Qui est derrière tout ça ? Ce que l'on sait de l'explosion du barrage de Kakhovka en Ukraine

Après la destruction du barrage de Kakhovka dans le sud de l'Ukraine, plusieurs habitations sont déjà sous l'eau. Voici les sept questions et réponses les plus importantes sur l'incident.

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka partiellement détruit

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka, situé dans les zones de la région de Kherson occupées par la Russie dans le sud de l'Ukraine, a été partiellement détruit par de «multiples frappes» ukrainiennes, a affirmé mardi les autorités locales installée

06.06.2023

P. Dahm

6.6.2023

Philipp Dahm

Dans la partie du sud de l'Ukraine occupée par la Russie, un important barrage situé près du front a été gravement endommagé. Kiev et Moscou se sont mutuellement attribué la responsabilité de l'incident dans la matinée du 6 juin.

Le problème de base : le barrage était rempli à ras bord jusqu'à cet incident, alors que le réservoir avait atteint auparavant un niveau historiquement bas. Le gouverneur militaire ukrainien de la région, Olexander Prokudin, a averti que le niveau d'eau pourrait atteindre un niveau critique dans les prochaines heures. Une grande zone en aval du Dniepr sera inondée - y compris la ville de Kherson.

Rien que sur la rive droite, c'est-à-dire la rive occidentale du Dniepr, 16'000 personnes vivent dans la zone de danger, selon Produkin. L'évacuation de certains districts a commencé. A Kherson, le port, le chantier naval et les îles situées au large sont susceptibles d'être inondés. Sur la rive gauche, à l'est, jusqu'à 22'000 personnes sont concernées à Kherson.

Outre les masses d'eau, les mines emportées par les eaux posent problème. Les inondations continueront à avoir de graves conséquences écologiques. Elles détruisent les habitats de la faune et de la flore. Du pétrole et des combustibles s'échapperont des maisons et des réservoirs inondés.

L'inondation des zones basses rendra très difficile une offensive ukrainienne dans le sud de l'Ukraine. Faire passer des troupes de la rive droite, à l'ouest, à la rive gauche devrait être beaucoup plus difficile compte tenu de la future largeur du Dniepr. Les masses d'eau formeront de nouvelles barrières naturelles. Là où le sol est détrempé, les véhicules lourds ne pourront pas passer.

La centrale nucléaire de Zaporizhia tire son eau de refroidissement du lac de barrage. Selon Energoatom ukrainien, le niveau de l'eau baisse rapidement, mais le bassin de refroidissement de la centrale nucléaire est plein. La situation est observée conjointement avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Le barrage de 30 mètres de haut et de 3,2 kilomètres de long a été construit en 1956 pour assurer l'approvisionnement en eau de la Crimée. En raison de sa destruction, les agriculteurs de la péninsule sont au bord de la ruine. Des décennies s'écouleront avant qu'un remplacement ne soit construit. La Crimée doit s'attendre à des sécheresses.

D'après les autorités russes, l'incident aurait été causé par des tirs ukrainiens en mai qui auraient bloqué les vannes du barrage, empêchant ainsi l'écoulement de l'eau. Cependant, les services de renseignement militaire de Kiev, cités par Reuters, réfutent cette version en affirmant que les forces d'occupation ont délibérément fait exploser le barrage du réservoir de Kakhovka par panique. Ils qualifient cet acte de terrorisme et de crime de guerre, et annoncent qu'une enquête sera menée devant un tribunal international.