Pancarte en directL’employée de la TV russe risque désormais 15 ans de prison
ATS
15.3.2022 - 15:25
Une femme qui a fait irruption pendant un journal télévisé pro-Kremlin avec une pancarte critiquant l'offensive militaire en Ukraine pourrait risquer jusqu'à 15 ans de prison. C'est ce qu'a indiqué mardi à l'AFP son avocat.
A woman burst onto Russia’s main live evening newscast today with a sign that says:
“Stop the war Don’t believe propaganda They’re lying to you”
«Je présume que ma cliente encourt une procédure pénale et non pas administrative en vertu d'une nouvelle loi qui prévoit jusqu'à 15 ans de prison», a indiqué l'avocat Daniil Berman.
«Il y a une forte probabilité que les autorités en fassent un exemple pour faire taire d'autres protestataires», a-t-il ajouté, soulignant qu'il n'a toujours pas pu rencontrer sa cliente ni savoir où elle est détenue exactement. Les autorités russes, pour l'heure, n'ont pas indiqué quels chefs d'inculpation pourraient la viser.
Cette quadragénaire, née à Odessa en Ukraine, a fait irruption lundi soir en plein direct sur le plateau de l'un des journaux télévisés les plus regardés de Russie, sur la chaîne fédérale pro-Kremlin Pervy Kanal.
L'employée de Pervy Kanal, a surgi derrière la présentatrice avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire «Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment, ici». Avec une signature : «Russes contre la guerre».
Il s'agit d'une scène rarissime dans un pays où l'information est strictement contrôlée, et ce d'autant plus depuis le début du conflit en Ukraine.
Les autorités ont notamment adopté à toute vitesse début mars une loi punissant jusqu'à 15 ans de prison la publication «d'informations mensongères» sur l'armée russe. C'est dans le cadre de cette loi que la protestataire, mère de deux enfants mineurs, pourrait être poursuivie, selon son avocat.
«Hooliganisme»
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a lui qualifié mardi cette protestation d'acte de «hooliganisme». «La chaîne et ceux qui doivent s'en occuper, s'en occupent», a-t-il commenté. «Une enquête interne est en train d'être menée» sur cet «incident», a déclaré pour sa part Pervy Kanal dans un communiqué.
Dans une vidéo enregistrée avant de passer à l'acte, la femme a expliqué que son père est ukrainien, sa mère russe, et qu'elle ne supporte plus la diffusion de «mensonges» qui «zombifient» les Russes. Depuis, elle a reçu sur son compte Facebook des dizaines de milliers de messages de soutien.