Risque d'inondation dans 80 localités Ukraine: une explosion provoque l'effondrement d'un barrage

ATS

6.6.2023 - 07:36

Le barrage de la centrale hydroélectrique de Kakhovka, dans le sud de l'Ukraine et actuellement occupé par les forces russes, a été endommagé dans la nuit de lundi à mardi, a indiqué l'agence russe Tass. De son côté, Kiev a rapporté l'effondrement du barrage.

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka partiellement détruit

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka partiellement détruit

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé dans les zones de la région de Kherson occupées par la Russie dans le sud de l'Ukraine, a été partiellement détruit par de «multiples frappes» ukrainiennes, a affirmé mardi les autorités locales installée

06.06.2023

6.6.2023 - 07:36

«Centrale hydroélectrique de Kakhovka. Encore un crime de guerre commis par les terroristes russes. Le président (ndlr: Zelensky) a convoqué le Conseil de sécurité national», a écrit Andriï Iermak sur Telegram.

Selon les parties belligérantes, un important barrage près du front a été gravement endommagé dans la partie occupée par la Russie de la région sud de l'Ukraine de Kherson. 

Le président du Conseil européen Charles Michel a réagi après la destruction partielle de l'ouvrage. «La destruction d'une infrastructure civile est clairement un crime de guerre et nous demanderons des comptes à la Russie et à ses affiliés», a-t-il déclaré.

La centrale de Zaporijjia pas directement menacée

La direction de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, sous occupation russe, a affirmé que la destruction partielle du barrage, dont l'eau sert à son refroidissement, ne représente pas pour autant une menace pour l'installation.

«A l'heure actuelle, il n'y a pas de menace pour la sécurité de la centrale nucléaire de Zaporijjia. Cinq blocs sont arrêtées à froid, l'un est à ‹l'arrêt à chaud›. Le niveau de l'eau du bassin de refroidissement n'a pas changé», a indiqué sur Telegram le directeur, installé par l'occupation russe.

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a elle aussi estimé qu'il n'y avait «pas de danger nucléaire immédiat» à la centrale de Zaporijjia. «Les experts de l'AIEA» présents sur le site «surveillent de près la situation, a ajouté l'instance onusienne dans un tweet.

De leur côté, les autorités de Kiev brandissent le spectre d'un drame. «Le monde se retrouve une fois de plus au bord d'une catastrophe nucléaire, car la centrale nucléaire de Zaporijjia a perdu sa source de refroidissement. Et ce danger augmente désormais rapidement», a déploré un conseiller à la présidence ukrainienne, Mykhaïlo Podoliak, dans un message adressé à des journalistes.

80 localités en zone d'inondation

Le barrage de Kakhovka, pris dès le début de l'offensive russe en Ukraine, permet notamment d'alimenter en eau la péninsule de Crimée, annexée en 2014 par Moscou. Aménagé sur le fleuve Dniepr en 1956, pendant la période soviétique, l'ouvrage est construit en partie en béton et en terre et mesure environ 30 mètres de haut et 3,2 kilomètres de long. Il s'agit de l'une des plus grandes infrastructures de ce type en Ukraine.

On ne sait pas ce qui a provoqué l'effondrement du barrage ni qui en est responsable. Kiev et Moscou se rejettent mutuellement la responsabilité. Selon des données préliminaires, 11 des 28 digues du barrage ont été brisées et un effondrement en cascade est en cours, a déclaré un responsable des secours, cité par l'agence Tass.

Si le barrage ne joue plus son rôle, «plus de 80 localités, dont Kherson, se retrouveront dans la zone d'inondation rapide», s'était alarmé en octobre dernier M. Zelensky devant le Conseil de l'Union européenne.

«Cela pourrait empêcher l'approvisionnement en eau d'une grande partie du sud de l'Ukraine» et affecter le refroidissement des réacteurs de la centrale nucléaire de Zaporijjia, qui puise son eau dans un lac artificiel de 18 millions de mètres cubes alimenté par le barrage, avait-il mis en garde.

«Pas de grande ville menacée» - villages évacués

Aucune grande localité n'est menacée d'inondation, ont affirmé les autorités locales installées par Moscou. «Selon les services de secours, l'eau est montée (...) à un niveau d'entre 2 et 4 mètres ce qui ne menace pas les grandes localités» situées plus bas que le barrage le long du fleuve, a déclaré sur Telegram Andreï Alekseïenko, chef du gouvernement de la région de Kherson, installé par la Russie.

De son côté, un responsable ukrainien a annoncé que plusieurs villages ont été «complètement ou en partie» inondés et que des habitants ont commencé à être évacués. «Environ 16.000 personnes se trouvent en zone critique», a déclaré sur les réseaux sociaux Oleksandre Prokoudine, chef de l'administration militaire de la région de Kherson.

Explosion de barrage ou bombardement ?

Kiev et Moscou se sont mutuellement accusés de l'incident aux conséquences potentiellement graves mardi matin.

La Task Force ukrainienne sud a annoncé que les occupants russes avaient eux-mêmes fait sauter le barrage de la ville de Nowa Kakhovka. Le gouverneur militaire de la région, Olexander Prokudin, a averti que le niveau de l'eau pourrait atteindre un niveau critique d'ici cinq heures.

Les évacuations ont commencé sur la rive gauche du fleuve Dnipro, où se trouve la capitale régionale de Kherson, qui a été libérée par les Ukrainiens.

Les occupants russes, quant à eux, ont accusé les bombardements ukrainiens d'avoir causé des dommages au barrage de Kakhovka. «L'eau a monté», a déclaré le maire nommé par Moscou à Nowa Kakhovka, Vladimir Leontyev, selon les agences de presse russes.

Jusqu'à présent, cependant, il n'est pas nécessaire de mettre les civils en sécurité. Les informations fournies par les deux parties n'ont pas pu initialement être vérifiées de manière indépendante.

La vue montre le barrage du canal du nord de la Crimée qui prend sa source dans le réservoir de la centrale hydroélectrique de Kakhovka.
La vue montre le barrage du canal du nord de la Crimée qui prend sa source dans le réservoir de la centrale hydroélectrique de Kakhovka.
IMAGO/SNA

ATS