Les sondages plongent Chemin de croix du premier ministre britannique avant les élections

ATS

18.4.2024 - 08:27

Ses promesses restent non tenues, les sondages ne cessent d'empirer et même ses baskets sont moquées: le premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak se montre incapable de redresser la barre à l'approche des élections législatives.

Le premier ministre de 43 ans Rishi Sunak cristallise le mécontentement des Britanniques, lassés par 14 ans de gouvernements conservateurs et il n'est pas parvenu à les faire changer d'avis depuis son entrée en fonction il y a 18 mois.
Le premier ministre de 43 ans Rishi Sunak cristallise le mécontentement des Britanniques, lassés par 14 ans de gouvernements conservateurs et il n'est pas parvenu à les faire changer d'avis depuis son entrée en fonction il y a 18 mois.
KEYSTONE

18.4.2024 - 08:27

L'annonce de deux baisses d'impôts et une légère embellie économique n'ont pas enrayé la descente aux enfers du chef des Tories, qui essuie de nombreuses critiques dans son propre camp en plus de celles de l'opposition travailliste.

Ces derniers jours, l'un de ses prédécesseurs, Boris Johnson, n'a pas hésité à qualifier de «dingue» son projet d'interdire progressivement la vente des cigarettes.

Le premier ministre de 43 ans cristallise le mécontentement des Britanniques, lassés par 14 ans de gouvernements conservateurs et il n'est pas parvenu à les faire changer d'avis depuis son entrée en fonction il y a 18 mois.

Selon un sondage YouGov publié en avril, les conservateurs ne parviendraient à remporter que 155 sièges sur 650 lors des législatives attendues au second semestre, contre 365 lors des dernières élections en décembre 2019.

Victoire travailliste annoncée

Le parti travailliste de Keir Starmer, lui, remporterait 403 sièges. Sa victoire est considérée comme un fait accompli dans les cercles du pouvoir. De nombreux commentateurs se demandent plutôt comment Rishi Sunak tiendra jusqu'à l'automne.

Certes, le dirigeant a hérité d'un parti dans un état déplorable – il a succédé en octobre 2022 à l'éphémère Liz Truss, contrainte à la démission au bout de 49 jours après avoir fait paniquer les marchés financiers, et avant elle, Boris Johnson a lui-même été poussé vers la sortie après une succession de scandales -, mais selon bien des analystes, Rishi Sunak a aussi contribué à sa propre chute.

Il n'est parvenu ni à créer un lien avec les Britanniques, qui perçoivent ce riche ancien banquier d'affaires comme un dirigeant déconnecté des réalités, ni à remplir ses principales promesses.

Malgré sa volonté d'"arrêter les bateaux», le nombre de migrants qui ont traversé clandestinement la mer Manche depuis le début de l'année a battu un record et les listes d'attente du NHS, le service public de santé, sont plus longues qu'à son entrée en fonction.

Déplacements quasi quotidiens

Seule embellie, une croissance économique modérée et une inflation qui a diminué de moitié.

Dans une énième tentative de se relancer, Rishi Sunak a tenté depuis quelques mois un virage à droite pour contrer l'ancien parti du Brexit de Nigel Farage, Reform UK – anti-immigration, europhobe, hostile aux politiques contre le réchauffement climatique – qui menace de priver les conservateurs d'un certain nombre de sièges.

Tentant de garder son optimisme, il se déplace presque quotidiennement pour rencontrer les Britanniques avant des élections locales prévues le 2 mai, qui s'annoncent désastreuses pour son parti et pourraient nourrir la tentation d'une fronde interne en cas d'échec.

Mais s'il essaie de «trouver la solution miracle pour faire changer les choses, rien ne semble marcher pour le moment», constate Keiran Pedley, spécialiste des élections à l'institut de sondage Ipsos.

«Limiter les dégâts»

Les sondages lui attribuent l'un des plus bas taux de popularité de l'histoire des premiers ministres britanniques et les Tories, eux, recueillent actuellement 58% d'opinions défavorables, selon Ipsos.

«Il apparaît à la fois un peu maladroit et ringard et semble être très irritable à chaque fois qu'il est mis en difficulté», juge Rob Ford, politologue à l'université de Manchester.

«Il y a un cercle vicieux dans lequel les politiciens peuvent être pris lorsqu'ils sont impopulaires», ajoute-t-il: «Les médias le savent. Donc tout ce qu'ils font est rapporté sous un angle négatif, ce qui renforce encore plus leur impopularité».

Ce fut le cas avec la photographie qui montre le premier ministre avec les célèbres espadrilles Samba d'Adidas aux pieds. Moqué, le cliché a suscité des articles donnant par exemple des idées d'autres baskets à porter «maintenant que Rishi a tué les Samba», c'est-à-dire les a rendues ringardes. M. Sunak a répondu ironiquement à ces piques, en présentant ses excuses à la «communauté» de fans de la Samba.

Mais même si l'écart dans les sondages venait à se réduire, comme c'est généralement le cas à l'approche d'une élection, pour Rob Ford, cela ne suffira pas: «A ce stade, il s'agit seulement de limiter les dégâts».

ATS