«Evviva u Papa!»: de passage en Corse dimanche pour une visite «historique», le pape François a célébré une messe géante au terme d'une journée de bains de foule et de discours où il a plaidé pour une laïcité qui ne soit «pas statique et figée».
ATS
15.12.2024, 20:32
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Arrivé en fin d'après-midi au théâtre de verdure du Casone, sur les hauteurs d'Ajaccio, chef-lieu de l'île française de Méditerranée, le pape a délivré son homélie devant une foule de 9000 personnes composée de fidèles, évêques et membres des confréries.
Vêtu d'une cape rose caractéristique du troisième dimanche de l'Avent dans la liturgie catholique, il a remercié le cardinal de Corse François-Xavier Bustillo «pour toute cette journée au cours de laquelle (il s'est) senti à la maison».
«Cette journée est une vraie onction pour la Corse», lui a répondu le cardinal avant de lui offrir, à la nuit tombante, une partition du XIe siècle d'un couvent de Sartène.
Au total, quelque 17.400 personnes ont suivi la messe, selon une source sécuritaire, soit directement au Casone soit sur des écrans géants installés notamment place Miot, une grande esplanade face à la mer.
«Emotions»
«Solennité, sincérité, émotion, tout est mêlé. Il y a un stress du fait de sa présence pour réussir à contenir nos émotions», a confié à l'AFP Fabienne Mazza, l'une des 300 choristes qui ont chanté pour le pape.
«Je trouve ça exceptionnel, je suis émue, c'est un moment magique, une chance unique», avait affirmé le matin Solène Pianacci, directrice d'école de 44 ans, sous les plafonds peints de la cathédrale Notre-Dame de l'Assomption.
Chaudement applaudi, salué par les cris «evviva u papa!» ("vive le pape» en corse), François avait parcouru la ville en papamobile sous un soleil radieux, bénissant de nombreux enfants sur son passage, une dame de 108 ans et... une pizza tendue par un commerçant local.
Dans cette île qui affiche 80% de catholiques (selon le Vatican), le pape a défendu dimanche matin «un concept de laïcité qui ne soit pas statique et figé, mais évolutif et dynamique», en clôture d'un congrès sur la religiosité populaire en Méditerranée.
Sur ce sujet objet de polémiques récurrentes en France, il a plaidé pour une laïcité capable «de promouvoir une coopération constante entre les autorités civiles et ecclésiastiques pour le bien de l'ensemble de la communauté, chacune restant dans les limites de ses compétences et de son espace».
Il a également mis en garde contre «le risque» que «la piété populaire soit utilisée, instrumentalisée par des groupes qui entendent renforcer leur identité de manière polémique en alimentant des particularismes, des oppositions, des attitudes d'exclusion», dans un message pouvant s'adresser aux nationalistes corses.
«Paix»
Dans un second discours à la cathédrale, le jésuite argentin a lancé un appel en faveur de «la paix» pour «tout le Moyen-Orient» mais aussi «pour le peuple ukrainien et le peuple russe».
«Paix pour le monde entier», a-t-il conclu, en citant notamment la Palestine, Israël, le Liban et la Syrie.
Après avoir récité la prière de l'Angélus, le souverain pontife a également dit «soutenir par l'esprit» les victimes du cyclone qui a dévasté la veille l'archipel de Mayotte, y faisant «certainement plusieurs centaines» de morts, «peut-être» même «quelques milliers», selon le préfet de ce département le plus pauvre de France.
Une semaine après avoir snobé la réouverture de Notre-Dame de Paris, malgré l'invitation du chef de l'Etat, le pape, qui fêtera ses 88 ans deux jours après ce voyage, a rencontré Emmanuel Macron juste avant la fin de cette première visite d'un pape en Corse. Le président français a dit sa «pensée» pour les habitants de Mayotte et promis «d'agir».
Le chef de l'Eglise catholique, qui a quitté la Corse en fin de soirée, s'était rendu deux fois sur le territoire français depuis le début de son pontificat en 2013, à Strasbourg en 2014 et à Marseille en septembre 2023, mais il n'y a jamais effectué de visite d'Etat.