Coup de théâtre Macron refuse la démission de Borne !

ATS

21.6.2022 - 10:03

Emmanuel Macron multipliait les consultations, tant auprès de la majorité que de l'opposition, afin de sortir de l'impasse dans laquelle l'ont placé les législatives. Le président a refusé la démission que lui avait présentée la Première ministre Elisabeth Borne.

Elisabeth Borne a remis sa démission au président Emmanuel Macron, qui l'a refusée. (archives)
Elisabeth Borne a remis sa démission au président Emmanuel Macron, qui l'a refusée. (archives)
KEYSTONE

La présentation de la démission par la Première ministre est de tradition après les législatives. Cette démarche revient généralement à une nouvelle légitimation du Premier ministre, aussitôt renommé à son poste par le président. Mme Borne demeurera au pouvoir «afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche et agir en ces jours», a annoncé la présidence.

La Première ministre a de fait réuni l'ensemble du gouvernement depuis 14h30, y compris trois ministres battues dans les urnes et appelées de ce fait à démissionner. Tous sont arrivés sans dire un mot, souvent le visage fermé.

Les oppositions ont dénoncé le maintien à son poste de Mme Borne, preuve de «cécité» du président «à l'égard de la colère des Français, du désaveu qu'ils lui ont adressé», selon la députée LFI (gauche radicale) Clémentine Autain.

Alors que se profile pour Emmanuel Macron un tunnel d'obligations internationales (Conseil européen, G7, sommet de l'Otan) à partir de jeudi, le président français consulte de son côté mardi et mercredi les chefs des partis de la majorité et de l'opposition «afin d'identifier les solutions constructives», selon son service de communication.

Motion de censure en vue

Le patron des Républicains (LR, droite), Christian Jacob, a été son premier invité. Sa formation refuse d'entrer dans «toute logique de pacte» même s'il ne sera «jamais» dans «le blocage des institutions», a-t-il affirmé après une heure de discussion.

Le socialiste Olivier Faure a ensuite expliqué à Emmanuel Macron que les troupes étaient «disposées» à «avancer» si le gouvernement prenait des mesures sur le pouvoir d'achat, principale préoccupation des Français, notamment une hausse du salaire minimum.

Devaient lui succéder dans l'après-midi deux cadres de la majorité, ainsi que sa rivale au deuxième tour de la présidentielle Marine Le Pen, la cheffe du Rassemblement national (RN, extrême droite), et Fabien Roussel le patron du Parti communiste.

Verts et LFI mercredi

Mercredi, M. Macron devait s'entretenir avec l'écologiste Julien Bayou ainsi qu'avec deux ténors de La France insoumise (LFI, gauche radicale), parti leader de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), la coalition des partis de gauche classée deuxième aux législatives. LFI compte déposer une motion de censure contre le gouvernement le 5 juillet.

Si la majorité des députés la votait, ce qui nécessiterait les voix des députés de gauche, droite et extrême droite, le gouvernement tomberait.

La droite en position d'arbitre

La France est entrée dans une période de grande instabilité politique. La coalition centriste libérale, qui s'est appuyée pendant le premier mandat de cinq ans de M. Macron sur une confortable majorité absolue (fixée à 289 députés), ne conserve que 245 sièges sur 577 à l'issue du scrutin.

Le reste de l'hémicycle se répartit principalement entre la Nupes (au moins 150 sièges, selon un décompte de l'AFP), l'extrême droite (89) et la droite (61), qui semble se retrouver en position d'arbitre et à qui le camp présidentiel a immédiatement tendu la main.

Accord de gouvernement

La coalition présidentielle, dont le projet de retraite à 65 ans est rejeté tant à gauche qu'à l'extrême droite, doit conclure soit un accord de gouvernement avec d'autres partis, un scénario classique en Allemagne mais inusité en France, soit négocier ponctuellement sur chaque texte de loi.

Cette configuration replace le Parlement au centre du jeu politique, une première depuis 1958 et l'instauration de la Ve République, avec son régime présidentiel.

Après un premier quinquennat marqué par des épisodes clivants, comme le mouvement de révolte social et anti-fiscal des «gilets jaunes» en 2018-2019, et dans un contexte international tendu qui pèse sur la pouvoir d'achat, M. Macron - souvent qualifié de «président des riches» - ne bénéficie pas d'une cote de popularité très élevée: 56% des Français ne pensaient pas qu'il était un bon chef de l'Etat, selon un sondage Odoxa du 31 mai.

ATS