Corée du SudDes partisans de Yoon pennent d'assaut un tribunal dans la nuit
ATS
19.1.2025 - 11:53
Le tribunal de Séoul qui a prononcé la prolongation de la détention du président sud-coréen Yoon Suk Yeol a été pris d'assaut avant l'aube dimanche par des soutiens en colère du dirigeant, arrêté pour sa tentative d'imposer la loi martiale.
Keystone-SDA
19.01.2025, 11:53
ATS
A l'annonce vers 03h00 locales (18h00 heure suisse samedi) de sa décision de maintenir M. Yoon en détention pendant 20 jours, le Tribunal du district ouest de la capitale a déclenché une vague de fureur parmi les dizaines de milliers de manifestants rassemblés devant ses portes dès samedi.
Des partisans inconditionnels du dirigeant conservateur ont alors brisé des vitres et forcé les entrées pour faire irruption à l'intérieur. Les chaînes de télévision ont même montré un protestataire donnant des coups avec un bouclier floqué «Police».
Des journalistes de l'AFP ont vu des centaines de policiers se précipiter dans le tribunal pour en déloger des pro-Yoon en furie, l'autorité rapportant des dizaines d'arrestations au cours de cet «incident intolérable, illégal et violent».
Le rockeur sud-coréen Choi Jin-ho, 150'000 abonnés sur sa chaîne YouTube RockTV, s'est filmé en direct pendant l'assaut. Il a tourné son livestream durant sept heures, entouré de centaines d'autres sympathisants en colère du dirigeant coréen suspendu de ses fonctions et arrêté mercredi pour sa tentative avortée d'imposer la loi martiale.
L'assaut d'un siège de la justice est «sans précédent» dans l'histoire de la Corée du Sud, affirme à l'AFP l'avocat et commentateur politique Yoo Jung-hoon.
M. Yoon s'engage à «persister»
M. Yoon, qui s'est dit «profondément choqué et attristé» par l'attaque du tribunal, s'est engagé dimanche à «persister, peu importe le temps que cela prendra, à rectifier toute injustice», malgré la décision de la Cour constitutionnelle concernant sa destitution et l'enquête pénale qui a conduit à son arrestation.
Le Tribunal a indiqué à l'AFP que son jugement était motivé par la crainte que Yoon Suk Yeol ne détruise des preuves. M. Yoon a déclaré qu'il tenterait de démontrer «le but et la légitimité de la déclaration de la loi martiale», dans un communiqué publié dimanche via ses avocats.
M. Yoon est sous le coup de plusieurs enquêtes dont une pour «rébellion», accusé d'avoir fait vaciller la démocratie en déclarant par surprise la loi martiale le 3 décembre.
Au sein d'un Parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant de députés était toutefois rapidement parvenu à contrecarrer ses plans.
Suspendu depuis l'adoption par l'Assemblée d'une motion de destitution contre lui à la mi-décembre, il a été arrêté mercredi.
Son coup de force a plongé le pays dans le chaos politique et les événements violents de dimanche marquent une nouvelle étape dans cette profonde crise.
Me Seok Dong-hyeon, l'un des avocats de M. Yoon, a fustigé dans un communiqué l'extension de sa détention, tout en ajoutant que les violences ne sont «probablement pas» ce que son client «veut».
Ces incidents pourraient devenir des «fardeaux» lors de ses procès, a-t-il dit.
La décision du tribunal donne aux procureurs le temps d'éventuellement inculper Yoon Suk Yeol pour rébellion, un crime passible de la peine de mort.
Le chef de l'Etat suspendu désirait comparaître pour «restaurer son honneur», avait dit à l'AFP un autre de ses conseils, Yoon Kab-keun.
Il a «répondu fidèlement sur les faits, les preuves et les questions juridiques», a assuré l'avocat aux journalistes, après l'audience d'environ cinq heures.
Yoon Suk Yeol faisait face à la justice pour la première fois depuis sa mesure choc. Il garde cependant le silence face aux enquêteurs en interrogatoire.
«Patriotisme passionné»
M. Yoon avait envoyé vendredi une lettre par l'intermédiaire de ses avocats à ses partisans, parmi lesquels des chrétiens évangéliques et des YouTubeurs de droite, pour les remercier de leurs manifestations et rendre hommage à leur «patriotisme passionné».
Il a été arrêté le 15 janvier à l'issue d'un assaut du Bureau d'enquête sur la corruption (CIO) et de policiers sur sa résidence officielle, une première en Corée du Sud pour un chef de l'Etat en exercice.
L'Assemblée nationale a voté le 14 décembre une motion de destitution contre lui, entraînant sa suspension. Il reste toutefois officiellement le président, seule la Cour constitutionnelle, saisie, ayant le pouvoir de lui retirer son titre.
Dans cette procédure parallèle aux enquêtes ouvertes, la Cour a jusqu'à la mi-juin pour le démettre définitivement ou décider de le rétablir dans ses fonctions.