«Tsarine de la frontière», «marxiste»... Analyse: les républicains tirent à boulets rouges sur Kamala Harris

ATS

14.9.2024 - 07:38

Une «marxiste» «radicale» qui «veut détruire» l'Amérique: face aux nouveaux espoirs démocrates autour de la candidature de Kamala Harris, les républicains ont fait le choix d'expressions plus tranchées et encore plus négatives que celles qui visaient Joe Biden.

Une analyse par l'AFP des prises de paroles des responsables politiques pendant près de 120 heures de discours et d'interventions télévisées des candidats et de leurs soutiens, entre le 1er mai et le 1er septembre, révèle les stratégies utilisées par les républicains pour décrédibiliser la candidate démocrate.
Une analyse par l'AFP des prises de paroles des responsables politiques pendant près de 120 heures de discours et d'interventions télévisées des candidats et de leurs soutiens, entre le 1er mai et le 1er septembre, révèle les stratégies utilisées par les républicains pour décrédibiliser la candidate démocrate.
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Une analyse par l'AFP des prises de paroles des responsables politiques pendant près de 120 heures de discours et d'interventions télévisées des candidats et de leurs soutiens, entre le 1er mai et le 1er septembre, révèle les stratégies utilisées par les républicains pour décrédibiliser la candidate démocrate.

Après avoir ciblé Joe Biden le «corrompu» ("crooked"), le «mauvais» ("bad") et «l'endormi» ("sleepy"), Donald Trump et ses soutiens moquent la «tsarine de la frontière» ("border czar") Kamala Harris, un surnom répété près de 80 fois en meeting, soit une fois toutes les 14 mentions du nom de l'ancienne sénatrice de Californie.

Selon les éléments de langage les plus fréquents chez les républicains, Kamala Harris laisserait les «frontières ouvertes» pour laisser entrer des «millions d'immigrés illégaux» ("illegal aliens") sur le territoire américain.

Les élections américaines de 2024

L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.

Patrick Semansky/AP/dpa

Et sur les plateaux télévisés, les mots à connotation très négative (comme «suffer», «bad», «destroy», «crime") dans les phrases désignant Harris sont aujourd'hui 30% plus fréquents qu'ils ne l'étaient dans les phrases mentionnant Joe Biden avant le 21 juillet, date de l'abandon de sa candidature.

A l'inverse, les démocrates sont devenus beaucoup plus enthousiastes: leur utilisation des mots à connotation très positive ("freedom», «joy», «win», «care") a grimpé de 30% dans les émissions de talk-show et de 70% dans les meetings depuis le retrait de Joe Biden.

«Camarade Kamala»

Donald Trump et son parti tentent de faire passer Kamala Harris pour beaucoup plus radicale que ne l'est Joe Biden. Les mots «left» (gauche) et «radical» sont ainsi deux fois plus utilisés pour parler de la vice-présidente qu'ils ne l'étaient pour parler du président démocrate.

L'Amérique élit un nouveau président le 5 novembre. Mais il n'y a pas que le président qui sera élu, il y aura aussi 35 sièges au Sénat, la totalité de la Chambre des représentants ainsi que onze gouverneurs. blue News accompagne la phase chaude du duel pour la Maison Blanche non seulement avec un regard depuis la Suisse, mais aussi avec des reportages en direct des Etats-Unis.

De même, depuis le 21 juillet, l'emploi du terme «liberal» – un terme marqué à gauche aux Etats-Unis – pour qualifier leur adversaire a explosé: huit fois plus dans les meetings, six fois plus dans les émissions de talk-show, tandis que les adjectifs «socialist» et «marxist», peu utilisés pour Biden, ont fait leur apparition dans le vocabulaire républicain.

Aux Etats-Unis, la «peur rouge» et l'anticommunisme ont historiquement atteint des niveaux inégalés ailleurs dans le monde, conséquences de la Révolution russe de 1917, qui a suscité la psychose d'une possible subversion anarchiste organisée par des immigrants d'origine européenne, et du traumatisme de la Guerre froide marquée par les dérives du maccarthysme.

D'où cet angle d'attaque, qui a accouché d'un autre surnom, «Comrade Kamala» ("camarade Kamala"), utilisé une trentaine de fois par Donald Trump dans ses meetings. Sur l'ensemble des discours républicains analysés par l'AFP, «Comrade» et le nom de la vice-présidente sont la septième paire de mots les plus utilisés ensemble.

Harris associée à Biden

Les deux mots les plus utilisés ensemble sont les noms de Biden et Harris. En effet, les républicains espèrent encore tirer profit de l'impopularité du président, même s'il n'est plus candidat: toutes les cinq à six fois qu'ils mentionnent le nom de Kamala Harris, ils y associent également celui de Joe Biden.

En comparaison, les démocrates accolent deux fois moins souvent le nom de Joe Biden à celui de leur nouvelle candidate.

Ils qualifient plutôt cette dernière de «leader», «prête» à exercer la fonction présidentielle. Les mots «fight» (combat), «freedom» (liberté) ou «believe» (croire) font leur entrée dans le top 20 des termes les plus fréquents pour désigner Kamala Harris, signe d'un espoir restauré dans les rangs démocrates.

ATS