou militants» ont été «agressés physiquement» ces derniers jours, selon Gérald Darmanin.

Malgré sa longue stratégie de normalisation, le RN a été rattrapé par des dérapages racistes et antisémites de plusieurs de ses candidats, que le parti a tenté de minimiser en parlant de quelques «brebis galeuses» ou de «maladresses».

«Quand c'est un candidat sur trois (...), ce n'est pas quelques brebis galeuses, c'est tout le troupeau qui est malade», a raillé Gabriel Attal.

Signe du climat tendu, le gouvernement a annoncé que «30'000 policiers et gendarmes dont 5000 à Paris et sa banlieue» seraient mobilisés dimanche pour la soirée du second tour.

ATS