La mère de l'activiste égypto-britannique Alaa Abdel Fattah, Laila Soueif, a entamé mardi son centième jour de grève de la faim pour protester contre l'emprisonnement prolongé de son fils, a indiqué sa famille.
La professeure de mathématiques de 68 ans a exhorté le gouvernement britannique à agir davantage pour obtenir la libération de son fils, un dissident de longue date qui a passé une grande partie de la dernière décennie derrière les barreaux.
En septembre 2019, le célèbre blogueur prodémocratie de 43 ans avait été arrêté après avoir partagé un texte sur la torture dans les geôles égyptiennes.
«Malheureusement, le gouvernement semble attendre que je sois hospitalisée avant d'agir de manière décisive pour garantir la liberté de mon fils», a-t-elle déclaré dans un communiqué.
Sa famille affirme qu'elle survit avec «seulement du café noir, de la tisane et trois paquets de sels de réhydratation par jour» depuis le 29 septembre 2024.
Son fils devait être libéré ce jour-là après avoir purgé sa peine de cinq ans pour «diffusion de fausses nouvelles» en partageant une publication Facebook sur la torture dans les prisons égyptiennes.
Mais les deux années passées en détention provisoire n'ont pas été prises en compte, et Abdel Fattah est resté en prison depuis.
Pour Fiona O'Brien, directrice de Reporters sans frontières au Royaume-Uni, «Trop, c'est trop».
«Aucune mère ne devrait se retrouver dans une situation où elle a le sentiment que son seul recours est de mettre sa propre vie en danger, et le Royaume-Uni doit absolument faire tout ce qui est en son pouvoir pour ramener Alaa à la maison et mettre fin au calvaire de sa famille», affirme-t-elle dans un communiqué.
Mme Soueif, qui vit entre le Caire et Londres, et ses deux filles ont organisé des rassemblements presque hebdomadaires devant le ministère des Affaires étrangères dans la capitale britannique ces derniers mois, appelant le chef de la diplomatie David Lammy à intervenir.
M. Lammy, qui a rencontré Mme Soueif en novembre, s'était engagé lors d'une audition au Parlement à «continuer de faire pression», tout en soulignant l'importance des relations commerciales et diplomatiques entre Londres et Le Caire.
Abdel Fattah été une figure du soulèvement de 2011 qui a renversé le pouvoir de Hosni Moubarak, à la tête du pays depuis trois décennies.
Il a continué à être une voix dissidente dans les années qui ont suivi, protestant contre la répression gouvernementale qui, selon les groupes de défense des droits humains, a valu la prison à des dizaines de milliers de personnes.
Le Caire a fait des ouvertures ces dernières années pour améliorer son bilan en la matière, libérant des centaines de prisonniers politiques.
Mais selon les défenseurs des droits humains, au moins trois fois plus de personnes ont été arrêtées au cours de la même période.
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